Rhdp/ Traoré née Tènin Coulibaly dénonce les mauvaises pratiques des autorités de son parti

En Côte d’Ivoire, pour qu’on prenne en compte ton projet ou ta structure dans un projet du gouvernement, on veut que tu entretiennes des rapports personnels avec le ministre ou son représentant.

Commerçante internationale et présidente du Forum des Femmes Actives de Côte d’Ivoire (Fofaci), Mme Traoré née Tènin Coulibaly ne se réjouit pas des cadres du Rhdp, formation politique à laquelle elle appartient et dirigé par le chef de l’Etat ivoirien. Elle dénonce les pratiques des ministres, égratigne la réconciliation qui n’est pas parfaite, invite Soro à faire la paix avec Alassane Ouattara…

Ce qui fait courir la présidente du Forum des femmes actives de Côte d’Ivoire

La misère des femmes en milieu rural en Côte d’Ivoire, mais aussi et surtout la honte. Si en Afrique de l’Ouest, s’il y a 10 pays qui sont riches, mon pays en fait partie, sans compter les dons qu’il reçoit des institutions financières régionales comme la BAD ou internationales comme la Banque mondiale. Des appuis budgétaires qui se comptent en plusieurs milliers de milliards de FCFA. Est-ce qu’on devrait encore parcourir le monde en quête de partenaires pour venir en aide à nos parents en difficulté en milieu rural ? Je  dis non. Quand vous voyez que je voyage beaucoup, c’est parce que je porte désormais un lourd fardeau. Les femmes en milieu rural que j’encadre, depuis 2006 à ce jour, beaucoup de leurs problèmes ne sont pas résolus.

Difficultés des femmes en milieu rural

Dans la région de la Mé par exemple, les femmes Akyé font de l’Attiéké du matin au soir, mais elles sont victimes d’autres femmes plus fortunées qui arrivent d’Abidjan avec des camionnettes pour venir prendre leur production à crédit. Et quand ces dernières partent, elles ne reviennent plus remettre l’argent des marchandises aux pauvres femmes. Et donc quand je sors, c’est pour aller voir ailleurs pour trouver des gens pour venir acheter la production d’Attiéké de ces femmes. Dieu merci, nous avons eu, dans les pays de la sous-région, au Mali et au Burkina, quelques partenaires pour écouler l’Attiéké des femmes de La Mé. On attend qu’ils viennent signer ces partenariats pour permettre à ces braves femmes de vivre de leur travail. Donc la Côte d’Ivoire ne va jamais être riche tant que ces problèmes ne trouvent pas de solutions appropriées. Et il se trouve aujourd’hui des ministres de la République, après missions sur le terrain, qui viennent dire au président Alassane Ouattara que tout va bien dans le pays. Non Monsieur le président, rien ne va. Tout est même en train de pourrir pour partir (disparaître, Ndlr). En tant que femme de terrain, je l’affirme.

Provenance de fonds de soutien aux femmes en milieu rural et des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011

Il existe aujourd’hui en Côte d’Ivoire des hommes de bonne volonté. S’ils sont convaincus de ce que tu fais, ils vont t’aider. Comme je l’ai dit récemment au cours d’une conférence de presse, j’ai 30 familles à nourrir toutes les fins du mois. Je donne un sac de riz et 10.000 FCFA à chaque famille, mais c’est insuffisant. Où je prends mes fonds ? Avant, c’était avec mon argent que je fonctionnais. Je suis une commerçante internationale. J’ai vécu un peu en Europe et j’ai aussi de nombreuses connaissances. Je me suis aussi liée à des associations hors du pays qui me font bénéficier des nombreuses aides en nature. Je reçois souvent des conteneurs de vêtements et bien d’autres choses. Et puis, il y a la carte d’adhésion des associations de femmes au Fofaci qui nous permet de soutenir quelques membres en difficulté. Voici comment je parviens à aider les femmes. Des structures de micro-finance nous appellent aussi pour nous faire des dons qu’on met à la disposition de certaines de nos membres. Ça ne suffit certes pas, mais je me suis toujours fait comprendre par les femmes du milieu rural pour avancer…Vous savez que chacun se lève aujourd’hui et crée son association en Côte d’Ivoire. C’est à travers ces associations-là que vous pouvez connaître les problèmes de vos membres. Quand je vais dans une localité, je passe voir le préfet à qui j’explique les raisons de ma présence dans son département et m’autorise à installer les bases de mon association. Mais je voudrais tout de suite préciser que les gens cherchent toujours tout ce qui est bon. Et c’est certainement par rapport à mes activités sur le terrain que je suis très souvent sollicitée par des organisations de femmes à travers tout le pays. Et quand j’arrive là où elles se trouvent, je pleure avec elles. Nous n’allons pas dans une région pour créer de nouvelles associations, mais ce sont les associations qui existent déjà qui nous sollicitent pour être membres du Fofaci et non des individus.

