Touleupleu-élection présidentielle/Anne Ouloto veut-elle réellement la paix?

Après la présidentielle sinistrée, la ministre Anne Ouloto est plus dans l’action de communication rien que pour présenter à ses mandants un autre visage de Toulépleu qui conviendra à leur désidérata. Une stratégie somme toute belle pour couvrir bien des carences.

…Depuis quelques jours un contingent de journalistes séjourne à Toulépleu, sur instructions et aux bons soins de madame la ministre de la Salubrité Urbaine et présidente du Conseil régional du Cavally, Anne Désirée Ouloto. Objectif de cette mission, démontrer que cette circonscription  a été – acquise à la cause de Ouattara à l’occasion du simulacre d’élection présidentielle, mieux s’efforcer à présenter ce département comme celui qui n’a pas exécuté le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par l’opposition. Non sans forcer la main à certains villageois de parler comme elle veut l’entendre. Des articles de presse, et des reportages télé commandés et soignés sont produits au jour le jour par ces envoyés très spéciaux. Tout une mise en scène qui suscite quand même des questions: Est-ce-à-dire qu’il n’y a pas eu désobéissance civile dans cette cité ?

Le folklore communicationnel organisé 

Les leaders de la zone n’ont-ils pas fait exécuter le mot d’ordre de désobéissance civile ? Y a-t-il eu réellement vote à Toulépleu ? Cette contrée est-elle véritablement et totalement acquise au Rhdp ? En lieu et place de réponses sincères à ces questions, c’est plutôt, un folklore communicationnel qui est offert.

Dans ce schéma, et sur instruction de Mme Anne  Ouloto, les populations, des chefs de villages  pris comme en “otage”, sont obligés  d’accorder des interviews aux envoyés spéciaux de la présidente du Conseil régional du Cavally, pour témoigner  de ce que « cette élection présidentielle s’est déroulée dans les conditions les meilleures », pour maquiller la réalité du terrain et sauver la face à Anne Ouloto.

Des éléments des forces de défende ont été déployés dans le département sur instruction de Anne Oulotto dans le but de créer la psychose au sein de populations.

A vrai dire, les leaders de l’opposition du département de Toulépleu   que sont  le maire Dénis Kah Zion, délégué Pdci Toulépleu 1, Docteur Kpaho, délégué Pdci Toulépleu 2, le fédéral Fpi Botau Sokouya Maurice, le secrétaire national du Fpi, Romain Ouognonwon, le député Gbon Guy Bernard, Mme Bayoro Rosalie  de l’Udpci, Tiehi Eric du Cojep, Zoingnan Patrik, représentant du président Affi N’guessan, Mme Todé Irène, née Pan du Gps et le représentant du Raci, ont effectué ou fait des tournées avant le scrutin pour informer les populations de la violation de la Constitution par le candidat du Rhdp et du hold-up électoral en préparation. Leur message sans violence a été largement suivi par les populations dont moins de 17%, ont retiré les cartes d’électeurs dans tout le département.

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Il est à noter que ces leaders politiques ont choisi volontairement d’être absents lors de la distribution des cartes d’électeurs et lors de cette élection du 31 octobre. Un message qui a eu des répercussions le jour du vote où les populations ont totalement boudé ce scrutin. Au total pas plus de 5% ont voté. On en est pour preuve, le village de Ziombly où sur 572 inscrits dans deux bureaux de vote, il n’y a eu que 64 votants à la fermeture des bureaux. C’est à Toulépleu que les responsables du Rhdp, en complicité avec les agents de la Cei, ont fait du bourrage pour atteindre le chiffre de 164 votants. Idem à Seizaibly où il y a eu 65 votants sur 447. Une manière d’exécuter le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par les leaders de l’opposition.

