Université Félix Houphouët-Boigny : La révocation du directeur du Cercom  provoque une  crise

Par Jean Levry – afriquematin

Depuis le jeudi 19 septembre 2019, le Centre d’études et de recherches en Communication (CERCOM) a un nouveau directeur, en la personne  de Dr Toa Agnini Jules Evariste. Celui-ci, selon des sources bien introduites, a été installé aux forceps sous la surveillance d’un huissier de justice. Mais comment cela se fait-il que la prise de fonction d’un responsable universitaire donne lieu à un spectacle digne d’une série policière ? Comment en est-on arrivé là ?

A en croire nos sources, la passation de charge entre le directeur sortant du cercom, Dr Atchoua N’Guessan Julien et le nouveau nommé ne s’est pas déroulée dans les règles de l’art au point où le premier cité, a refusé de se présenter à cette cérémonie. Ce après quoi, le bureau du directeur sera défoncé en présence d’un huissier de justice commis par la Présidence de l’Université et le Vice-Doyen de l’Ufrica Goran Modeste. Plus tard, la nuit aux alentours de 21 heures, la serrure du bureau sera changée. Le lendemain, vendredi 20 septembre,  l’installation du « nouveau directeur du CERCOM » se fera après que l’ordre sera intimé à un groupe d’étudiants réquisitionnés de faire sortir les affaires emballées de l’ancien directeur avant de les entrainer vers d’autres lieux. Un véritable passage en force !

Et pourtant, le spectacle désolant offert aux apprenants et à la communauté estudiantine et qui laisse entrevoir une crise au sein de cette grande institution aurait pu être évité si la présidence de l’Université avait respecté la procédure de désignation des responsables des Unités de formation et de recherches (UFR) et des centres de recherches. C’est-à-dire l’application pure et simple du décret n° 2012 du 10 octobre 2012 déterminant les attributions, l’organisation et le fonctionnement des universités qui, en son article 31, stipule que : « Les filières de Formation, les Départements, les Instituts, les Centres de Recherche et les Laboratoires sont créés conformément aux engagements définis dans le cadre des contrats pluriannuels. Les Responsables chargés de l’animation et de la coordination des filières de Formation, les Départements, les Instituts, les Centres de Recherche et les Laboratoires rattachés aux UFR sont nommés par arrêté ministériel. Ils ont rang de Sous-directeur d’Administration Centrale.»

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Révocation ou règlement de compte ?

Contre toute attente et aux mépris des textes, les responsables de l’université FHB ont décidé de révoquer un directeur avec un soit-transmis du  Directeur des Ressources Humaines de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Là où le parallélisme des formes aurait voulu que ce soit un arrêté ministériel qui mette fin aux fonctions du directeur sortant avec la nomination de son remplaçant.

Cette révocation qualifiée « d’illégale » par certains Enseignants de l’Unité de formation et de recherches en Information, communication et arts (Ufrica) serait une sanction infligée à l’ex-directeur, non pas pour sa gestion du CERCOM, mais pour n’avoir pas informé sa hiérarchie de son agression par des étudiants en mai 2019. L’on lui reprocherait des propos à l’encontre des responsables de l’université qui ne lui auraient pas porté assistance.

A y voir de près, cette affaire s’apparente à une volonté de se débarrasser d’un syndicaliste gênant qui, plus est, est Directeur d’un centre de recherches. Car, faut-il le souligner, Dr Atchoua, désormais ex-directeur du Cercom, est membre de la Coordination Nationale des Enseignants du Supérieur et Chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC). Lequel syndicat avait  lancé une grève illimitée en mai 2019.

Si plusieurs courriers ont été adressés au sortant pour l’inviter à se présenter à la passation de charge, celui-ci y opposera une fin de non-recevoir pour vice de procédure. C’est ainsi que la première cérémonie prévue le jeudi 12 septembre à la salle de réunion de l’ex-Flash n’aura pas lieu. Une autre sera organisée une semaine  plus tard, c’est-à-dire le jeudi 19 septembre, mais cette fois à huis-clos en salle du Conseil de l’Université, alors que la presse et les étudiants qui attendaient dans la salle de réunion de l’ex-flash n’ont pu y assister.

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Etudiants et enseignants continuent de s’interroger sur les motivations réelles d’une gestion aussi scandaleuse des affaires de cette noble institution qu’est l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody.

Notons que près 5000 étudiants sont sur le point d’être exclus de l’université pour le fait qu’ils n’auraient pas pu s’acquitter des frais d’inscription au titre des années académiques 2017-2018 et 2018-2019.