Apport de l’Etat et du gouvernement ivoirien

Pour avoir accepté d’accompagner le chef de l’Etat dans ses lourdes tâches, nous devrions mériter ses encouragements et ceux du gouvernement. Malheureusement ce n’est pas le cas. Pourtant, nous voyons dans ce pays des femmes qui ont créé des associations et qui ont tout de suite bénéficié de l’aide du gouvernement de Côte d’Ivoire et même de l’extérieur. Mais ces associations-là n’ont jamais mis les pieds sur le terrain. Évidemment, les problèmes pour lesquels elles ont eu tous ces soutiens de l’Etat ne sont pas résolus. Quand on suit l’actualité ivoirienne à travers la presse écrite ou l’audiovisuelle et qu’on nous parle des aides qui sont apportées aux femmes en milieu rural, on a simplement mal au cœur parce que les femmes ivoiriennes, dans nos villages, vivent dans une situation d’extrême précarité (…) J’ai pris mes maigres moyens pour créer ma structure pour apporter ma contribution au développement économique et social de mon pays en portant assistance à mes sœurs en difficulté en milieu rural. Et ce, depuis 2006, dans une structure qui a accepté d’accompagner le chef de l’Etat et son gouvernement dans leur quête quotidienne du bien-être de l’Ivoirien, je pense qu’on mérite bien des récompenses de l’Etat parce que c’est nous qui sommes sur le terrain pour aider à résoudre les problèmes des femmes rurales ivoiriennes.

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Quand je parle de récompenses, je ne parle pas forcément d’argent ou de médaille d’honneur. La récompense dont je parle peut être du matériel agricole ou des aides techniques pour l’autonomisation de nos sœurs. Malheureusement, toutes les aides qui ont été jusque-là octroyées aux organisations des femmes en Côte d’Ivoire, nous ne faisons pas partie des bénéficiaires. Dans notre propre pays, nous sommes rejetées avec le travail que nous faisons sur le terrain. Par contre, des structures qui ne connaissent même pas la route de Ouragahio, Yabayo, de Bayota, Guiglo ou d’un petit village quelconque de la Côte d’Ivoire, sont accompagnées et encadrées par le gouvernement. Je ne suis pas d’accord.

‘‘Mme Binaté au ministère en charge de la femme et de la famille qui m’a dit que le ministère n’a pas de fonds destiné aux financements de projets des femmes’’

Il n’existe pas, en Côte d’Ivoire, un ministère qui fait du social ou qui s’occupe des problèmes de la femme que je n’ai pas sollicité pour de l’aide pour mes sœurs en milieu rural. Il y a même des ministres que j’appelle très souvent pour dire qu’on a tel projet et qu’on a besoin d’aide pour sa réalisation. Mais à ce jour, nous n’avons reçu l’aide de qui que ce soit. Comprenez que si je fais toutes ces démarches, c’est parce que ma structure est devenue tellement grande qu’elle est désormais trop lourde pour moi. Je revendique – un peu plus de 2 millions de femmes qui sont réparties sur toute l’étendue du territoire national, dans les 32 régions, que le Fofaci encadre. Or, j’ai créé ma structure, non pas pour rencontrer des défaites, mais pour glaner des victoires.

Le Fofaci devait organiser son congrès et j’ai pris pour parrain le président de la République. Et comme il s’agissait des affaires féminines, notre courrier adressé au chef de l’Etat a été ramené au ministère de la Femme. J’ai été reçue par Mme Binaté qui m’a dit que le ministère n’a pas de fonds pour les femmes et que si on les invite, elles vont venir. Mais que je retienne que le ministère n’a pas d’argent destiné aux financements de projets des femmes. C’était au mois de juin dernier, en présence de mon mari. Est-ce que je peux aller vers ces ministères-là encore ? C’est donc toute honte bue que je parcours le monde en quête de partenaires pour les femmes de notre pays, en difficulté en milieu rural. Il y a des campements où il n’y a même pas de sanitaire. Il faut prendre la femme en travail sur un vélo pour la transporter sur une distance de 15 kilomètres pour lui permettre d’accoucher dans un centre de santé. Il y a des villages où des enfants sont séropositifs et leurs mamans ne savent même pas de quelle maladie leurs enfants souffrent. J’ai pris deux de ces enfants malades en charge personnellement. Malheureusement un est décédé. Il y a, dans nos campagnes, des femmes qui ont été chassées de leurs plantations parce qu’elles ont perdu leurs maris. Mais elles doivent continuer à payer les études de leurs enfants. Ce sont des femmes qui cultivent du manioc, de la banane et autres productions agricoles qu’elles ne parviennent pas à écouler faute de marchés, etc.  C’est tous ces problèmes que j’essaie de résoudre chaque jour avec mes maigres moyens. Est-ce que je ne mérite pas un accompagnement de l’Etat ? C’est le président Alassane Ouattara lui-même, dans ses tournées, qui avait dit qu’il mettrait en place un fonds pour soutenir les femmes.

