Yamoussoukro : 25 ans après le décès de Félix Houphouët Boigny, les populations réclament Laurent Gbagbo.

Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net

Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Une ville située au centre du pays, à 235 kilomètres d’Abidjan, la capitale économique. C’est le lieu de naissance de feu président Félix Houphouët-Boigny, premier président de la république de Côte d’Ivoire. Décédé il y a de cela 25 ans aujourd’hui, les populations de Yamoussoukro se prononcent.

La cité est célèbre avec son imposante basilique « Notre-Dame-de-la-Paix », sa fondation « Houphouët Boigny », et ses grandes écoles. C’est en mars 1983 que Yamoussoukro devint la capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire. A cette époque, c’était le lieu des grandes rencontres. Pierre Kouassi, 70 ans environ, rencontré au quartier « 220 logement » dans un bistro, se rappelle encore cette époque comme si c’était hier. « Avant, les grandes cérémonies, les grandes visites des Chefs d’Etat, se déroulaient ici à Yamoussoukro. Aujourd’hui, Yamoussoukro est vraiment mort », nous lance-t-il. Après une gorgée de vin de palme servie, il boit d’un trait, essuie ses lèvres de sa main gauche, racle sa gorge et tente de bien s’installer pour nous faire face. Pierre Kouassi, n’a pas oublié notre préoccupation.Laurent Gbagbo Il réagit « Oui, mon fils, c’est vrai, Yamoussoukro est mort. Toi-même regardes la route que tu as empruntée. A Yamoussoukro, il n’y a plus de route, chaque chauffeur cherche là où il doit passer. Tantôt à gauche, tantôt à droite. Notre belle cité a été abandonnée par les hommes politiques. Ils nous ont trompé ». A la question de savoir qui les a trompés ? Pierre Kouassi se tait. Il se tourne du coté de celui qui sert le vin de palme pour réclamer un autre bol, puis se tourne vers nous : « Je veux être clair ce matin. Les hommes politiques se battent sur l’héritage d’Houphouët, mais ils n’aiment pas Yamoussoukro. Les grandes écoles ont été abandonnées. Il n’y plus ces grandes rencontres qui faisaient que la ville grouillait de monde. Aujourd’hui, tout se fait à Abidjan, et Yamoussoukro se meurt. Les traces de Houphouët Boigny, c’est Yamoussoukro. Mon fils, Houphouët est mort deux fois. Je ne suis pas Fpi, je suis Pdci, mais je dis merci à Gbagbo pour ce qu’il a fait pour Yamoussoukro quand il était président. Dieu ne l’abandonnera jamais. Aujourd’hui on a tout vu ». Soudain, il se lève pour répondre à un appel téléphonique, s’excuse et s’engouffre dans un taxi, nous faisant signe qu’il reviendrait.

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Laurent GbagboUn quart d’heure d’attente et nous mettons le cap sur un autre lieu. Au quartier Assabou, sous un manguier, quelques personnes discutent autour de quelques bouteilles de bière. Nous prenons place aux cotés d’eux et commandons un plat, le temps de les interroger sur notre sujet.  Koné Drissa, opérateur économique semble le mieux informé. Selon lui, ni Henri Konan Bédié, ni Alassane Ouattara, n’a joué le vrai rôle d’héritier. « Je suis un opérateur économique. Je vis à Yamoussoukro depuis 1983 ; j’ai vu la gestion des trois présidents après la mort d’Houphouët. Durant sa présidence, Gbagbo a transféré de façon effective, la capitale politique d’Abidjan à Yamoussoukro. Bédié, bien qu’héritier, n’a pas pu le faire. C’est également lui qui a actionné le prolongement de l’autoroute du nord sans compter la construction de l’Hôtel, les parlementaires. Il était entrain de bâtir la présidence quand nous l’avons combattu, pensant qu’Alassane allait véritablement s’installer ici comme promis », regrette-il.  Kouadio Ahou Suzanne ne dit pas le contraire : « Au temps de Gbagbo vraiment, les maquis marchaient. Et on gagnait de l’argent. La ville grouillait mais aujourd’hui, il faut reconnaitre que tout est difficile pour nous », affirme cette tenancière de maquis.

A en croire Kouassi Loukou, les héritiers se réclament tous de feu Félix Houphouët-Boigny, mais personne n’a sa philosophie politique. On constate aujourd’hui des clans rivaux. D’un côté le Pdci-Rda, véritable héritage de Houphouët et de l’autre côté le Rhdp, le parti unifié créé par Alassane Ouattara. « On les a vu à la basilique le 7 décembre dernier lors de la messe. Le Rhdp était représenté au haut niveau par Alassane Ouattara, entouré de ses proches collaborateurs. Konan Bédié, n’était pas là. Il s’est fait représenter par Guikahué. Le hic, Alassane et ses collaborateurs sont les premiers à aller se recueillir sur la tombe du « Vieux ». Après, Guikahué et les membres du Pdci sont également partis, c’est vraiment dommage », nous relate-il avec regret. Il poursuit : « Aujourd’hui, dans le cœur de chaque habitant de Yamoussoukro, notre seule satisfaction, nous avons vu Bédié, Alassane et Gbagbo à l’œuvre. Personne ne nous dira, si on m’avait élu président, je ferais ceci, ou cela pour la ville de Yamoussoukro. Gbagbo bien que opposé à Houphouët de son vivant, est celui là qui a été sur les traces d’Houphouët Boigny et Dieu sera toujours avec lui, malgré les difficultés», a-t-il conclu.

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