Côte d’Ivoire (CEI)/Voici les raisons qui ont milité en faveur de la radiation de la liste électorale des noms de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro

A deux mois de  l’élection présidentielle, le climat demeure tendu en Côte d’Ivoire, depuis l’annonce par Alassane Ouattara de son intention de briguer un 3ème  mandat. C’est dans ce contexte que la Commission électorale indépendante (CEI) poursuit la préparation du scrutin. Après avoir enrôlé plus de 900 000 nouveaux électeurs, elle « traite » la liste électorale. Laurent Gbagbo et Guillaume Soro notamment en ont fait les frais et en ont été radiés en raison de condamnations par la justice. L’opposition qui s’est vue octroyer un siège supplémentaire à la CEI il y a quelques mois refuse toujours d’y siéger. Le président de la CEI, Ibrahim Coulibaly-Kuibiert donne des explications.

Quel est votre sentiment face aux tensions auxquelles l’on assiste depuis plusieurs jours dans différentes localités du pays ?

En tant qu’Ivoirien, je ne peux qu’exhorter mes concitoyens à la paix et surtout, en tant que magistrat, de demander aux uns et aux autres d’utiliser les voies du droit. Et ces voies de droit permettent, bien entendu, de régler certaines situations d’incompréhension. Tant qu’il y a mort d’homme, en tant qu’être humain, je déplore la mort ou bien quelque forme de violence que ce soit, mais au-delà de cela, pour moi, le chronogramme s’exécute correctement. Vous savez, la matière électorale est toujours source de passion. Mais on exhorte les uns et les autres au calme.

 L’ex- président Laurent Gbagbo et l’ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro ont été radiés de la liste électorale, en vertu de condamnation par contumace qu’eux-mêmes contestent. Ils contestent aussi la crédibilité de la commission électorale. Comment prenez-vous ces critiques ?

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Coulibaly Kuibiert confirme que la radiation des noms de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro est en exécution de la loi.

Nous avons radié ces personnalités non pas parce que nous l’avons voulu. C’est en exécution de la loi. Ce sont des décisions qui ont été rendues par les juridictions et ce sont des décisions qui sont devenues irrévocables. Donc les conséquences, nous les tirons. Est-ce que le président Gbagbo, est-ce que le président Soro Guillaume, est-ce que le ministre Blé Goudé ont commis les faits qui leurs sont reprochés ? Telle n’est pas la question qui nous est posée. Pour nous, il y a une décision qui est rendue. Elle est devenue irrévocable, conformément aux règles du droit, donc nous en tirons les conséquences. Vous savez, nous ne pouvons pas exhorter les Ivoiriens à venir s’inscrire sur les listes électorales et prendre un malin plaisir à les radier. C’est parce que cela s’impose à nous. Et surtout ces illustres personnalités qui auraient donné un peu plus d’engouement à la chose. Donc ce n’est pas de gaieté de cœur que cela se fait. Mais quand on applique la loi, c’est sans émotions aussi.

 Une grande partie de l’opposition s’en prend depuis des mois à la Commission électorale, l’accuse de partialité et conteste sa crédibilité. Que répondez-vous à cette accusation?

La Commission électorale est un organe composé de représentants des partis politiques. C’est bien de dire que la Commission n’est pas crédible mais c’est pour cette raison que si l’on vous invite à venir, il faut venir pour qu’ensemble, on puisse voir comment crédibiliser la Commission électorale indépendante. Ça ne sert à rien de rester à l’extérieur et de jeter l’anathème sur les actions de la Commission électorale indépendante. Il leur a été bien indiqué de venir, de siéger en son sein, et puis ensemble, de poser les actes qui revêtent une certaine transparence.

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Le ministre de l’Administration du territoire et nous-même avons organisé la prestation de serment de ce seizième membre. Pour l’heure, il n’a pas encore prêté serment mais c’est avec beaucoup de joie que nous allons l’accueillir. Parce que plus, tous les partis politiques ne seront représentés au sein de la Commission électorale, mieux ça vaut pour nous tous. Donc c’est avec beaucoup d’impatience que nous l’attendons.
Il y a quelques semaines, la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a estimé que les Commissions électorales locales étaient très largement déséquilibrées en faveur du parti au pouvoir. Une réorganisation est-elle possible?

D’abord, je m’inscris un peu en faux contre cela. En ce qui concerne les Commissions locales, la loi dit qu’il faut trois représentants du parti et groupement politique au pouvoir, trois représentants pour les partis de l’opposition et un représentant de l’administration. Cela fait sept.

 Et donc, ils mettent en place un Bureau composé de trois personnalités ; un président, un vice-président et un secrétaire à la suite d’une élection qui a eu lieu. Évidement s’ils considèrent que c’est déséquilibré, c’est parce qu’ils n’étaient pas présents. Il fallait être présent pour participer au vote.

Un président d’une Commission locale n’a pas plus de droits que les autres membres. L’organe que l’on peut considérer comme étant le plus important, qui est l’organe de délibération, c’est l’Assemblée des membres. Ce n’est même pas le Bureau. Le Bureau est chargé d’exécuter les décisions de l’Assemblée des membres. Alors pour moi, il ne s’agit pas d’être président de la Commission électorale, c’est déjà d’être membre de la Commission locale.

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C’est pour cette raison que depuis la prise de cette ordonnance, nous avons saisi tous les partis politiques intéressés de désigner leurs représentants au sein des Commissions locales à l’effet, pour nous, d’organiser les élections pour la mise en place du Bureau des Commissions locales, du 16 au 28 août.

Mais ils ne sont pas venus. Certains partis politiques n’ont pas encore désigné leurs personnalités. Mais pour donner le temps à la paix, pour donner le temps à la concertation, j’ai demandé à tous les commissaires, qui étaient partis à cet effet, pour l’installation de ces membres-là, de revenir et de donner le temps. Mais évidemment, pensez bien que ce n’est pas éternellement que l’on va attendre.

 L’opération annuelle de révision des listes électorales au mois de juin dernier a suscité un fort engouement cette année.

Alors à ce niveau, à l’issue de la dernière révision, nous avons pu obtenir 7 503 095 personnes sur la liste électorale. Et comme nouvelles inscriptions, 907 305. Avant traitement de la liste, tous les partis politiques ont exhorté leurs militants à participer à la révision de la liste électorale. C’est ce qui justifie certainement cet engouement.

Source : rfi.fr