‘‘Des proches du chef de l’Etat, ont mélangé les têtes des femmes dans les zones rurales’’

…Il y a comme une situation propice aux délations de tout genre. Il y a des gens dans l’entourage du président Alassane Ouattara qui lui disent que tout va bien dans le pays, mais ils sont, eux-mêmes, à la base des actions qui ne sont pas forcément favorables au chef de l’Etat. Quand ils vont à l’intérieur du pays ou même à l’extérieur, c’est leurs propres problèmes qu’ils vont régler. Je pense que ces gens auraient dû prendre le petit temps qu’ils passent sur le terrain pour dire au président que rien ne va dans le pays. Parce que le président, lui, se dit quoi ? «Il y a un projet de 10 milliards de FCFA que j’ai signé, donc ça travaille et que les problèmes pour lesquels les 10 milliards sont sortis sont en train d’être résolus»… Quand tu as une plaie qui ne guérit pas et que tu vas voir un marabout ou un guérisseur qui te dit que c’est telle personne qui te cause le mal dont tu souffres, tu seras contre cette personne.

C’est justement ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire. Des proches du chef de l’Etat, ont mélangé les têtes des femmes dans les zones rurales en disant que si leurs problèmes ne sont pas résolus, elles n’ont qu’à s’en prendre au chef de l’Etat. Quand des gens proches du président Alassane Ouattara vont dans des régions pour dire : «Lorsque vous avez perdu votre fils, qu’est-ce que le président a fait pour vous?» ou «Qu’est-ce que le président a fait pour les victimes de la crise ici alors que toutes les victimes d’Abidjan ont été dédommagées ?», c’est parce qu’ils ne sont pas prêts pour le président. Sinon comment expliquer que, dans certaines régions, on fasse jurer des populations pour qu’elles ne votent pas Alassane Ouattara en 2020 au risque de se faire prendre par leur fétiche ? Cela veut simplement dire qu’il y a encore des rancœurs que le gouvernement actuel n’a pas réussi à effacer. Cela veut dire qu’il y a un problème qui n’est pas résolu qui pourrait empirer la situation du pays. Et pourtant, le chef de l’Etat travaille. J’ai vu les décaissements qu’il a autorisés en faveur des femmes en milieu rural. Mais aucun des problèmes de ces femmes rurales n’est résolu.

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Malgré les aides, les problèmes des femmes demeurent toujours

En France par exemple, quand on annonce un financement de projet d’un secteur d’activité donnée à la télévision, c’est que ce projet doit bénéficier à tous les acteurs du secteur concerné. Malheureusement, c’est le contraire qui se passe en Côte d’Ivoire. Pour qu’on prenne en compte ton projet ou ta structure dans un projet du gouvernement, on veut que tu entretiennes des rapports personnels avec le ministre ou son représentant. Je n’ai pas créé ma structure pour chercher des relations avec des ministres, mais pour que les Ivoiriennes ne soient plus obligées d’aller au Maroc, au Koweït pour aller devenir des bonnes à tout faire là-bas. Je ne veux pas que mes sœurs partent mourir dans la Méditerranée à la recherche d’un bonheur hypothétique.

« Je n’ai pas créé ma structure pour que les Ivoiriennes ne soient plus obligées d’aller en aventure »

Pour l’autonomisation de la femme, nous devons accompagner les actions de la Première dame. Mais là aussi, il y a problème. Ses aides aux femmes démunies n’arrivent pas à destination. J’ai trouvé des dons de la Première dame dans les salons de plusieurs proches du chef de l’Etat. Dans certaines régions où ces dons ont été annoncés, nous avons dû régler des palabres que cela a engendrées. Parce que la réconciliation entre les Ivoiriens est aussi, comme l’autonomisation de la femme en milieu rural, l’un des objectifs visés par le Fofaci. Or, pour qu’il y ait réconciliation, il faut frapper à la bonne porte.

