Investissements en Afrique /Le regard et les conseils de l’initiateur du Forum Africa development

Interview réalisée par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net

De plus en plus d’Africains prennent conscience que l’État ne peut pas tout faire et se lancent désormais dans l’entrepreneuriat, une voie indiscutablement prometteuse pour le développement du continent. William Bogui, le créateur du Forum Africa Development (FAD), fait le point sur la situation et propose des pistes de réussite.

Pouvez-vous nous décrire les actions entreprises par Faucon Communication depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

Nous avons principalement axé nos efforts sur le conseil en communication et la stratégie, collaborant avec diverses entreprises et personnalités, y compris des chefs d’État. Notre expertise s’est traduite par la création de stratégies de campagne et la publication de numéros spéciaux visant à soutenir l’économie de plusieurs pays africains et de la région du Golfe.

En 2020, vous avez réussi à mettre en place un forum économique en partenariat avec la République centrafricaine, et cet événement a connu un succès retentissant. Cependant, depuis lors, il n’y a pas eu d’autres initiatives de cette envergure. Pouvez-vous nous donner plus d’informations sur la situation actuelle et les raisons pour lesquelles de telles activités n’ont pas été répétées ?

Effectivement, en 2020, nous avons obtenu la confiance de plusieurs chefs d’État, dont le plus récent est le président de la République centrafricaine, Son Excellence Faustin Touadera Archange. Dans le but de revitaliser l’économie de son pays, nous avons sous son impulsion organisé un forum économique dédié à la République centrafricaine, qui a connu un immense succès. Cet événement a également attiré l’attention des investisseurs vers ce pays, ce qui a été source de grande satisfaction pour notre équipe.

« Notre initiative vise à encourager les investisseurs à s’intéresser au secteur de la production alimentaire », indique ce jeune entrepreneur ivoirien.

Il est important de souligner que malgré les défis, notamment la perturbation causée par la pandémie de Covid-19, nous sommes toujours activement engagés sur le terrain. Nous avons rétabli notre programme, et pour la prochaine édition du Forum Africa Development (FAD) en 2024, nous nous tournons vers le Canada et la Belgique.

 Cette édition sera axée sur le financement de l’agriculture et la promotion de l’autosuffisance alimentaire. Il est impératif que tous les acteurs se mobilisent pour soutenir même le plus petit des agriculteurs, car la menace de la famine est bien réelle.

Cette initiative vise à encourager les investisseurs à s’intéresser au secteur de la production alimentaire. Après le Canada et la Belgique, notre prochaine destination pour le FAD sera Dakar, au Sénégal. Là-bas, nous aborderons le thème de « Mettre en confiance les investisseurs pour booster le secteur privé » car de nos jours, le développement socio-économique repose largement sur l’implication du secteur privé.

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Revenons maintenant à la question des investissements. Pouvez-vous nous expliquer quelles mesures vous envisagez de prendre afin de  garantir la confiance des investisseurs qui souhaitent s’engager en Afrique ?

Notre approche consiste à stimuler la confiance des investisseurs du secteur privé et à les mettre à l’aise dans la concrétisation de leurs projets, plutôt que de fournir directement des ressources à l’État. Nous poursuivons nos efforts en apportant notre expertise, comme en témoigne notre collaboration de l’année dernière avec le gouvernement togolais, où nous avons contribué à améliorer certains secteurs.

Nous avons également organisé des rencontres bilatérales, telles que les rencontres « Be to Be », avec des pays comme le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC), qui ont porté leurs fruits. En tant qu’acteurs, notre objectif est de créer un climat de confiance propice à l’attraction d’investisseurs dans tous les domaines générateurs de revenus. Nous aspirons ainsi à atteindre notre objectif ambitieux d’ici 2035, en faisant de l’Afrique un continent industriel et émergent qui serve de modèle dans le secteur privé.

En avril 2013, le magazine « Africa Development » a été lancé pour traiter des questions économiques, mais il a depuis disparu des kiosques à journaux. Pouvez-vous nous expliquer si cette disparition est due à des problèmes de mauvaise gestion ou s’il s’agissait d’une décision personnelle de votre part en tant que promoteur ?

Il n’y a pas eu de rupture dans la publication du journal. La structure chargée de l’impression et de la distribution continue de fonctionner. À l’origine, nous avons commencé en tant que conseillers en stratégie de communication et en tant que régisseurs. Notre rôle était de conseiller en stratégie de communication, puis de mettre en œuvre cette communication.

Je peux vous assurer que nous sommes toujours opérationnels. C’est dans le cadre de cette expertise que nous avons créé le Forum Africa Development (FAD), un outil visant à guider les investisseurs des États pour éviter d’être trompés par de potentiels intermédiaires peu scrupuleux. Nous avons atteint un niveau significatif dans ce domaine, ce qui constitue une source de fierté pour nous et pour nos partenaires qui ont continué à nous faire confiance. Je tiens à souligner que le Forum se porte bien.

L’organisation d’un événement tel que « La Cabosse de cacao » aurait dû être votre initiative, mais malheureusement, ce projet semble avoir été entravé. Pourriez-vous nous expliquer en détail ce qui s’est réellement passé ?

