Sangaré m’a toujours fait penser à Morifing Djan Diabaté: l’hommage émouvant de T-Senn, journaliste ivoirien.

J’étais samedi matin à l’hôtel du district d’Abidjan, pour assister au mariage de mon collègue Kassi Félix. J’attendais sur l’esplanade, quand mon téléphone a sonné. Au bout du fil, Tuéhi Ariel, le fils de Dalougou Pauline, grande militante du FPI, tuée dans un accident de la circulation, il y a quelques années.
– Grando, il y a des rumeurs qui circulent qui font état du décès de Sangaré
– Sangaré Abou Drahamane ? Non, c’est pas vrai. J’ai échangé ce matin avec quelqu’un qui lui est proche. il ne m’a rien dit. Ce sont des histoires. Mais je vais m’informer et je te fais signe.
Sur ce, je compose le numéro de Maurice Lohourignon, qui sans me laisser parler me dit :
– Oui, c’est vrai, Sangaré est mort.
Je perds les pédales
– Non, c’est pas vrai. Qu’est- ce qui nous arrive ?
C’est juste ce que j’ai pu dire et je raccroche. Je rentre chez moi après le mariage. Et essaie de mettre mes idées en ordre. Sans succès.
Comment rendre hommage à Sangaré ? Je n’en suis pas digne. Des voix plus autorisées le feront. Mais en attendant, je vous invite à écouter « Regard sur le passé ». Cette chanson culte de Bembeya Jazz national.
Dans cette chanson, Aboubacar Demba Camara rend également hommage, avec force mots, à Morifing Djan Diabaté, ami de l’Almamy Samory Touré.
« Morifing Djan Diabaté grand capitaine et grand conseiller de l’Almamy a été son fidèle compagnon des jours de gloire et des jours sombres. Volontairement, il suivit l’Almamy dans son arbitraire exil gabonais. Après la disparition de celui qu’il s’était choisi comme ami, il ne retourna pas en Guinée, bien qu’il en eut la possibilité. Il creusa sa propre tombe à côté de celle de l’empereur pour qu’après sa mort, on l’y enterra, démontrant ainsi à la postérité la valeur d’un serment et ce que doit être une amitié… »
Sangaré m’a toujours fait penser à Morifing Djan Diabaté. Tous ceux qui depuis l’annonce de sa disparition parlent de lui ont un mot qui revient toujours : « Fidélité ».
Et comme le dit la chanson, « Il est des hommes qui bien que physiquement absents continuent et continueront à vivre éternellement dans le cœur de leur semblable, sont de ceux-là, l’Almamy Samory Touré, empereur du Wassoulou, le roi de Labé, l’illustre Alpha Yaya Diallo, et Morifing Djan Diabaté, symbole de l’amitié… »
Oui, Abou Drahamane Sangaré, symbole de l’amitié et de la fidélité, continuera de vivre éternellement dans le cœur de ses semblables. Dans nos cœurs. Bien que désormais physiquement absent.

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