Cameroun/Après la sortie de Maurice Kamto, le secrétaire de la Communication du RDPC, Jacques Fame Ndongo apporte des précisions

Le  ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur est revenu sur l’interview  Maurice Kamto donnée récemment sur une chaine de radio. Depuis sa sortie de prison le 05 octobre dernier, l’opposant continue de déranger, car, avait-il adressé de sérieuses mises en garde au pouvoir. En sa qualité de secrétaire de la Communication du RDPC, le parti du chef de l’État, Jacques Fame Ndongo s’exprime sur cette sortie.

Quelle réaction faites-vous sur la déclaration de Maurice Kamto qui disait récemment que « Ceux qui saluent un geste d’apaisement n’étaient pas en prison pendant neuf mois »?

Je crois que sa réaction est tout fait classique. Il a été en prison, on ne peut pas dire que ce fut le paradis terrestre pour lui. Mais je crois qu’objectivement, le geste du président Paul Biya est un geste de magnanimité, de mansuétude et d’apaisement.

Est-ce aussi le résultat de pression de la communauté internationale ?

Pression ou pas, il a usé de son droit constitutionnel, ce n’est pas la première fois qu’il le fait pour soit pardonner, soit gracier, soit amnistier.

Cinq jours après sa libération, le président Paul Biya est reçu par son homologue français. Est-ce juste une coïncidence ?

Je crois que c’est une coïncidence. Vous savez la France est une amie de longue date du Cameroun. Je crois savoir que c’est une visite qui était prévue depuis belle lurette. Donc à mon avis cette concomitance est une coïncidence.

Mais pouvait-on imaginer cette entrevue sans la libération préalable de Maurice Kamto ?

Mais bien sûr, le Cameroun est un État souverain. À mon humble avis, la France n’a pas eu à exercer une pression coercitive. Le président a agi en tant que chef de l’État du Cameroun.

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À propos du dialogue, Maurice Kamto affirme que le vrai dialogue n’a pas encore eu lieu. Plusieurs personnalités ont parlé d’un grand monologue, en raison de la surreprésentativité de votre parti, le RDPC, à ces assises.

Ce ne fut pas un grand monologue. C’est plus une belle polyphonie. Comment dire que Fru Ndi est un représentant du RDPC ? Comment dire que Cabral, arrivé troisième à l’élection présidentielle, est un représentant du RDPC ? Il y a eu le clergé, il y a eu la société civile. Alors que veut-on d’autre ?

Trouvez-vous que l’opposant aurait dû envoyer ses représentants ?

Il est libre de ne pas envoyer un représentant. Et nous aussi, nous sommes libres d’inviter son parti. Lui, il a refusé, nous n’en faisons pas un casus belli.

Le dialogue s’est prononcé pour la décentralisation avec un statut spécial pour les deux régions anglophones. Est-ce que ces recommandations seront mises en œuvre ?

Le président s’est engagé, je vous dis, juste après la clôture, ça n’a pas pris une heure, il a immédiatement twitté en disant qu’il allait examiner les recommandations avec le maximum de diligence et d’attention. La diligence c’est la rapidité, la célérité. Je crois que ça dit tout, c’est clair, c’est net. Ces recommandations ne seront pas rangées dans un tiroir et ne seront pas jetées aux oubliettes. Pas du tout.

Le président Biya a aussi évoqué la question de la faisabilité et des capacités du pays. Est-ce une façon d’appeler à la patience ?

Mais c’est ça la bonne foi du président Paul Biya, parce que les moyens de l’État ne sont pas extensibles à l’infini. Pour reconstruire les équipements et les infrastructures qui ont été détruits par les sécessionnistes dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest, il faut 3 000 milliards 500 millions de francs CFA. Bien sûr, il a pris un engagement. Il tiendra parole.

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Y a-t-il un agenda précis ?

L’agenda n’est pas encore précisé. Mais nous pouvons faire confiance au président Paul Biya. Le président ne peut rendre l’application des résolutions aux calendes grecques, pas du tout.

C’est-à-dire dès le mois de novembre, la prochaine loi de finances ?

Naturellement, je ne saurais donner une précision en matière de temps puisque c’est le chef de l’État qui est le maître de cette grande opération. C’est lui qui décide, c’est lui l’oriente, qui voit. Il avisera.

Les séparatistes anglophones rejettent les conclusions du dialogue. Des personnalités – estiment que le Cameroun ne pourra pas faire l’économie d’un dialogue direct entre belligérants. Est-ce que c’est envisageable selon vous ?

Là, on est dans un paradoxe. Elles ont été invitées, ces figures de la diaspora sécessionniste. Pourquoi ont-elles choisi de ne pas venir au dialogue ? Elles auraient dû venir. Personne n’a été arrêté. Personne n’a été menotté en venant au dialogue. Alors pourquoi celles-là ne sont-elles pas venues ? Elles ont préféré rester, c’est leur droit le plus absolu. Je ne leur en veux pas outre mesure. Mais elles ne peuvent pas vouloir une chose et son contraire. Ou bien on veut le dialogue et on vient, ou bien on ne veut pas le dialogue et on ne vient pas.

Ces leaders séparatistes, – ont rejeté le grand dialogue de Yaoundé, ils ont manifesté leur préférence pour le processus de Genève. Aujourd’hui, ils sont réunis autour d’une plateforme commune. Quel est l’avenir de ce cadre de discussion selon vous ?

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Nous, ici à Yaoundé, moi qui vous parle, nous n’en savons pas grand-chose. C’est une initiative parallèle. Nous, nous savons que le président Paul Biya a convoqué un grand dialogue national qui s’est tenu de fort belle manière, il a été félicité par le monde entier. Et maintenant la problématique c’est quoi ? C’est mettre en œuvre ces recommandations et surtout préparer les élections législatives, municipales et peut-être régionales, sans nul doute régionales, qui arrivent. Voilà notre problématique, voilà notre préoccupation à l’heure actuelle.

Est-ce que des élections pourront avoir lieu dans ces deux régions-là ?

Bien sûr, les élections auront lieu dans ces régions-là. Ce sont les régions qui sont sécurisées.

Comment faut-il comprendre les propositions du sultan Bamoun Ibrahim Mbombo Njoya qui sollicite l’introduction de la limitation des mandats au Cameroun et une présidentielle à deux tours ? Il est membre du bureau politique de votre parti, le RDPC. Est-ce qu’il engage le RDPC justement ?

Ce n’est pas notre position. Maintenant, lui, le sultan Bobo Njoyaque nous respectons beaucoup, il est libre d’exprimer son opinion, d’exprimer sa tendance, mais ce n’est pas la position officielle du RDPC.

  Maurice Kamto a déclaré récemment que la résistance continue, que lui répondez-vous ?

Bien sûr, si cela se fait dans la paix, dans la non-violence, dans le respect des lois et règlements de la République, mais on n’a aucun problème, puisque sa stratégie, c’est une stratégie de conquête du pouvoir. C’est tout à fait normal puisqu’il est de l’opposition. Nous, notre stratégie c’est de conserver le pouvoir de manière démocratique, de manière transparente et dans la paix.

Source : rfi.fr