Indénié-Djuablin- Lutte contre la pauvreté en milieu rural/ L’Hévéaculture, le nouvel espoir !….

De notre envoyé spécial Haidmond Kaunan/afriquematin.net

Tributaires de la cacaocultazure, les paysans de la région de l’Indénié-Djuablin  ont tourné progressivement le dos à cette spéculation agricole au profit de l’hévéa qui, dit-on constitue le nouveau sésame pour combattre la pauvreté en milieu rural. Pour eux, la culture du cacao qui représentait leur principale source de revenus est confrontée aujourd’hui à plusieurs contraintes  dont l’attaque de la pourriture brune et le Swollen Shoot. Deux ennemis qui contribuent négativement à la chute de la productivité. Lors de notre visite guidée de sa plantation dans le département d’Agnibilékrou, Manzan Améa Christine de Manzanouan a rappelé que  « les agents de l’Anader  ont découvert plusieurs hectares de ma plantation contaminés par le Swollen  Shoot. Ils ont procédé à un arrachage pour éviter que cette maladie se propage dans tout le verger ».  Ainsi, les parcelles mises à nue de  la lauréate du prix Excellence de la meilleure productrice de café-cacao vont servir à l’hévéaculture. Quand bien même elle avait déjà, à son actif, plus d’une dizaine d’hectares d’hévéa dont cinq (5 ) sont entrés en production.  Le témoignage de l’ex- président  du conseil d’administration de la coopérative  Yéyobié de Sankadiokro,à Abengourou, donne un froid dans le dos. « J’avais une superficie de plus d’une trentaine d’hectares de cacao qui me permettaient de réaliser au moins plus d’une trentaine de tonnes de cacao. Le Swollen Shoot a dévasté mon champ. Il est actuellement difficile pour moi de réaliser plus de trois (3) tonnes de cacao. Je suis à la recherche de moyens pour reconvertir mon espace en hévéaculture », confie de façon pathétique le vieux Kouadio Oi Kouadio, autrefois une référence en  matière de coopérative café-cacao à Abengourou. Maurice Sawadogo, lui, estime tout simplement que « l’avènement de l’hévéaculture est là pour sauver le monde rural. Surtout chez nous à Abengourou où l’effet du changement climatique est particulier. Nous autres, le projet clé  à main du régime Henri Konan Bédié nous a permis de diversifier nos cultures ».Pour ce planteur qui a également six (6 ) hectares de bas- fonds qu’il a consacrés à la pisciculture le coût de la production du cacao et les intrants sont plus chers que le revenu annuel qui ne s’obtient que quatre mois sur douze dans une année, sachant que le tonnage oscille autour de 500 kg à l’hectare. Il révèle par ailleurs qu’en dépit du mauvais cours du caoutchouc en dehors de la cacaoculure et de la pisciculture, l’hévéa lui procure au moins plus d’1 million de francs par mois. « Même si le cours mondial du caoutchouc est bas l’on ne saurait  comparer le cacao à l’hévéa  qui procure chaque mois quelque chose de consistant au planteur. On a tendance à décourager les hévéacultures .On ne sait pas à quel politique cela répond. Et cela se voit; le régime en place n’a aucun plan pour l’hévéaculture. Cela ne nous décourage cependant pas. Sachant que c’est l’hévéaculture qui est venue pour stopper la pauvreté en milieu rural », dénonce Kablan Ehouman Richard, propriétaire de plus d’une quarantaine d’hectares d’hévéa, également  délégué régional des producteurs d’hévéa dans la zone de Zinzénou, dans la sous-préfecture d’Abengourou. « Je me suis lancé dans cette filière en 2000 avec 1,5 hectare grâce au projet PPH6 qui m’avait offert en son temps des plants. Trois ans après le démarrage de ce programme j’ai réussi à créer le reste de mes exploitations sur fonds propres », explique-t-il. Pour dire vrai, Kablan Ehouman Richard est revenu à la terre en 1999 après avoir travaillé à Abidjan et démissionné. Il dit ne pas regretter son choix. Cependant  il fait remarquer  que l’Etat n’accorde aucun intérêt à l’hévéaculture, « que l’Etat se soucie de nous comme il le fait pour  les producteurs de  cacao. Nous sommes tous des planteurs. On organise des salons sur la cacaoculture, on distribue des cabosses aux planteurs. Nous supposons que nous avons été oubliés », dénonce-t-il.