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Législatives 2025 /Pour une nouvelle configuration des débats à l’Hémicycle

Par Ablizangoh Wakatê/afriquematin.net

Les élections législatives ivoiriennes se sont tenues le 27 décembre 2025 pour renouveler les 255 sièges de l’Assemblée nationale dans un climat politique tendu, quelques mois après l’élection présidentielle d’octobre 2025 remportée par le président sortant.  

Ce scrutin s’inscrit dans un contexte où l’opposition traditionnelle était affaiblie, certains partis majeurs ayant boycotté le vote ou fait face à des divisions internes, tandis que de nombreux candidats indépendants, exclus des investitures partisanes, se sont lancés dans la course par leurs propres moyens.

Les résultats provisoires ont confirmé une large victoire du parti au pouvoir, le Rhdp, avec environ 77 % des sièges, consolidant ainsi sa majorité parlementaire.  L’opposition traditionnelle, incarnée notamment par le Pdci-Rda, a réussi à conserver une présence parlementaire malgré un net recul, décrochant plus d’une trentaine de sièges.

Les candidats indépendants ne sont pas liés par des lignes partisanes strictes, ce qui peut être à la fois une force et une faiblesse. Leur indépendance leur permet de représenter directement leurs électeurs, sans être contraints par une discipline de parti. Ils peuvent exercer un contrôle plus critique sur les propositions législatives et construire des alliances thématiques avec d’autres députés- selon les enjeux.

Cette posture peut être interprétée comme un moyen de conserver leur dignité politique en restant fidèles à leurs engagements, à s’opposer à des lois jugées injustes ou pour lesquelles ils n’ont pas reçu de mandat explicite. Ces représentants peuvent jouer un rôle essentiel d’équilibre dans une Assemblée dominée par une majorité.

Du côté du Pdci-Rda, la stratégie affichée avant le scrutin est d’éviter une Assemblée sans contrepoids, qui ouvrirait « un boulevard à tous les abus », en rappelant la nécessité d’un parlement capable de contrôler le gouvernement, d’influer sur les lois et d’empêcher des changements constitutionnels opportunistes ou des politiques partisanes sans débat.

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Même réduits en nombre, les députés d’opposition et les indépendants peuvent s’organiser pour bloquer ou amender des projets de loi controversés, initier des débats publics sur des textes jugés sensibles ou représenter des voix alternatives dans les commissions législatives. Ce rôle est encore plus important dans une Assemblée où la majorité écrasante pourrait autrement faire adopter des lois sans débats substantiels.

Les défis prioritaires pour l’opposition et les indépendants incluent la défense des droits démocratiques. Ils doivent veiller à ce que les lois respectent les principes constitutionnels, le pluralisme et les libertés publiques, et qu’elles ne renforcent pas indûment le pouvoir exécutif. Ils doivent également renforcer les structures de contrôle parlementaire, notamment les commissions d’enquête et de suivi des finances publiques pour combattre la corruption et améliorer la transparence.

 L’élection législative de 2025 a renforcé la domination du Rhdp, mais elle a aussi mis en lumière le rôle potentiel des indépendants et de l’opposition comme gardiens de la pluralité démocratique. Leur capacité à rester fidèles à la bannière morale et politique qui les a portés à l’Assemblée-au-delà des pressions partisanes ou des offres d’alliance, déterminera dans une large mesure s’ils réussiront à jouer un vrai rôle de contre-poids face à une majorité très confortable.

Dans un paysage politique dominé par un seul parti, ces députés peuvent incarner l’esprit même de la démocratie en protégeant les voix dissidentes, afin de représenter la diversité des opinions citoyennes, et assurer un débat législatif riche et équilibré.