Interview / Sylvie Obité (Présidente du Réseau International des Femmes Leaders- RIFeL) : « Je demande aux femmes africaines de prendre leur destin en main »

Réalisée par Jean Levry – Afriquematin.net  

Plus connue sous le sobriquet de « Maman RIFeL », Sylvie Obité est la Présidente-Fondatrice du Réseau International des femmes Leaders, en abrégé « RIFeL ». La jeune ivoirienne, journaliste professionnelle, qui réside au Maroc depuis 4 ans, a, dès son jeune âge,  pris conscience du combat de la femme pour son autonomisation dans une société largement dominée par les hommes. À travers le RIFeL qui, explique-t-elle, est né en 2004 d’une inspiration divine, la jeune femme ambitionne amener chaque femme à valoriser le potentiel qui est en elle en vue de participer au développement de l’Afrique. Elle s’est confiée à Afriquematin…

Bonjour Sylvie, vous êtes Journaliste et Présidente du Réseau International des Femmes Leaders – RIFeL. Comment est née cette organisation que vous dirigez ?

Bonjour, je vous remercie pour l’intérêt,  merci également au journal Afrique Matin de nous donner l’opportunité de parler du RIFeL. Il faut dire que le  RIFeL est une grande vision que Dieu m’a révélée depuis 2007 alors que j’étais encore étudiante. Un dimanche de 2007, pendant que j’étais au culte à l’époque à l’église des Assemblées de Dieu de Plateau Dokui, j’ai entendu une voix dans mon esprit « le Réseau International des Femmes Leaders » et comme j’ai toujours un stylo et un cahier quand je vais à l’église, j’ai commencé à noter tout ce que j’entendais, tout ce que cette vision du RIFeL comporte.

A l’époque j’étais encore très jeune (dans la vingtaine).  J’étais étudiante, je n’étais donc pas une femme leader confirmée (rire !) et donc je ne comprenais rien à cette affaire. Mais en fait malgré mon jeune âge, Dieu m’avait déjà établie leader. J’ai compris par la suite que je fais partie des personnes qui sont nées leaders. J’étais jeune certes mais Dieu venait de me confier une mission importante : celle de mettre ensemble les femmes leaders non seulement en vue de certaines actions   en leur faveur mais aussi pour que ces femmes leaders puissent aider les plus faibles.

Cette mission consiste également à amener les femmes dont le leadership n’est pas encore révélé à développer le potentiel qui sommeille en elle, à les encourager à le développer. Notre mission : fabriquer des femmes leaders, réveiller la championne qui sommeille en chaque femme et aider les défavorisées. D’où notre slogan ’’ Une armée de championnes au service des autres’’.

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Après ce temps de révélation de cette vision à quel moment vous formalisez la chose au niveau administratif?

Plus  le temps passait plus la vision grandissait en moi. Plus le temps passait plus l’enfant RIFeL prenait forme dans mes entrailles. Oui j’étais enceinte de cette grande vision, et comme une femme enceinte dont à 9 mois le bébé a envie de voir le jour, en 2014 j’ai poussé, et le bébé RIFeL était né (rire). Oui, en effet en 2014  nous avons fait toutes les formalités pour  déclarer l’association, nous avons obtenu notre récépissé le 7 juillet 2014 à la préfecture de San Pédro.

Quels sont les principaux objectifs du RIFeL ?  

Les objectifs du RIFeL sont en termes plus simple : susciter une génération de femme consciente de leurs potentiels, contribuer à l’autonomisation de la femme, créer une chaine de solidarité des femmes à l’échelle internationale et apporter une aide humanitaire aux femmes et aux enfants défavorisé d’Afrique.

Depuis la création du RIFeL, quelles sont les actions majeures que vous avez menées ?

L’une des missions du RIFeL étant d’apporter une aide humanitaire aux femmes et aux enfants défavorisés d’Afrique, c’est bien logiquement que nous avons commencé nos actions par le binôme mère-enfant.

En effet  en 2016 à l’occasion des fêtes de fin d’année nous avons lancé « l’opération, un enfant un cadeau » qui nous a permis d’offrir des cadeaux de noël, des vêtements et des vivres à près de 50 enfants dans le quartier de Abobo- Bocabo. A cette même occasion nous avons offert un arbre de noël plus un repas à près de 150 enfants d’Akouédo village. En 2018, l’opération’’ une famille, un sourire’’ nous a permis de redonner le sourire à plusieurs femmes migrantes mères célibataires en situation difficiles ici au Maroc.

