Emmanuel YOUZAN BI (Pdt-PACI) : « TIDJANE Thiam n’est pas derrière le Parti des Agriculteurs de Côte d’Ivoire »

Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net 

Après plusieurs mois de travail d’implantation, le Parti des Agriculteurs de Côte d’Ivoire (PACI) a récemment procédé au lancement de ses activités. Créé pour permettre à la masse paysanne de sortir de la spirale du désespoir, d’accéder à la dignité et à la reconnaissance de leurs efforts, le P.A.CI, très attaché aux idéaux du Président Houphouët-Boigny, le père de la nation ivoirienne, entend se positionner comme le parti de la nouvelle génération. Dans cet entretien, son président Emmanuel YOUZAN BI BOUEHI nous en donne plus de détails.

Une vue des membres de cette organisation politique

Seulement quelques mois que le Parti des Agriculteurs de Côte d’Ivoire est né et déjà tant d’engouement des populations à son égard. Qu’est-ce explique ce regain d’intérêts ?

En effet, le regain d’intérêt pour le PACI notre parti, peut s’expliquer par l’absence des Agriculteurs au sein des différents régimes qui gouvernent ou ont gouverné la Côte d’Ivoire ; par l’absence d’une véritable politique agricole permettant aux paysans de vivre mieux de leurs efforts, de meilleurs prix des produits agricoles aux paysans. Il faut aussi ajouter que le peuple a retiré sa confiance aux différents partis politiques en Côte d’Ivoire. Mais constatez avec moi, qu’aucun parti ne fait mention dans son programme, des problèmes des Agriculteurs, de l’agriculture et du monde agricole.

A quelle idéologie politique appartient votre parti ?

Nous sommes socio-démocrates, nous sommes de la gauche socialiste, nous prônons un socialisme de tendance houphouetiste. Car nous sommes nous-mêmes sociaux, avant d’être socialiste d’idéologie. D’ailleurs le planteur, le paysan c’est la solidarité, le partage.

Qu’est-ce qui a motivé la création de ce parti ?

La création de ce parti a été motivée par plusieurs raisons. Le PDCI d’aujourd’hui n’est plus celui de Félix Houphouët-Boigny, ce qui explique l’abandon des Agriculteurs par ce PDCI version BÉDIÉ ; une absence totale de défenseur de la cause des paysans parmi les partis politiques qui ont tous tirés avantages du soutien des Agriculteurs ; la promesse non tenue des partis et groupements politiques à l’égard du monde agricole. C’est pourquoi, aujourd’hui les enfants des paysans et d’agriculteurs ne bénéficient plus du soutien de l’Etat, qui se traduisait autrefois par les bourses d’études, les formations d’excellence et l’égalité de chance, dans ce contexte actuel de rattrapage ethnique et de régionalisme. C’est pourquoi il nous fallait doter désormais ces Agriculteurs d’un instrument politique qui leur permettrait dorénavant de prendre part à tous les débats politiques qui les engagent et engagent le pays. Désormais ils seront à travers leurs propres députés, au cœur des lois, des décisions engageant la vie du pays. Ils seront désormais présents dans le paysage politique, comme en l’Angleterre, en France, en Israël.

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Quelle est la position du PACI face au foncier rural

En tant que Parti des Agriculteurs de Côte d’Ivoire, notre priorité c’est le foncier rural, car la première composante est la terre. Et le foncier rural est un pilier important de notre lutte ceci à travers l’application du code foncier de 1998. Pour nous il faut appliquer ce code entièrement en facilitant cette application afin de permettre la sécurisation des terres. Pour nous, une fois au pouvoir d’Etat acquis, nous allons créer un guichet unique d’immatriculation et de certification des terres afin d’accélérer le processus et les procédures. C’est pourquoi nous allons entreprendre des actions de plaidoyer, de rencontres d’explication et de compréhension auprès des institutions et des Agriculteurs et paysans.

Comment appréhendez-vous les questions de l’immigration en terre ivoirienne et de l’orpaillage clandestin ?

Ces deux phénomènes sont causes de crises d’instabilité dans notre pays. C’est pourquoi il faut une véritable politique d’immigration, définir et mettre en œuvre une politique de code foncier. Mettre fin à ces deux phénomènes de façon courageuse. De même, nous n’avons plus de terre, la population augmente de façon exponentielle. Cela met une pression énorme sur le foncier. Il faut résoudre très rapidement cette situation.