D’ailleurs, il est à rappeler qu’à la veille de ce scrutin présidentiel (?), des cargos des forces de l’ordre et même des miliciens ont été déversés à Toulépleu. Leur mission étant bien définie, arrêter les leaders et militants de l’opposition, réprimer tous ceux qui vont s’opposer au vote. C’est donc face à cette situation, et en souvenir aux traumatismes vécus par les populations de ce département lors des crises précédentes (2002, 2010-2011), que les leaders de l’opposition -, en toute sagesse et responsabilité, ont décidé de ne pas exposer la population électorale composée à 80% de leurs militants en leur demandant de sortir pour faire des barrages. Et ils n’ont pas eu tort puisque, avant ce scrutin, la présidente du Conseil régional du Cavally, elle-même, lors d’une rencontre à la mosquée de la ville, avait affirmé « Je suis venue en retard à cette cérémonie parce que j’ai dormi tard, hier, du fait qu’il y a des problèmes à régler parce que des personnes veulent attaquer Toulépleu ».

La psychose au sein de la population 

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Qui sont ces personnes ? C’est cette déclaration qui a jeté la psychose au sein des populations qui se sont enfuies vers le Libéria. Pour une population qui a encore les stigmates des guerres passées, est-ce normal qu’une personnalité qui dit vouloir la paix, brandisse le spectre des attaques et claironner pour dire que c’est grâce à elle qu’il y a eu la paix dans ce département ?  C’est même prétentieux de le penser ainsi. S’il y a des personnes qui doivent être saluées parce qu’un climat de paix règne actuellement à Toulépleu, c’est bien les leaders de l’opposition (Pdci, Fpi, Udpci, Gps, Raci, Cojep) de cette zone qui, avec clairvoyance, ont pu apprécier la réalité du terrain et non à un quelconque responsable du Rhdp.

Les populations ont préféré vaquer à leurs occupations que de prendre part à cette mascarade de scrutin.

Si tant est que Anne Ouloto dit aimer cette région, elle devrait chercher à bâtir cette paix avec tous les fils et toutes les  filles de cette cité et non faire menacer les populations à tout bout de champ par ses lieutenants tapis dans l’ombre à Toulépleu, pour s’autoproclamer faiseur de paix – en tant que leader. Est-il besoin de rappeler que le leadership ne se décrète pas, il se bâtit à travers les actes et actions. La paix est encore précaire dans ce département.

La méfiance est là, tout le monde a peur de tout le monde. Ces populations qui fuient Toulepleu pour le Libéria ou les villages situés à la frontière comme Pékan ou Klobli, souhaitent regagner leurs villages. Mais elles sont démunies et n’ont aucun moyen. Au lieu de s’investir dans ces coups de publicité en y envoyant une dizaine de journalistes, il était convenable et même bienséant que la présidente du Conseil régional du Cavally organise, en accord avec tous les cadres, ce retour des populations. Car ce n’est pas à travers des articles de presse qu’on peut démontrer qu’il y a la paix dans une localité, mais plutôt par des actes de cohésion, de rassemblement et de solidarité agissante. Sinon après tout ce maquillage publicitaire, la réalité, rattrapera toujours.

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La paix pour les populations -, c’est l’achèvement des travaux d’électrification de dix villages du département. La paix, c’est la joie qui se lira sur tous les visages quand s’achèveront, enfin, les travaux de bitumage de l’axe Bloléquin-Frontière du Liberia en passant par ce territoire.

Enfin, la paix, c’est quand tous les fils et toutes les filles (doyens et jeunes cadres) -qui ont soutenu Anne Ouloto au départ (et écartés un à un par elle) vont, quelle que soit leur appartenance politique, se retrouver un jour avec elle, se reparler, se réconcilier sincèrement et parler du développement-.

La paix ne se limite pas à l’autosatisfaction et l’autocélébration, œuvres des responsables du RHDP qui veulent cacher le soleil avec la main. Hélas ! La réalité implacable, c’est que Toulepleu est à 80% opposition (PDCI, FPI, UDPCI, GPS, RACI, COJEP). Tout autre discours est mensonger, irréaliste et utopique et politiquement stupide.

Source : Le nouveau réveil n°5618 – jeudi 19 novembre 2020 – N°5618