Daloa/ Utilisation du gaz butane par des taxis, il y a danger

Enquête réalisée par Bernard N’dri-correspondant permanent/afriquematin.net

Malgré l’interdiction du gouvernement, des taxis  des villes d’Abidjan, Bouaké et Yamoussoukro  sont réputés  à l’utilisation de gaz butane pour faire tourner le moteur de  leur véhicule. Depuis deux (2) ans, des milliers d’usagers des  taxis de la cité des antilopes continuent de rouler à l’aide de ce produit  sans être inquiétés.

Il est 10 heures, de ce jour d’un lundi lorsque nous empruntons un taxi au quartier Kennedy 2  pour le quartier commerce. Assis sur le siège arrière, nous sommes accueillis par une odeur étouffante de gaz, émanant du coffre arrière. Une odeur qui ne manque plus dans les taxis à  Daloa. Une cigarette allumée  est visible dans la main du chauffeur.

99 % des taxis à Daloa utilisent le gaz butane.

Tous les matins, nombreux, sont les taxis aux couleurs vertes en bordure des principales artères qui arpentent les rues pour se procurer et s’approvisionner en gaz  butane.

Les points de stations illégales de pompage de gaz pour véhicules prolifèrent partout et à ciel ouvert. Ils  sont présents dans presque tous les quartiers de la ville – sous le regard impuissant et la complicité du ministère  en charge de l’application du présent décret.

Un de point de ravitaillement en gaz butane des taxis est le siège du  syndicat des taxis- ville  au quartier Labia où une trentaine de gaz butanes prêts à être servis s’y trouvent.

Dans ces locaux, il est interdit de recevoir un journaliste, mais notre témérité a fini par payer. « Nous ne sommes pas à mesure de répondre à vos questions, référer vous au ministère. Aujourd’hui, tout le monde est informé que les taxis de Daloa  utilisent  le gaz butane pour rouler », a fait savoir, un responsable du syndicat.

Pourquoi les taxis de Daloa utilisent-ils du gaz butane ?

Selon  Koffi Hervé, l’une des principales raisons est le coût élevé de l’essence et du gasoil. « Si nous n’utilisons pas le gaz, avec le nombre de véhicules que disposent certains, nous ne pouvons pas faire de recette, car le carburant coute très cher. Il faut utiliser au moins vingt (20) litres d’essence qui coûte 21 000 FCFA  pour espérer terminer la journée. Avec  trois(3) bonbonne de gaz butanes qui coûte environ 6600 FCFA, nous arrivons à terminer  la journée avec en bonus des  recettes satisfaisantes. C’est pourquoi, nos  employeurs ont installé des bonbonnes de gaz dans les véhicules et cela nous permet de bien travailler et de faire d’excellentes recettes malgré le nombre pléthorique de taxis à Daloa. Sans compter que  des  taxis de la ville  d’Issa, nous envahissent », déplore-t-il amère.

Un Business fructueux 

Pour un coût de 2200 FCFA par bouteille de gaz butane, Ossey Franck vend au quotidien  quinze (15) à vingt (20) bouteilles de gaz butane. « C’est cela notre travail, cela nous nourrit et nous permet de satisfaire nos besoins », justifie-t-il. Mais pour le risque de danger qui peut subvenir à tout moment, il confirme « qu’il n’y a pas de danger à utiliser le gaz butane en lieu place de l’essence ou le gasoil », s’est-il défendu. Il explique que, «la bonbonne de gaz est installée dans le coffre des véhicules entre 25000 FCFA  et   30 000F CFA. ». Refusant toute fois de nous expliquer le mode de branchement.

Les conséquences de l’utilisation du gaz butane

« C’est un danger pour les populations qui inhalent le gaz à chaque course, car cela aura à terme des conséquences sur la santé des populations », a déclaré   Clémentine Yao, une commerçante.  Naki Albert indique que  « le drame est permanent, ces véhicules courent le risque d’une explosion à tout moment ». Il en veut pour preuve ce taxi qui a été consumé  au mois d’Avril en pleine opération de chargement de gaz au quartier Kennedy.   Justifiant également sa crainte par le fait que « ces taxis à gaz manquent d’entretien et ne font jamais de visite technique». Pour la véracité de cette enquête, une pénurie de gaz  butane a également  été observée,  la semaine dernière  où plusieurs taxis ont été contraints de garer. Impuissante, cette population accepte bien que mal, de monter à bord de ces véhicules, confiant ainsi leur destination à Dieu. Malgré l’interdiction, pour l’heure  aucun taxi de la ville de Daloa  n’a été mis en fourrière. Et pire, le ministère de tutelle est accusé d’occasionner cela. Nos tentatives pour rentrer en contact avec la direction des mines et du pétrole du Haut Sassandra se sont soldées par des échecs.