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En 2018-2019, notre projet « La Cabosse de cacao » nous a valu une invitation à participer au Salon du Chocolat en tant que structure de communication. L’idée derrière ce projet est née du constat que de nombreuses personnes méconnaissent le processus d’industrialisation du cacao, depuis la cabosse jusqu’à la fabrication du chocolat. Nous avons donc souhaité mettre en lumière cette matière première et permettre aux consommateurs de mieux comprendre le parcours du produit, de sa source dans la cabosse jusqu’à leur dégustation sous forme de chocolat.

Il est important de rappeler que dès le début du mandat du Président Ouattara, nous avons mis en place une stratégie de communication visant à donner une image positive de l’une de nos principales ressources, le cacao, qui est le pilier de l’économie ivoirienne. Il est à noter qu’il y a quelques années, en 2011, l’apparition du Swollen Shoot a fortement entravé la production de cacao en Côte d’Ivoire, impactant la qualité du produit sur le marché international. C’est pourquoi nous avons initié l’événement « La Cabosse Cacao » dans le but de redorer l’image du cacao ivoirien ternie par cet agent pathogène.

Cette stratégie s’est avérée fructueuse, et le cacao ivoirien a regagné de l’intérêt sur la scène économique internationale. Nous en sommes fiers, car notre gouvernement a également utilisé ce produit ivoirien comme catalyseur pour restaurer l’image de notre cacao grâce à un forum. Ainsi, nous continuons à jouer un rôle indispensable dans la promotion économique des États.

En ce qui concerne le cacao, nous constatons que vous êtes engagés en faveur des paysans. Pensez-vous que ce produit, tant prisé par les multinationales, se porte bien sur le marché mondial ?

Il est important de prendre en considération la situation qui a prévalu pendant la pandémie de Covid-19, où le monde entier a fait face à des difficultés économiques. Malgré ces défis, les grandes entreprises du secteur cacaoyer ont réussi à maintenir leur activité, car ce sont elles qui traitent le produit jusqu’à sa forme finale. Cependant, dans ce scénario, ce sont les producteurs de cacao qui ont été désavantagés, car ils ont souvent reçu une rémunération insuffisante, ce qui a eu un impact négatif sur leur bien-être économique.

Il est essentiel que nos décideurs prennent des mesures pour soutenir les planteurs de cacao afin qu’ils puissent avoir une situation économique plus favorable. Malheureusement, cette attention nécessaire n’a pas toujours été accordée comme il se devrait.

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Selon vous, quelles mesures l’État de Côte d’Ivoire devrait-il prendre pour mettre véritablement fin à cette disparité économique entre les producteurs et les industriels du cacao ?

Pour que les producteurs se sentent satisfaits, il est essentiel que l’État de Côte d’Ivoire mette en place des politiques visant à fournir gratuitement des intrants aux agriculteurs. Cela contribuerait inévitablement à alléger les difficultés auxquelles ils sont confrontés. L’amélioration de la qualité de la production profiterait à la fois au gouvernement, qui bénéficierait de revenus accrus, et aux industriels, qui fabriquent le produit final. Cela pourrait marquer le début d’une amélioration de la situation économique des agriculteurs. Il est important de noter que, bien que la Côte d’Ivoire soit le premier producteur mondial de cacao, les planteurs ivoiriens sont souvent considérés comme les plus démunis en termes de revenus issus de la production de cacao.

« Il est nécessaire que l’État mette en place un système d’assurance pour les agriculteurs, car leur santé est un facteur déterminant de leur capacité à produire de manière optimale. Si la Côte d’Ivoire jouit d’une réputation mondiale en matière de production de cacao, c’est en grande partie grâce aux efforts acharnés des acteurs du monde agricole, qui malheureusement se trouvent souvent parmi les plus vulnérables sur le plan socio-économique », affirme William Bogui.

En outre, il est nécessaire que l’État mette en place un système d’assurance pour les agriculteurs, car leur santé est un facteur déterminant de leur capacité à produire de manière optimale. Si la Côte d’Ivoire jouit d’une réputation mondiale en matière de production de cacao, c’est en grande partie grâce aux efforts acharnés des acteurs du monde agricole, qui malheureusement se trouvent souvent parmi les plus vulnérables sur le plan socio-économique.

De quelle assurance parlez-vous ?

Nous gardons toujours à l’esprit ce dicton affirmant que « le succès de ce pays repose sur l’agriculture ». Malheureusement, cette notion de succès reste souvent théorique, car les véritables acteurs, les agriculteurs, ne récoltent pas les bénéfices de cette réussite. Nous exhortons nos dirigeants à se rapprocher davantage des agriculteurs, à instaurer la confiance, et à leur fournir les ressources essentielles pour améliorer leur qualité de vie. Cela permettrait de concrétiser la réalité de la Côte d’Ivoire.

Il est important de noter que les agriculteurs rencontrent des difficultés pour écouler leur production. En conséquence, ils sont souvent contraints de vendre leur récolte à des prix dérisoires en bord de champ. Cette situation découle en grande partie de l’absence d’une organisation adéquate du transport des produits. Actuellement, nous assistons à une situation où il y a plus de cacao de qualité inférieure que de cacao de qualité supérieure sur le marché.