Brexit/ La reine Elizabeth II en première ligne dans la bataille

Dans les faits, Elizabeth II, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, chef du Commonwealth et de l’Église anglicane, commandant en chef des armées, ne règne que sur les cygnes, les baleines et les esturgeons croisant dans les eaux territoriales de son royaume. Le souverain incarne la nation sans détenir les leviers du gouvernement.

Le chef de l’État ne joue qu’un rôle de notaire contresignant des décisions prises par d’autres. En l’absence de Constitution écrite, rien ne lui interdit de refuser sa signature à une loi votée par la Chambre des communes, mais l’intéressée ne l’a jamais fait au cours de son règne de soixante-sept ans. Ce serait contraire à l’usage établi depuis la Glorieuse Révolution de 1688 et le Bill of Rights, la législation des droits de l’homme qui vit l’avènement de la démocratie parlementaire.

Toutefois, le Brexit pourrait amener la souveraine à se départir de sa stricte neutralité. En effet, si le Parlement impose au gouvernement une marche à suivre, la Première ministre Theresa May sera autorisée à demander à Elizabeth II de mettre son veto. Si les votes indicatifs du Parlement ont échoué à deux reprises, les députés vont inéluctablement revenir à la charge. Un déchirement pour la reine !
Lors de son allocution du 2 avril 2019 dernier, Theresa May s’est engagée à respecter le résultat des votes du Parlement. Mais la Première ministre a aussi laissé entendre que seul un Brexit « léger » (soft) était acceptable.

On imagine quels déchirements Elizabeth II, -, a dû ressentir en prenant connaissance du document -. Dans une société britannique profondément fracturée en deux camps irréconciliables, rien n’a jamais transpiré de son opinion. Par nature, elle préfère le consensus à la polarisation.

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En effet, depuis le référendum du 23 juin 2016 et la victoire surprise du « Leave », Elizabeth II ne s’est jamais départie de sa stricte neutralité. Elle n’a jamais fait la moindre confidence, à l’inverse de ce qui s’était passé à l’occasion de la consultation sur l’indépendance de l’Écosse, le 18 septembre 2014, lorsqu’elle était intervenue publiquement pour soutenir le maintien du statu quo.

Ainsi, à plus de quatre-vingt et onze ans, après soixante-sept ans de règne, la reine Elizabeth II peut-elle jouer un rôle-clé pour résoudre la crise politique provoquée par le Brexit ? La souveraine fait valoir son influence et peut même tenter de jouer un rôle constitutionnel inédit dans la crise qui secoue son pays.

Source : lepoint.fr