Kouao Kassi Célestin (Fédéral FPI) : « …. Il faut qu’on remette Gbagbo là on où on l’a enlevé »
Interview réalisée par Aka JM – Afrique Matin.Net
Dans cette interview Kouao Kassi Célestin secrétaire général adjoint de la nouvelle fédération FPI d’Ayamé 94 (sud du pays) parle de la vie de son parti dans sa région. Non sans revenir sur la réconciliation et le probable retour de Laurent Gbagbo au pays
Depuis quand cette fédération a vu le jour ?
Il faut dire que depuis le congrès de Moosou le parti, pour élargir son champ de bataille, a décidé de scinder la fédération d’Aboisso qui gérait les fédérations de Maferé et d’Ayamé. Après analyse, il a été créé deux nouvelles fédérations, dont la fédération d’Ayamé94 et la fédération de Maferé. La fédération d’Ayamé94 comprend 17 villages. Elle part de Biaka jusqu’à Songan.
Comment se porte le FPI dans votre secteur ?
Dans notre secteur pour faciliter le travail, nous avons scindé notre section en trois zones. Nous avons installé à la tête de ces zones des secrétaires fédéraux de zone. La première zone part de Biaka jusqu’à Ayamé. La deuxième part d’Akressi à Yaou. La troisième zone part de Ketessou à Songan. Ces secrétaires fédéraux de zone travaillent avec les secrétaires de sections qui à leur tour travaillent avec les secrétaires de base qui rendent compte au fédéral de zone. Ce dernier à son tour rend compte au fédéral. Nous, nous avons simplifié le travail. Le fédéral lui-même gère tout ce qui est administratif au niveau d’Abidjan étant donné qu’il réside dans la capitale économique. Et moi je m’occupe de tout ce qui concerne les contacts avec les militants sur le terrain de sorte qu’on fédère nos efforts. Ça marche et le travail avance.
Vos enregistrez de nouvelles adhésions ou bien il y a des défections vers d’autres partis ?
Depuis que nous sommes à la tête de la fédération, il y a eu de nouvelles adhésions. Des camarades qui étaient avec nous dans le passé, s’étaient ralliés au RHDP, mais lors de nos tournées ils reviennent vers nous pour expliquer qu’ils se sont trompés. Aussi, de nouveaux militants viennent aussi adhérer au parti lors de ces tournées. Je n’ai pas le nombre exact de nos nouveaux militants, mais c’est un bon nombre de personnes parce que toute fois qu’on effectue une tournée il y a au moins une cinquantaine de personnes qui rejoignent nos rangs.
Quelles actions menez-vous concrètement sur le terrain ?
Dans un premier temps, le travail était au point mort compte tenu de la crise post-électorale. Il fallait faire du corps-à-corps d’abord pour ramener les militants au parti et créer la confiance. C’est ce que nous avons fait. Donc, il y a eu l’éclatement des fédérations. On a fait les élections dans toutes les sections et on a installé les bases. Nous sommes en train d’installer la JFPI. Bientôt on aura les élections de la JFPI. Nous mettons également un accent sur le volet social. Nous avons mis un système en place de sorte quand quelqu’un est dans une situation difficile on puisse l’assister. Nous prévoyons des journées de consultation ophtalmologiques pour ce mois de septembre. Nous avons également mis sur pied la Société Coopérative Organisée pour l’Avenir de ses Membres (SCOAM). Nous sommes à la recherche de fonds afin de débuter les travaux au niveau de l’hévéaculture, du cacao et du café et participer à la facilitation de l’évacuation de la production de nos militants. On milite mais il faut cotiser. Quand il y a de l’argent, le parti marche. Nous sommes donc à la recherche de moyens financiers afin de soutenir nos militants de sorte quand le parti a besoins d’eux, de façon prompte, ils puissent intervenir.
Le FPI parle de plus en plus de réconciliation. Est-ce parce que Alassane Ouattara a échoué sur ce point ?
Depuis 2010 avant les élections le président Laurent Gbagbo avait dit : « le moment viendra où les vrais ivoiriens vont se retrouver pour parler de la Mère patrie ». Qu’est-ce que cela signifie ? ça veut dire que Laurent Gbagbo entrevoyait déjà la réconciliation avant même le coup d’état. C’est une bonne chose parce qu’on ne va pas rester dans cette léthargie de qui a fait ça ? qui a fait quoi ? il faut qu’on aille à la réconciliation parce qu’il est temps que les vrais ivoiriens se retrouvent pour se parler véritablement, poser les bases du mal de la Côte d’Ivoire. Mais on ne peut faire ça sans aller à la réconciliation. C’est pourquoi je dis que c’est une bonne chose. Nous déjà sur le terrain nous avons fait plusieurs approches pour échanger avec les gens. En son temps j’avais même initié une journée de réconciliation à Ayamé mais le projet n’a pu se dérouler pour faute de moyens financiers, mais il est toujours en cours. Quand la coopérative va démarrer selon nos moyens on mènera des actions de sorte que la réconciliation soit une réalité dans nos villages. En tout cas, il est temps que les ivoiriens comprennent que la réconciliation est un des piliers important dans le développement de la Côte d’Ivoire.
