Changement climatique/Vers une forte baisse de la production cacaoyère
Par Haidmond Kaunan/afriquematin.net
La production cacaoyère de la Côte d’Ivoire qui est déjà en baisse connaîtra une chute régulière d’ici 2020. Et ce, à cause des mesures d’expulsion des exploitants agricoles occupant de nombreuses forêts classées nationales. Mais surtout le changement climatique de ces derniers temps qui déjouent tous les pronostics des observateurs internationaux sur le tonnage du cacao de ce pays.
Estimée à plus de deux millions(2.000.000) de tonnes, la production cacaoyère de la Côte d’Ivoire de ces cinq dernières années est en deçà des estimations escomptées, tonnage qui est au-delà des attentes nationales à cause de l’occupation illicite des forêts classées. Relevant des centres de gestion de la Sodefor (société de développement des forêts), les forêts classées d’Agboville, d’Abengourou, de Gagnoa, de Daloa et de San Pedro…sont complètement infiltrées, même celle de Monogaga n’existe aujourd’hui que de nom. La conséquence est due au morcellement de ce patrimoine de l’Etat et sa vente à des exploitants agricoles avides de terres cultivables.
Même si on peut expulser les clandestins occupant les forêts des régions de l’Ouest montagneux, de la Marahoué, … ce n’est pas le cas de celles du Rapide Grah entre les sous-préfectures de Méagui et de Grand- Béréby. Cependant, l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé de mettre en application les mesures d’expulsion en 2019, en sauvant les forêts de des régions de l’Indénié, du Guémon et de la Marahoué…Ce qui va considérablement baisser le tonnage national du cacao. Avec la destruction des milliers d’hectares mis en valeurs par des d’exploitants clandestins. A cela s’ajoute le fameux problème du changement climatique qui influence négativement les espérances des producteurs. On observe un excès de pluviométrie au moment où on ne s’y attend pas, sanctionnant ainsi les statistiques nationales. A preuve au mois de juin dernier des producteurs du Sud-Ouest se plaignaient de l’attaque des cabosses par la pourriture brune liée aux hautes précipitations. Et hier déjà, des producteurs qui nous ont joints depuis San Pedro sont très soucieux quant à la production de la campagne principale, sachant que depuis près de trois semaines il n’y a pas eu de pluie dans la région. Tout ça, c’est compliqué, pour parler comme ce paysan qui nous confiait que « la terre, la pluie, la nature ne sont plus crédibles ». Et en définitive la Côte d’Ivoire devrait s’apprêter à accueillir une baisse remarquable de sa production cacaoyère d’ici 2020. Serait-ce une solution à la baisse des cours mondiaux ?