Des sanctions plus dures pour enrayer le racisme dans le football ?

Jean Levry – Afriquematin

Le sujet du racisme dans le football a refait surface à la suite des cris de singes à l’endroit du défenseur sénégalais du Napoli, Kalidou Koulibaly le mercredi 26 décembre 2018 lors du match qui opposait son club à l’Inter de Milan. Le club milanais a écopé de 2 matches à domicile à huis-clos.

La sanction est tombée plus vite mais elle semble trop molle pour pouvoir inverser la tendance dans un pays où ces cas sont récurrents. Ce qui est regrettable, c’est qu’après ces deux matches, le public reviendra encore plus nombreux et plus haineux avec certainement d’autres cibles.

Certes le monde du ballon rond ne pourrait pas vivre dans une bulle et échapper aux travers de la société, mais le football doit transcender les différences et permettre un rapprochement autour d’une passion et de valeurs communes. Et si cela devient difficile à cause de quelques esprits encore attardés, il serait bon que les sanctions infligées aux clubs en cas d’insultes racistes contre des footballeurs dans les stades soient plus dures afin de contribuer à stopper ces dérives.

La suspension du match est à envisager mais encore sujet à débat. C’est d’ailleurs ce que préconisait le coach de Naples Carlo Ancelotti.

« On a demandé trois fois la suspension du match et il y a eu trois annonces. Mais le match a continué. (…) La solution existe. Il faut interrompre le match. Il faut juste savoir quand, à partir de combien d’annonces. Et si on ne sait pas, alors la prochaine fois, c’est nous qui nous arrêterons», a-t-il déclaré.

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Mais, apparemment, il demeure toujours compliqué de vouloir toucher au sacro-saint « bon déroulé du match ». On peut certes l’interrompre pour un jet de fumigène ou une invasion de supporters, voire à la suite de banderoles désagréables pour la direction, mais certainement pas lorsqu’un joueur doit entendre 90 minutes de mauvaises imitations animalières.

Retrait de points aux clubs « racistes »… ?

De plus en plus de voix s’élèvent pour demander des sanctions plus corsées et dissuasives à l’encontre des clubs dont les supporteurs tiennent des propos racistes. Par exemple, le retrait d’un certain nombre de points (3 ou 6 points) à un club dont les supporters se montreront racistes et qui entrainerait sa rétrogradation dans le classement le privant d’une éventuelle place en ligue des champions la saison suivante, ou qui le handicaperait dans la course au titre de champion ou encore qui le relèguerait en division inférieure. Autant les dirigeants seraient craintifs de telles sanctions, autant les supporters qui ne voudraient pas voir leur club perdre de précieux points veilleront à ne point tenir des propos racistes dans les stades.

A l’encontre des joueurs qui s’illustrent de la mauvaise manière avec des insultes ou gestes racistes, comme le cas de Milan Baros qui a eu un geste déplacé suggérant qu’il ne supportait pas l’odeur du Camerounais Mbia lors d’un match Lyon-Rennes en 2007, les sanctions pécuniaires doivent être suivies de plusieurs matches de suspension.

Certes le football est à l’image de la société avec son lot d’imbécilités, mais le football européen demeure empêtré dans le racisme parce que les sanctions restent encore trop complaisantes. Par ailleurs, les intérêts des clubs et des lobbies du football paraissent beaucoup plus importants que la lutte contre le racisme qui, malgré les slogans et les quelques dénonciations continue de gangréner ce sport noble.

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