Mali/Un acteur politique demande de créer les conditions propices à un dialogue national

 Plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères, Tiénan Hubert Coulibaly est président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) et du mouvement Action républicaine pour le progrès (ARP), membres du Cadre des partis politiques pour une transition réussie. Cette coalition- exige que les autorités de transition respectent leurs engagements en   respectant le calendrier électoral (présidentielle et législatives) initialement prévu le 27 février 2022. Cet acteur politique estime que les autorités de transition sont responsables des sanctions imposées à son pays par la Cédéao. Il dépeint l’actualité sur ces mesures.

 Les sanctions décidées par la Cédéao contre le Mali sont-elles justifiées ?

La Cédéao a ses règles, elle a ses textes… Et vous savez que ce n’est pas la première fois que cela arrive. Nous-mêmes, au Mali, nous avons été sous sanction en 2012. Voilà… Nous y sommes encore une fois et cela est regrettable. Nous n’avons eu de cesse que d’appeler à une attitude permettant d’éviter cet état de fait. Malheureusement, nous y sommes… Maintenant, la question à poser c’est, comment faire pour trouver la voie du consensus pour en sortir.

Donc pour vous, ces sanctions sont-elles injustes, douloureuses… Est-ce les autorités de transition qui ont-elles obligé la Cédéao à les prendre ?

Aujourd’hui, le peuple malien dans sa situation, ne mérite pas d’être sous ces sanctions-là. Mais les autorités de la transition en portent l’entière responsabilité, de la même manière qu’elles portent la responsabilité de trouver les voies et les moyens pour en sortir le plus rapidement possible.

Tiénan Hubert Coulibaly est que l’Union nationale, l’unité, sont nécessaires dans dans la situation actuelle que vit son pays.

Les autorités de transition estiment-elles que la Cédéao est « instrumentalisée » par des « puissances extrarégionales », notamment la France (sans la nommée) ?

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Je ne peux pas utiliser des expressions de ce genre-là. D’abord, je n’ai aucune preuve que cela est… Et le débat n’est pas là, il est entre le Mali qui est membre de la Cédéao et l’institution ouest africaine. Le Mali -a été à la pointe de la mise en œuvre des principes qui gouvernent la Cédéao… Souvenez-vous, en même temps, que c’est l’ancien président Alpha Oumar Konaré qui a réinstallé Ahmad Tejane Kabbah au pouvoir en Sierra Leone, après un coup d’État, grâce au mécanisme de la Cédéao. Donc je ne voudrais pas entrer dans ce genre de considérations qui pourraient simplement jeter de l’huile sur le feu et rendre encore plus compliquée une situation qui l’est déjà suffisamment.

Les autorités de transition appellent à la mobilisation pour défendre les intérêts et la souveraineté du Mali. Elles demandent la fin des divisions. Est-ce qu’une telle union sacrée est-elle possible, voire souhaitable- ?

C’est curieux que ce soit le Conseil des ministres qui se réunisse pour convoquer un meeting ou une manifestation. Mais enfin…  L’Union nationale, l’unité, sont nécessaires dans notre situation. Mais moi, j’observe simplement que cela n’a pas toujours été le cas et il faut commencer déjà à bannir certaines postures qui consistent à stigmatiser une partie de la classe politique, à la menacer… Et il faut bannir les injures et toutes les postures violentes. C’est à ce prix-là que nous pouvons atteindre une situation propice au rassemblement national.

Mais les Maliens ne sont-ils pas majoritairement favorables à un allongement de la transition ?

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Mais je crois le contraire ! Ceux qui sont peut-être favorables parlent beaucoup plus que ceux qui ne le sont pas. Mais nous parlons d’engagements qui ont été pris ! Pris et répétés à plusieurs reprises. Si changement il aurait dû y avoir, cela ne devait pas faire l’objet d’un agenda caché !

Et quelle nouvelle proposition de calendrier électoral vous semblerait-elle acceptable, raisonnable ?

Le cadre n’a pas pris sa décision sur cet aspect des choses…Moi, j’ai mon idée, mais je fais partie d’un ensemble. Quand l’ensemble penchera, vous serez informé. Sinon, en effet, moi, j’ai mon idée, oui. Ce n’est pas souhaitable, quand on fait partie d’un collectif, de parler avant les autres.

Pensez-vous que les autorités de transition vont-elles faire une nouvelle proposition à la Cédéao ou pourraient-elles choisir de jouer le bas de fer ?

Le bras de fer, ce ne serait pas bien, parce que contreproductif. Ce qu’il faut faire rapidement, c’est de créer les conditions propices à un dialogue national vertueux. Tout cela se déroule sur fond de grande division politique et donc c’est cela qu’il faut corriger !

  Quelle est votre position sur la présence du groupe wagner sur le sol malien ?

Nous devons garder le bénéfice de la coopération entre États. La force conjointe du G5 Sahel peut relever le défi de la lutte antiterroriste dans le Sahel. Si nous avons les moyens de faire appel à des ressources militaires privées non étatiques, je pense qu’il serait bien, dans une concertation entre États du G5 Sahel, de lever les mêmes fonds à cinq…

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Est-il possible de le faire sans concertation avec les voisins et alliés ? …

-J’avoue que l’utilisation des ressources militaires privées, pour certains États puissants, permet de protéger leurs propres armées. Mais transfert de compétences, transfert de commandement ou transfert de capacité… Je ne crois pas beaucoup à cela.

Source : rfi.fr