RCA/Une personnalité atteste que la petite crise survenue en Russie n’entame en rien les relations qui ont toujours existé entre les deux États.

Pour la première fois, La Centrafrique a réagi aux événements survenus récemment en Russie. Les autorités centrafricaines espèrent que tout devrait rentrer en ordre, mais elles ajoutent aussi que si les Français et les Américains veulent venir sécuriser le territoire centrafricain, « ils seront les bienvenus ». Ainsi s’exprime dans cet entretien le premier vice-président de l’Assemblée nationale centrafricaine Évariste Ngamana sur différentes questions liées au développement politico-social de son pays.

  Pourquoi voulez-vous changer de Constitution ?

 Vous savez que c’est le peuple centrafricain dans son ensemble qui a fortement milité pour le changement de cette Constitution, étant entendu que la Constitution du 30 mars 2016 renfermait beaucoup de manquements et que c’était une Constitution qui avait été adoptée après la période de transition. C’est ainsi que vous avez vu, dans un passé récent, il y a eu des marches, des manifestations, des mémorandums, des pétitions qui ont été destinées aux autorités centrafricaines, demandant, effectivement, le changement de cette Constitution, la prise en compte des résolutions issues du dialogue républicain qui s’est tenu à Bangui en mars 2022.

« – Ce qui compte pour nous aujourd’hui, c’est la réécriture de cette nouvelle Constitution. Les autres débats ne sont que du dilatoire. »

En changeant cette Constitution le président Faustin-Archange Touadéra n’envisage-t-il pas briguer un troisième mandat en 2025 ?

– Ce qui compte pour nous -, c’est la réécriture de cette nouvelle Constitution. Les autres débats ne sont que du dilatoire.

Oui, mais vous ne répondez pas à la question qui est qu’en changeant les textes de la constitution, le président ne vise pas un troisième mandat ? Si cette nouvelle Constitution est adoptée.

Une nouvelle Constitution revient à dire que c’est une nouvelle République, et si le président de la République répond aux critères d’éligibilité, pourquoi pas, c’est un Centrafricain comme tout autre et c’est le peuple centrafricain qui tranchera à travers les urnes.

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Donc les compteurs vont bien être remis à zéro ?

Le compteur sera remis à zéro, puisqu’il s’agit d’une nouvelle République, et d’un nouveau départ.

Donc le président Touadéra sera-t-il le candidat naturel du parti pour la prochaine présidentielle de 2025 ?

Il est prématuré de vous dire un mot sur cette question, puisque au moment venu, c’est le MCU qui va se réunir en congrès pour décider s’il sera candidat ou pas. Donc pour l’instant, je ne peux pas vous dire si c’est Touadéra, – mais le moment venu, vous le saurez.

Pour l’organisation de ce référendum, comptez-vous notamment sur le soutien du Rwanda et de la Russie ?

Mais pourquoi vous ne parlez que de la Russie et du Rwanda ? On pourra aussi compter sur la France, les États-Unis, la Chine, etc. Mais en ce qui concerne la question du mécontentement en Russie, c’est un problème purement intérieur à la Russie. Notre relation avec la Russie, c’est une relation d’État à État et nous ne pouvons que nous conformer à cela.

 Comment avez-vous réagi en voyant récemment les images d’Evguéni Prigojine qui entrait en rébellion contre Vladimir Poutine ?

C’est un problème purement « russo-russien », donc c’est entre les Russes, cela n’entame en rien les relations qui ont toujours existé entre nos deux États. Donc nous osons espérer que tout va rentrer dans l’ordre et que nos liens de coopération vont demeurer comme à l’accoutumée.

Mais concrètement, -, les deux chefs du groupe paramilitaire Wagner qui sont dans votre pays, côté militaire, l’ancien légionnaire français Vitali Perfilev, et côté politique, Dmitri Sytyi, ces deux resteront-ils à Bangui ou pas ?

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Je n’en sais rien, puisque je ne connais pas leur fonctionnement. Vous savez, les hommes passent mais les institutions demeurent, donc ce qui compte pour nous, c’est la relation d’État à État qui ne date pas d’aujourd’hui entre la République centrafricaine et la fédération de Russie.

Vous sollicitez certains pays amis y compris la France qui sont les bienvenus pour aider à l’organisation du référendum du 30 juillet prochain, la France reste-t-elle pour vous un pays ami ?

Mais pourquoi pas ! On a un lien séculaire, historique, culturel avec la France, même économique. Si la France veut venir nous prêter main forte, elle est la bienvenue. Je pense qu’on n’a pas de problèmes avec la France.

Après ce qu’il s’est passé samedi dernier en Russie, avez-vous intérêt à maintenir cette alliance militaire privilégiée avec ce pays ? Ou avez-vous intérêt à diversifier vos alliances militaires avec d’autres pays, pourquoi pas les États-Unis, pourquoi pas la France ?

Tout le monde est bienvenu en République centrafricaine. Donc aujourd’hui, si d’autres États se manifestent pour venir nous prêter main forte, de manière sincère et de manière durable, nous, nous sommes disposés et disponibles pour les accueillir, ils sont les bienvenus.

 Lors du sommet États-Unis Afrique de Washington de décembre dernier, le président Biden a proposé un plan de sécurisation au président Touadéra, à condition que les Russes quittent la République centrafricaine. Pensez-vous que les Américains et les Russes pourront-ils cohabiter sur le même territoire qui est le vôtre ?  

Ça, c’est vous qui le dites, mais nous avons des exemples sur le continent africain où ces deux États coopèrent et collaborent. Et je pense que le gouvernement centrafricain a travaillé sur le dossier, ça a déjà été transmis au niveau des États-Unis, donc nous attendons la suite. La République centrafricaine ne ferme pas la porte à qui que ce soit.

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Donc, peut-on dire que vous avez répondu à la proposition américaine vu que vous n’avez pas fermé la porte à la proposition Biden ?

Évidemment, puisqu’ils voudraient nous aider, est-ce qu’on doit dire non ? Et si la France veut nous aider, on ne dira pas non.

Source: rfi.fr