Quelle est la promesse politique du PACI pour les Ivoiriens ?

Notre offre politique aux Ivoiriens est simple. Il s’agit de rendre à la Côte d’Ivoire, sa grandeur d’antan à travers une économie basée sur une modernisation de son agriculture, la transformation de tous les produits agricoles. Nous venons également pour le renouvellement de la classe politique, l’avènement d’une jeune génération de politiciens, afin de tenir compte du contexte international. Macron à 40 ans, au Canada, le PM est aussi jeune.

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De quel clan politique le PACI est-il proche ?

Nous sommes proches de notre idéologie qui est le socialisme de gauche, et non d’un clan politique.

Quel est le regard du PACI sur le 3è mandat du président ivoirien ?

Pour nous, il n’y a pas de débat sur la question du 3ème mandat du président OUATTARA. Nous sommes républicains, démocrates et attachés aux institutions. C’est pourquoi nous sommes du côté de la constitution, de ce que dit la constitution de la troisième République. Que dit la constitution sur la question ? Nous espérons que le conseil constitutionnel, nous le fera connaitre.

Pourquoi votre parti ne prend-il pas part à la présidentielle ?

Voyez-vous cher ami, beaucoup viennent à la politique pour leur propre besoin. Mais nous, en créant ce parti, c’est de prendre le pouvoir d’Etat, le gérer et le conserver, et de manière démocratique et Républicaine. Notre combat, notre lutte est importantissime au point que nous voulons nous préparer, nous organiser afin d’être prêts une fois au pouvoir. Nous nous attelons à organiser notre parti, permettre son rayonnement au plan national et international. Mais au-delà, seul le congrès décidera si nous devons aller aux élections présidentielles de 2020, et avec quel champion. Le congrès étant souverain. Aussi, le congrès pourra-t-il décider s’il faut soutenir tel ou tel candidat. Mais soyez en rassurés, la souveraineté du congrès sera respectée.

Qu’est-ce que le PACI entend apporter à cette nouvelle Côte d’Ivoire tant attendue ?

Merci pour cette question, le PACI apportera l’égalité de chance à tous les enfants de ce pays. Une rétribution équitable des ressources financières de ce pays, à tous les paysans à travers un prix digne des produits agricoles et stables aux agriculteurs. Il faut la séparation de pouvoir, une justice indépendante et non aux ordres de l’exécutif. Nous allons bâtir la Côte d’Ivoire en partant de la base, de son agriculture et atteindre son industrialisation.  Nous allons continuer la démocratisation et la formation d’un état solide, de droit et stable. Notre combat, c’est également de mettre en place une économie de marché compétitive capable d’affirmer sa souveraineté politique et économique ; cette souveraineté perdue depuis le programme d’ajustement structurel où la puissance a été arrachée aux états et remise aux multinationales et aux institutions internationales.

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Qui est derrière ce nouveau parti ? Des langues parlent de Tidjane Thiam, d’autres nous ramènent vers Charles Banni.

Il n’en est rien du tout. Ce parti est l’émanation des populations du monde rural et agricole d’où l’engouement que vous constatez. Tidjane et Banni sont des personnalités très importantes de notre pays mais qui n’ont absolument rien à voir avec le PACI, qui ne cacherait pas sa satisfaction de les voir membres. C’est un parti qui est ouvert à tous, où il y a de la place à prendre pendant qu’il est encore temps.

Quel est le message du PACI aux Ivoiriens en cette période pré-électorale très sensible ?

Notre message aux Ivoiriens en cette période est un message de paix, d’unité, de cohésion et de pardon. Nous demandons aux hommes politiques d’arrêter de baser leur campagne sur la haine, la division. Le respect scrupuleux de nos lois et du principe de démocratie sont les gages d’une stabilité durable. De même nous demandons au pouvoir actuel de créer les conditions optima d’élection apaisée, en acceptant de revoir le code électoral, afin qu’il soit consensuel. Nous demandons que les décisions de la cour africaine de droits et des peuples soient respectées et appliquées ; que la constitution soit respectée ; que les prisonniers soient libérés et que les exilés rentrent tous au pays.