‘‘Il n’y aura pas de réconciliation en Côte d’Ivoire si l’on frappe toujours à la mauvaise porte’’

Oui, il y a des problèmes de réconciliation entre les femmes en Côte d’Ivoire. Et ces problèmes viennent de plusieurs origines. Il y a gens qui disent se respecter qui ne veulent pas se mettre dans la réconciliation nationale et feignent de nier la réalité. Mais demain, quand le gouvernement aura le plus besoin qu’on fasse bloc autour de lui pour mieux avancer que ça va le «flasher». On n’est pas réconciliés en Côte d’Ivoire. Je suis constamment partie sur le terrain et il y a des choses que j’entends. Mais je ne suis pas ici pour mettre la division dans mon pays. J’ai été victime, comme beaucoup d’Ivoiriens, de ce qui s’est passé dans la crise post-électorale de 2010-2011. Mais ce n’est pas parce que le président de la République ne m’a pas nommée à une haute fonction de l’Etat que je vais regarder faire et ne rien dire.

Si les bonnes portes ne sont pas frappées et qu’on frappe toujours aux mauvaises portes, il n’y aura pas de réconciliation entre les Ivoiriens. C’est comme vous prenez du pipi pour laver du caca. Comment voulez-vous que cela sente ? Nous n’avons pas eu la chance d’être des enfants de riches, donc on n’est pas écoutée. Mais je vais vous le dire, un enfant de riche ne va jamais dire la vérité et du fait de sa place d’enfant de riche, il ne va jamais chercher à avoir des amis parmi les enfants de pauvres. Comment voudrais-tu qu’il vienne te dire la vérité pour que tu lui prennes la place demain ? Il va continuellement te mentir. Et le jour où tu vas t’en rendre compte, il aura déjà accumulé beaucoup d’argent. Et c’est ce qui est le problème du gouvernement actuellement. Je ne puis en dire plus.

‘‘Des ministres préparent leur propre terrain avec les fonds décaissés pour aller en aide aux populations’’

Il a certes mis en place des ministères, mais dans ces ministères, il y a des ministres qui sont en train de préparer leur propre campagne. Je sais de quoi je parle. C’est pourquoi le président de la République lui-même doit se considérer comme le ministre de quelqu’un parmi ses ministres. Parce que les fonds qu’il a décaissés pour aller en aide aux populations, ses ministres s’en servent pour préparer, eux-mêmes, leur terrain. Comme c’est le cas des ministres issus du Pdci-Rda qui sont en train de préparer leur propre campagne. Je ne voudrais pas allumer le feu, souffrez que je n’en dise pas plus sur ce sujet. Mais il y a des gens qui sont proches du président, mais qui ne sont prêts pour lui.

Même dans cette affaire du Rhdp parti unifié, il y a à redire. Mais je n’en dirai pas plus. Mais ce que je peux dire, c’est que le président Alassane Ouattara, lui-même, ne sait pas à qui il a affaire dans son entourage. Car pour qu’un ministre vienne parler de réconciliation dans une région autre que la sienne, c’est qu’il a déjà arrangé chez lui. Je suis certes une petite fille, mais je suis respectée dans mon village. Ce n’est pas parce qu’on aura donné des milliards de FCFA à quelqu’un qu’il pourra être heureux. Il y a aujourd’hui en Côte d’Ivoire, des gens qui en ont gros sur le cœur parce qu’ils n’ont pas vu le corps de leurs enfants, de leurs parents tombés lors de la crise passée, il y en a qui ont tout perdu, des maisons, des plantations etc. Ils sont nombreux qui crient vengeance parce que meurtris dans leur chair. Mais si le gouvernement ne parle pas avec des gens qui ont des idées, s’il n’associe pas les structures qui sont suffisamment en contact avec les populations en milieu rural pour prendre leurs avis et suggestions, il ne parviendra pas à réconcilier les Ivoiriens. Il y a de la malédiction dans tout. Que le président Ouattara vienne donc faire face aux problèmes de nos parents qui sont dans les campements.