Actuellement nous avons initié «Les journées Créat’Elles du RIFeL». Ce sont des journées d’exposition des œuvres d’arts des créatrices africaines. Notons que ces journées d’exposition seront précédées d’une journée d’atelier et de séance coaching. Car ces femmes ont besoin de formation, d’encadrement et d’accompagnement. Pour cette première édition qui aura lieu du 4 au 6 Avril 2019, ce sont les accessoiristes qui seront à l’honneur. Objectif général: montrer la créativité et l’ingéniosité des femmes africaines. Objectif spécifique: montrer que les femmes subsahariennes vivant au Maroc ont du talent. Elles ne sont pas que des assistées ou « des boniches », mais elles peuvent plutôt contribuer au développement de leur pays d’accueil. En somme, nous voulons redorer l’image de la femme africaine à travers ses talents et son savoir-faire.

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Pour vous, qu’est-ce qu’il faut à la femme africaine pour qu’elle participe pleinement au développement de l’Afrique ?

Vous savez Dieu en créant les êtres humains, il a déposé en chacun un talent. Et la femme fait partie de l’ensemble des êtres humains. Chacune  a donc reçu un ou plusieurs talents. C’est ce talent qui une fois exercé et déployé peut l’emmener là où elle veut et donc contribuer au développement de son pays et par ricochet de l’Afrique.

Mais le constat est que les femmes africaines pour la plus part ne travaillent pas suffisamment, d’autres refusent carrément de travailler. Beaucoup  aiment la facilité. Pourtant, comme je le dis toujours, en chaque femme il y a des millions, en chaque femme il y a des milliards. C’est en développant son potentiel  que la femme africaine peut se positionner au sommet.

Justement, vous organisez un Diner-gala en l’honneur des femmes leaders d’Afrique. Pouvez-vous nous dire plus ?

Oui ça, c’est l’un des vieux projets du RIFeL. Un projet qui me tient particulièrement à cœur. Comme vous le savez notre cible c’est la femme, c’est-à-dire que nous voulons répondre aux besoins de chaque catégorie de femme. Parmi ces femmes il y a celles qui ont besoin d’assistance, d’aide et de soutien. Et il y a  la femme leader,  la femme accomplie, celle qui a gravi les échelons pour se positionner au sommet et donc qui est un exemple pour les jeunes générations. Le besoin de cette catégorie de femme c’est la reconnaissance. Pleine d’expériences, elle a beaucoup à donner.

Cette cérémonie de distinction a donc pour objectif de célébrer ces femmes modèles  et leur dire merci pour le chemin qu’elles ont tracé mais c’est également dans le but d’attirer l’attention des autres afin qu’elles puissent suivre leurs exemples.

Quels seront les temps-forts de cette célébration de la femme, acteur du développement de l’Afrique ?

Ça  sera une véritable célébration de l’excellence en milieu féminin. Un programme riche en couleur et en son. Nous attendons plusieurs délégations de plusieurs pays. Avant le diner gala, dans la matinée nous prévoyons  un forum « Be-to-Be » car notre objectif c’est de mettre en relation les femmes leaders du Maghreb et les femmes leaders de l’Afrique subsaharienne. Et le soir la fête en elle-même : la cérémonie de distinction des femmes leaders africaines. Le lendemain une visite touristique est prévue, des rencontres avec certaines autorités marocaines sont également au programme.

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L’égalité des genres Homme-Femme, est-ce un leurre en Afrique selon vous ?

Beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire. Mais comme je ne cesse de le dire c’est à la femme de s’imposer, d’arracher la place qui lui revient. Dans ce monde rien ne se donne sur un plateau d’or, tout s’arrache.

 

Quels conseils donnez-vous à toutes ces femmes africaines qui se résignent ou abandonnent face à un monde dominé par les hommes ?

Un conseil à la femme : Bats toi de toutes tes forces, fais ce que tu aimes, fais ce que tu sais faire le mieux et fais le très bien c’est ce qui t’emmènera  au sommet. Je voulais préciser que nous ne sommes pas dans une compétition farouche avec les hommes, non ! L’homme, tout comme la femme, est né pour accomplir une mission dans un domaine bien précis. Nous voulons juste encourager chaque femme à découvrir sa destinée c’est-à-dire à retrouver son chemin.

Nous sommes  7,7 milliards de personnes sur la planète Terre mais toi tu es née pour exceller dans un domaine bien précis. Il y a une chose que toi seule tu peux faire mieux que nous tous. Arrête de toujours compter sur les autres, arrête d’accuser les autres ou la société, arrête de toujours tout attendre des hommes, arrête de te sous-estimer.  Tout est en toi femme, tout le trésor est en toi.

Un homme ou un être humain peut t’aider mais un homme ne te donnera pas tout.  Travaille, travaille, travaille et un jour à force de persévérance, tu seras dans les hauteurs. Je demande aux femmes africaines de prendre leur destin en main. Oui ce n’est pas tout du facile, je le sais. Mais c’est justement ce côté difficile qui fait tout le charme et toute la beauté de la chose quand tu y arrives. Tu auras alors de quoi à raconter aux autres.