Pour une véritable réconciliation, le FPI prône le retour des exilés, la libération des prisonniers politiques. Ce n’est pas une demande facile n’est-ce-pas ?
Il y a un proverbe Agni qui dit que « quand tu ton oreille et que tu ne secoues pas, tu ne vas pas entendre » C’est pour dire quoi ? IL faut toujours parler de ce sujet. Ce n’est pas facile, mais il faut toujours en parler. A force d’insister ils vont entendre raison, peut-être qu’ils ont un objectif à atteindre en agissant ainsi. Mais nous on veut aller au-delà. Mais on ne peut pas se réconcilier tant que les prisonniers ne sont pas libérés. Moi-même j’ai été prisonnier de la crise post-électorale. J’ai passé trois années en prison. Dieu seul sait quelle souffrance j’ai enduré dans les geôles. On ne peut pas aller à la réconciliation pendant que nos frères sont là-bas.
Vous parlez de réconciliation. Mais est-ce que vous pensez que les cœurs sont apaisés pour aller à une véritable réconciliation ?
Tout dépend de la situation politique. Moi par exemple quand je suis sorti de prison, j’avais gros sur le cœur. Mais avec le temps j’ai commencé à oublier. La réconciliation ce n’est pas quelque chose qui se fait d’un coup. Elle comporte plusieurs étapes. La première, c’est la libération des prisonniers politiques. Lorsqu’on le libère et que celui-ci retrouve sa famille, c’est une joie. Déjà le cœur qui était armé va se désarmer et nous même qui avons été victimes de cette situation aujourd’hui en prenant le devant des choses, c’est une manière d’emmener nos frères, nos parents à nous suivre dans cette voie de la réconciliation pour l’intérêt de la nation. Je pense que quand nos frères sortiront ils feront comme nous. Et petit-à-petit, au fur et à mesure leurs cœurs seront désarmés et la réconciliation va se faire.
Alors que l’opposition demandait une réforme de la CEI, le pouvoir a fait voter un projet de loi portant recomposition de cette Institution. Quels commentaires faits-vous de cette situation ?
Sur le volet CEI, il faudrait que le pouvoir revienne à la raison parce que partout où nos autorités passent, ils parlent de paix. Mais en même temps qu’ils parlent de paix, ils refusent de jeter les bases d’une réconciliation et d’une vraie paix. On ne peut pas rester dans ça. Ce sont des élections et faudrait que les conditions soient réunies pour que tous ceux qui se sentent capables de diriger ce pays prennent part aux élections. La CEI, il y a l’Union Africaine qui a parlé de ça. Il faut que le président de la République fasse des efforts pour accepter de dialoguer avec l’opposition.
Henri Konan Bédié a rendu visite à Laurent Ggagbo à Bruxelles pour un rapprochement entre les deux. Quels enseignements tirés de cette rencontre ?
Depuis 2010 le président Laurent Gbagbo avait souhaité ce rapprochement, mais le PDCI n’avait pas voulu. Mais aujourd’hui pour la situation de la Côte d’Ivoire si le PDCI et le FPI font un rapprochement pour sauver le pays, c’est une bonne chose. C’est vrai le PDCI a joué un rôle prépondérant dans le transfèrement de Laurent Gbagbo à la Haye. Tout ce qui arrive est de la volonté de Dieu. Aussi, si le PDCI ne s’était-il pas rallié au RDR et que la Côte d‘Ivoire n’avait pas connu cette situation, on ne saurait pas qui est qui, où partait le pays et quels étaient les intentions des autres. Je bénis le nom du Seigneur parce que ce que nous avons vécu est difficile à accepter, mais de ces faits nous avons tiré des leçons et des enseignements. Ce qui va nous aider dans la reconstruction du pays. Donc c’est une bonne chose que le PDCI et le FPI se mettent ensemble pour sauver la Côte d’Ivoire. A notre niveau, nous avons expliqué à nos militants le bien-fondé de cette rencontre. Le message est passé mais la seule inquiétude que les militants ont exprimée est de savoir si on se met ensemble pour une candidature unique. A cette préoccupation nous leur avons répondu que nous n’avons pas encore reçu d’instruction sur cette question.
Depuis le 15 juillet 2019 les juges de la CPI ont déposé leur rapport écrit sur le procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Et il est de plus en plus question du retour des deux ex-prisonniers de la Haye au pays, à moins que l’accusation ne fasse appel. Selon vous, quel avenir pour le FPI avec Laurent Gbagbo au pays ?
Déjà à son absence, il y a un gros travail qui est fait. Donc, à son retour il ne fait que reprendre sa place pour continuer le travail que nous avons commencé. Aujourd’hui l’avenir de la Côte d’Ivoire repose sur Laurent Ggagbo. C’est l’espoir de la Côte d’Ivoire voire même de l’Afrique.
Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire peut-il à nouveau être candidat à des élections et accéder à nouveau à la magistrature suprême ?
Oui s’il est lavé de tous soupçons et qu’il est rétabli dans ses droits, normalement il faut qu’on le remette là on où on l’a enlevé, c’est-à-dire qu’il soit directement à la magistrature suprême de ce pays.