Côte d’Ivoire / Changement climatique : La campagne principale de cacao achevée dans le sud-ouest avant l’ouverture officielle.

Par Haidmond Kaunan/ afriquematin .net depuis San Pedro.

Alors que l’ouverture officielle de la campagne principale du cacao est par tradition prévue dans un mois, notamment le premier octobre prochain elle est quasiment achevée dans ce mois d’août, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. En ce sens que les troncs des cacaoyers sont déjà dépourvus de cabosses, donnant l’impression que la grande campagne est terminée ou que la production cacaoyère a  connu un grand retard. Des producteurs qui savent lire les signes estiment que ce phénomène est lié au changement climatique
.
De Gagnoa à Grand Bereby en passant par les  départements de Soubre  et San Pedro il nous a été donné de constater que  les cacaoyers ne portent plus de cabosses. Dans de rares cas  l’on peut dénombrer deux à trois cabosses formées qui attendent d’entrer en maturité sur l’arbre. Des producteurs l’expliquent par le retard de la pluviométrie mais surtout par sa courte durée. «  Pour faire une bonne campagne qui puisse durer jusqu’au mois de décembre les pluies sont attendues de mars à juillet à dose moyenne. Or il n’a plu que trois jours abondamment dans le mois de Mai. Et le résultat ,c’est le produit qu’on vient  récolter dans ce mois d’août » explique Diakite Mamadou, au Campement Charbonnier, dans la commune de San Pedro. Et grande fut notre surprise de constater que des séchoirs sont pleins de fèves de cacao.
«  La campagne principale est ainsi terminée pour 2020.On pourrait encore récolter des cabosses de cacao entre les mois de Décembre et Janvier prochains si et seulement si  des pluies tombaient au cours du mois de septembre »prévient Diakite Mamadou.
Ce qui est  triste est que la majorité des producteurs n’ont pu bénéficié de cette grâce faute de moyens pour l’entretien des vergers comme l’explique Kra Kobenan, producteur à Adjamene,dans la sous préfecture de Grand Bereby. « Ils sont nombreux, les producteurs qui n’ont pu récolter même un sac de cacao, fautes de moyens d’entretien. Tous ceux qui ont bénéficié des rares pluies du mois de Mai sont ceux qui ont achetés des tonnes d’engrais. Les sols sont épuisés et les vergers très vieillissants. Si vous n’avez pas de moyens financiers votre plantation ne peut plus produire » précise- t-il.
Nous sommes fin août et la fixation du prix du cacao pour la prochaine campagne est prévue pour la début d’octobre prochain cependant, constate-t-on, les fèves qui se sèchent actuellement se vendent maintenant au prix de la campagne intermédiaire. Et ce, faute de moyens financiers pour faire face aux dépenses actuelles. « La plupart des producteurs sont obligés de vendre le produit qu’ils ont  sous la main. Ils ne peuvent le conserver en attendant le prix de la grande campagne, à cause de leurs nombreuses charges » révèle Parfait Kouadjani, producteur à Feneskedougou dans la commune de San Pedro pour qui la rentrée scolaire sera une équation difficile pour les parents d’élèves producteurs de cacao.
Une visite des magasins dans le village d’Adjamene et de San Pedro nous a permis de constater que les traitants les plus puissants procèdent au stockage des fèves en attendant le nouveau prix pour la campagne 2020-2021. Malheureusement, les plus faibles livrent le produit acheté au fur et à mesure.

LIRE AUSSI :   (Tribune libre)Situation sociopolitique en Côte d'Ivoire : Pourquoi parle- t-on de paix tout en préparant la guerre ?