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‘‘Les vraies victimes de la crise post-électorale de 2010-2011 ne sont pas celles qu’on présente à la télévision’’

On doit avoir très peur pour 2020. Si tu n’as pas pu sécher ton vêtement au soleil là-haut, ce n’est pas dans le sous-sol que tu pourras le faire. Et si tout s’écroulait sur toi ? La Côte d’Ivoire est devenue un truc du sous-sol. Le président Ouattara, lui, est en haut et il se dit que tout est déjà arrangé en bas. C’est le jour où il va quitter son fauteuil qu’Ouattara saura que la Côte d’ Ivoire est profonde. Rien n’est réglé (…) Voyez-vous, les vraies victimes de la crise post électorale de 2010-2011 ne sont pas encore dédommagées. Les victimes que vous voyez à la télévision à qui on remet des chèques n’en sont pas. Je vais vous dire quelque chose. Il y a des pays où il y a eu des crises comme celle que nous avons connue ici. Au Rwanda par exemple, il y a une structure qui est mise en place spécialement pour les victimes. Elle est sur le terrain pour les enquêtes. Si tu dis que ton parent est mort, elle va le vérifier. C’est à la suite de ses enquêtes que le ministère va te dédommager. Mais chez nous ici, les vraies victimes sont là, mais elles sont remplacées par les parents, les amis et connaissances de ceux qui ont en charge le dossier des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011. Je connais de vraies victimes à qui j’ai fait des dons au nom du gouvernement parce que je suis contre la guerre. Si tu es chez toi et que les enfants se battent pour l’argent, tu leur en donnes pour que la crise passe. Je donne de l’argent aux victimes pour qu’elles soient quelque peu heureuses. La réalité ivoirienne n’est pas que le président Ouattara a mal géré le pays, mais c’est la réconciliation qui est mal faite, qui a mis la vengeance dans le cœur de tous les Ivoiriens qui nous fait craindre pour 2020. Et puis, il y a aujourd’hui que des proches du président en rajoutent à la rancœur des compatriotes pour préparer leur propre futur politique. J’en connais qui tiennent des réunions nocturnes pour se positionner au fur et à mesure qu’on approche 2020…

‘‘On ne peut pas empêcher Soro d’exprimer son ambition. Mais…’’

Guillaume Soro veut-il être président de la République ? Mais c’est la vision de tout le monde. On ne peut pas empêcher une ambition, quand bien même elle est politique, de s’exprimer. Surtout si c’est Dieu qui le veut ainsi. Si Guillaume Soro veut être président de la République, alors qu’il suive son destin. Il a combattu pour le président de la République. C’est pourquoi j’aime beaucoup le FPI. C’est un parti politique de Côte d’Ivoire qu’on peut citer en exemple. Les militants du FPI ne se sont jamais trahis depuis sa création à ce jour. Si tu entends que des militants de ce parti ont trahi et que tu y crois, c’est que c’est à toi-même que tu mens. On pouvait en faire autant au Rhdp ou au Rdr. Tu ne peux pas avoir la beauté de ton voisin, mais tu peux copier sur ses gestes. Mais nous-mêmes n’avons pas été très concrets. On a le savoir-parler pour convaincre, mais on n’est pas dignes de nos actes. Ce que je peux dire à Soro à mon humble niveau, c’est de se réconcilier avec son papa.

« « Si Guillaume Soro veut être président de la République, alors qu’il suive son destin »

Toi Soro, tu t’es retiré d’Alassane Ouattara, mais ça va te rattraper parce que c’est toi qui as combattu pour lui pour qu’il soit là où il est. Beaucoup d’hommes en parlent. C’est vous deux qui êtes allés tuer le serpent du village, c’est ensemble que vous devez l’enterrer. Si un seul va le faire, on ne sait pas quelle malédiction va s’abattre sur l’autre.

La politique, c’est un peu comme de l’hypocrisie. C’est le président du Pdci-Rda qui prend aujourd’hui Soro pour le mettre derrière lui. Mais il va arriver un jour que Soro, lui-même, va se chercher entre les mains de Bédié. Il faut qu’il comprenne qu’il est mieux de rester dans la maison qu’on maîtrise. Parce que là où tu es en train de mettre tes pieds, sache qu’il y a déjà beaucoup de gens là-bas. C’est comme si tu es le chef des brigands d’Anyama. Tu arrives à Adjamé et tu veux en être le chef des brigands. Mais tu ne dois pas oublier qu’il y a déjà là des chefs de brigands qui ne vont pas te laisser jouer tranquillement leur rôle de chef de brigands dans leur quartier. Soro doit comprendre qu’on ne peut être héro que dans le milieu qu’on maîtrise.

Sources :  Lepanafricain24.info avec  Notre Voie