Andry Rajoelina et Ravalomanana au second tour : Jeu d’alliances ouvert
La proclamation des résultats provisoires par la CENI s’est déroulée à Nanisana samedi dernier.
1 949 851 voix soit 39,19% pour Andry Rajoelina et 1 755 885 voix soit 35,25% pour Marc Ravalomanana. La qualification des deux protagonistes de la crise politique de 2009 pour le second tour de la Présidentielle a été confirmée par les résultats provisoires du premier tour publiés samedi dernier par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). L’organe responsable de l’organisation du scrutin a confirmé les tendances constatées depuis la soirée du 7 novembre. La CENI a donc choisi de publier les résultats 4 jours avant la date du 20 novembre prévue dans le deadline initial. Et ce, bien malgré les contestations et accusations d’irrégularités, de fraudes et de truquage du logiciel venant des différents états-majors politiques. C’est le président de la CENI, Hery Rakotomanana qui aurait insisté pour avancer la proclamation des résultats. C’est la première fois que les candidats n’ontnt pas été invités à assister à la cérémonie. Joints au téléphone, bon nombre des prétendants à la Magistrature suprême ont affirmé qu’ils n’ont reçu aucun carton d’invitation. Pour revenir au résultat, le président sortant Hery Rajaonarimampianina occupe sans surprise la troisième place avec 8,84% des voix. Seuls six candidats sur 36 ont réussi à passer le cap du 1%. Le Pasteur Mailhol André Dieu Donné est arrivé à la quatrième place avec 1,27%. 1,16% de chaque pour Ny Rado Rafalimanana et Randriamampionona Joseph Martin. La classification de « zérovirguliens » octroyée aux autres candidats a été confirmée par les urnes. Quant au taux de participation, il était de 54,23%.
Requêtes. Désormais, les yeux sont rivés sur la Haute Cour Constitutionnelle qui dispose de neuf jours pour publier les résultats officiels. Ambohidahy a reçu de nombreuses requêtes dénonçant les imperfections autour de ce scrutin. Les candidats Hery Rajaonarimampianina, Mahafaly Olivier Solonandrasana et le collectif des candidats ont même déposé une requête en annulation contre l’élection du 7 novembre. Pour sa part, le candidat Andry Rajoelina, a dénoncé les fraudes, en déposant de nombreuses preuves auprès de la Haute Cour Constitutionnelle. A noter qu’au niveau de plusieurs bureaux de vote, la Section de Recensement Matériels de vote (SRMV) a établi des procès-verbaux de carence. Trop de PV de carence qui pourrait refléter la carence de la CENI elle-même en matière d’organisation. Ce qui est sûr, c’est que le choix des électeurs au niveau de ces circonscriptions électorales n’a pas été pris en compte et/ou complètement ignoré, car il y a quand même eu une opération de vote durant la journée du 7 novembre.
Prête-nom. Faisant référence aux nombreuses imperfections constatées aussi bien autour de la liste électorale que sur le traitement des résultats de vote, en passant par les problèmes relevés avant, pendant et après le jour du scrutin, bon nombre d’observateurs se demandent qu’en est-il du rapport qualité – prix sur le travail de la CENI ? Lors d’une conférence de presse, les parlementaires proches du candidat Andry Rajoelina ont dénoncé un truquage du logiciel utilisé par la CENI. Une information qui a fait le tour des réseaux sociaux durant le week-end confirme aussi que le Directeur du Système Informatique de la CENI, Rakotovao Heriniaina serait un proche associé d’un Conseiller spécial de Hery Rajaonarimampianina. Le premier serait utilisé par Mbola Rajaonah comme prête-nom dans la gestion d’un restaurant sis à Ivandry. L’information a été confirmée par les documents établis lors de l’acquisition dudit restaurant. Ceci explique peut-être la cacophonie engendrée par le traitement des résultats au niveau de la CENI.
Report de voix. En attendant la proclamation des résultats par la HCC, le jeu d’alliances est ouvert en vue du second tour. Les « zanak’i Dada » misent tout sur une alliance avec le « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ». Nul n’ignore pourtant qu’un report de voix ne sera pas forcément systématique, ni automatique. D’autant plus qu’une consigne de vote ne sera pas évident pour le HVM. Le désormais ex-parti au pouvoir n’est pas bien structuré, à l’image du résultat que le candidat à sa propre succession Hery Rajaonarimampianina a obtenu au premier tour. Le HVM est fragilisé aussi par l’indiscipline, c’est pourquoi pendant 5 années de pouvoir, le parti est devenu un spécialiste des achats de voix.
Arrestation manu militari. Le parti étant composé de « mpamadika palitao » et d’opportunistes, ce n’est pas évident que les partisans du « Kravaty Manga » au niveau des bases vont se conformer aux consignes de vote pendant le second tour. Nul n’ignore d’ailleurs que les partisans du HVM sont composés généralement d’anciennes victimes de Marc Ravalomanana après les évènements de 2002 et des partisans de la Révolution orange de 2009. Ces derniers ne pourront rien espérer du numéro Un de l’Empire Tiko qui n’est pas le genre de personne qui oublie ce qu’on lui fait subir, pour ne citer que son arrestation manu militari à Faravohitra lors de son retour d’exil et la fermeture de ses usines Magro et Tiko Andranomanelatra.
Victimes. L’on peut citer entre autres, le cas de Victor Ramahatra que Ravalo a jeté en prison après les évènements de 2002. Ce dernier était le Premier ministre lorsque le candidat « numéro 25 » a été emprisonné à Antanimora. Parmi ses victimes figure aussi l’ancien Vice Premier-Ministre en charge du Budget, Pierrot Rajaonarivelo qui a envoyé le Fisc pour lancer un contrôle fiscale contre Tiko S.A. Le 14 mars 2003, le président du MDM a été condamné à 15 ans de travaux forcés. Il a dû partir en exil pour échapper à un emprisonnement. Parmi les victimes de Marc Ravalomanana figurent aussi bon nombre des candidats malheureux du premier tour tels que Roland Ratsiraka qui a séjourné en prison, et son oncle Didier Ratsiraka qui était le principal adversaire de Marc Ravalomanana en 2002 et qui a dû s’exiler en France jusqu’à l’accession au pouvoir d’Andry Rajoelina en 2009.
« Remontada ». José Andrianoelison alias José Kely quant à lui s’est vu dérober de tous ses avoirs dont sa maison à Ambatomaro qui a complètement été réduits en cendre par les partisans de « Dada » lors de la crise 2002. Pour sa part, le Général Jean Ravelonarivo a été limogé de son poste de Directeur général du SEIMAD dès l’accession au pouvoir du « Tiako i Madagasikara ». Quoiqu’il en soit, le face-à-face au second tour entre Andry Rajoelina et son principal rival Marc Ravalomanana sera certainement un combat sans merci. Les deux principaux protagonistes de la crise 2009 auront enfin l’occasion de s’affronter à travers les urnes. En 2013, ils ont été frappés par le « ni…ni ». Reste à savoir si « Dada » parviendra enfin à réaliser un « remontada ». Outre la défaite au premier tour, le candidat présenté par le « Tiako i Madagasikara » a déjà été battu par Andry Rajoelina lors des communales de 2007.
SOURCE:http://www.midi-madagasikara.mg/a-la-une/2018/11/19/andry-rajoelina-et-ravalomanana-au-second-tour-jeu-dalliances-ouvert/