after header

Vers une interprofession forte : Koné Moussa appel à l’unité des producteurs de café et cacao en Côte d’Ivoire

Franck Elisé Bouabré, correspondant Afriquematin.net 

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et acteur majeur dans la filière café, connaît depuis quelques années une profonde mutation de ses structures professionnelles. Au cœur de cette transformation : la volonté de donner une voix plus forte, plus légitime et plus unie aux véritables acteurs du secteur, les producteurs. Cette dynamique, portée par des organisations telles que le Syndicat National Agricole pour le Progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI) et l’Organisation Nationale de la Profession Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ONPCC-CI), marque le début d’une nouvelle ère pour les agriculteurs ivoiriens.

Longtemps, la gestion du secteur café-cacao s’est heurtée à la fragmentation et à la faible représentativité des structures censées défendre les intérêts des producteurs. Trop souvent, seules des minorités parvenaient à accéder aux instances de décision, laissant la majorité des exploitants à l’écart des débats cruciaux : fixation des prix, gestion des infrastructures rurales, amélioration des conditions de vie et de travail.

C’est ce constat qui a poussé des leaders syndicaux, à l’image de Koné Moussa, président du SYNAPCI, à s’engager publiquement pour une mobilisation générale. Le samedi 26 avril 2025, lors d’une cérémonie officielle, il a lancé un appel solennel aux 868 000 adhérents de son syndicat. Son message était clair : l’avenir du secteur passe par une adhésion massive à l’ONPCC-CI et par la construction d’une interprofession crédible.

Pour Koné Moussa, cette mobilisation n’est pas un simple acte de soutien, mais une nécessité stratégique. « Il est temps que les décisions majeures du secteur soient prises avec et pour les producteurs », a-t-il insisté devant une assemblée attentive. Son objectif : renforcer la légitimité des représentants et garantir la participation active des agriculteurs à toutes les étapes du processus décisionnel.

LIRE AUSSI :   Côte d'Ivoire/ Enlèvement et trafic d'enfants: une fondation pour Bouba voit le jour (exclusif)
Mobilisation lors de la cérémonie

Le SYNAPCI, à travers ses responsables, ses délégués, ses secrétaires de section et ses comités de base, a ainsi pour mission d’engager un dialogue de proximité avec les producteurs. Il s’agit de les sensibiliser à l’enjeu de cette nouvelle organisation et de les encourager à y adhérer massivement. Car la réussite de ce projet repose sur un chiffre : 786 000 producteurs ont déjà signé leur engagement, mais il reste encore un chemin à parcourir pour atteindre une représentativité totale.

Au-delà de l’adhésion, c’est l’unité entre toutes les composantes du secteur qui est recherchée. Blondé Obed, vice-président de l’ONPCC-CI, a rappelé la nécessité d’éviter les luttes de leadership et de privilégier une organisation forte, structurée et capable de défendre les intérêts collectifs. Pour lui, la transition actuelle offre une opportunité historique : celle de construire une interprofession solide, pérenne, et véritablement au service des producteurs.

Le soutien affiché par le SYNAPCI à l’ONPCC-CI s’inscrit donc dans une démarche d’unification indispensable pour affronter les défis à venir. Qu’il s’agisse de la fixation des prix, de la gestion des produits agricoles ou de l’entretien des infrastructures, aucune avancée durable ne pourra être obtenue sans une représentation forte et légitime des producteurs à la table des négociations.

Le gouvernement ivoirien, conscient des enjeux économiques et sociaux liés à la filière café-cacao, accompagne cette mutation. Il encourage la structuration des organisations et favorise la mise en place d’une interprofession reconnue, capable de faire entendre la voix des producteurs sur la scène nationale et internationale.

En soutenant la constitution d’une organisation nationale inclusive, les autorités entendent éviter la répétition des erreurs du passé, marquées par la division et la marginalisation des petits producteurs. Cette nouvelle approche pourrait ouvrir la voie à une gestion plus équitable, plus transparente et plus efficace du secteur.

LIRE AUSSI :   Mali: 5 morts dans l'attaque d'un convoi militaire au centre du pays

L’appel à l’unité et à la représentativité lancé par les leaders syndicaux n’est donc pas qu’un simple slogan. Il s’agit d’un véritable projet de société, porteur d’espoir pour des centaines de milliers de familles ivoiriennes vivant du café et du cacao. En se mobilisant autour d’une organisation forte, les producteurs de Côte d’Ivoire se donnent les moyens de peser sur leur avenir et de transformer durablement leur secteur.

L’unité des producteurs, condition sine qua non d’une prospérité partagée, semble aujourd’hui à portée de main. Reste à transformer l’essai, pour que la Côte d’Ivoire continue d’écrire l’histoire du café et du cacao, cette fois, avec et pour ses producteurs.