Interview du Chef de l’Etat à la veille de l’Indépendance : Ouattara Gnonzié (Pdt RPP) : « J’ai relevé beaucoup de contradictions »

Par Jean Levry – Afriquematin.net

En lieu et place du traditionnel discours à la Nation à la veille de la fête de l’indépendance, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara s’est prêté à une série de questions-réponses. Un exercice fatidique dont le contenu a laissé plus d’un observateur sur sa faim. Pour l’opposant Ouattara Gnonzié, Président du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPP), les propos du Président de la République contiennent de nombreuses contradictions, en plus du fait qu’il dépeint la Côte d’Ivoire comme un pays où « tout va bien » comme dans le meilleur des mondes.

« L’une des choses qui m’a frappé, c’est que c’est un homme qui était en campagne et qui tenait un discours de campagne, non pas pour l’ensemble des ivoiriens, mais pour ses partisans, ses militants, ses ouailles. Naturellement, quand on est en campagne, on est élogieux. Donc, il a fait une description très élogieuse de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est un pays qui se porte bien. Tous les chiffres macroéconomiques sont au beau fixe, le PIB, PNB, la croissance, tout se bien, selon lui. Et partant de là, il a indiqué aux ivoiriens qu’ils sont heureux. C’est à peine qu’il ne leur pas dit qu’ils sont au paradis », souligne d’entrée le leader politique au micro d’afriquematin.net.

Ouattara Gnonzié relève que cette description est loin de la réalité et que les ivoiriens tirent le diable par la queue.  « Nous constatons que les ivoiriens vivent dans la misère. (…) Pas plus tard qu’il y a deux semaines, la Banque mondiale a fait une déclaration. Et elle est claire ;  elle nous dit que 50 % des ivoiriens, y compris les paysans qui font la richesse de la Côte d’Ivoire, vivent en dessous du seuil de pauvreté», assène-t-il.

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En ce qui concerne le volet de la réconciliation nationale, les propos du chef de l’Etat sont, observe l’ex-ministre de la Communication, contradictoires.

« J’ai relevé beaucoup de contradictions dans ses propos. Il avoue, à propos de la réconciliation  nationale, que dans tous les pays où il y a eu des crises, pour les résoudre, il a fallu 30 voire 40 ans. Et plus loin quand le journaliste lui pose la question, il dit que la réconciliation est déjà faite et qu’il n’y a que  quelques personnes qui tiennent des discours de haine, qui sèment la division en Côte d’Ivoire», enfonce-t-il le clou.Ouattara Gnonzié

Le leader politique trouve trop prétentieux le bilan qu’Alassane Ouattara dresse de sa gouvernance au point de se décerner un auto-satisfecit. « Pour le Président de la République, les ivoiriens sont tellement heureux qu’il a fait en 8 ans ce que Houphouët-Boigny et tous ses successeurs en ont fait en 50 ans, en matière d’électrification, d’adduction en eau potable et de construction de routes», relève-t-il avec ironie.

Toujours selon Ouattara Gnonzié, le chef de l’Etat n’a pas été non plus convaincant sur la question de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), préférant justifier le passage en force en force opéré par lui et son camp. « Sur la réforme de la Commission électorale indépendante, le président de la république dit que lui et son gouvernement ont exécuté les recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. A moins qu’il n’y ait eu deux décisions qui ont été prises : une décision adressée au gouvernement et une autre aux partis politiques. Ce que je ne crois pas », objecte-t-il avant de s’interroger : « Alors, la question qu’on est en droit de se poser est celle-ci : quelle est la crédibilité d’un Etat qui signe des engagements et qui refusent de les exécuter ? »

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Pour finir, le président du RPP est formel, la nouvelle Constitution n’autorise pas Alassane Ouattara à se présenter en 2020 comme il l’a laissé entendre. « Concernant son éligibilité, le président nous a dit qu’il pouvait faire un 3e et 4e mandat. Cependant, au regard de la nouvelle constitution, il ne peut être candidat selon le chapitre relatif à la continuité législative.  L’article 183 stipule que ‘’la législation actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire reste applicable sauf l’intervention de textes nouveaux en ce qu’elle n’a rien de contraire à la présente constitution’’. Or, le chapitre concernant l’éligibilité du Président de la République dit clairement que le Président de la République est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Et cette formulation n’a pas changé », insiste-t-il.