Tchad/Le peuple veut une communauté internationale qui pourrait agir à ses côtés

Le dialogue national inclusif et souverain doit se terminer à la fin de la semaine. Certaines conclusions importantes ont été formulées par la plénière et une nouvelle transition de deux (2) ans va s’ouvrir qui sera dirigée par Mahamat Idriss Déby. À l’issue de laquelle, il pourra, comme les autres responsables de la transition, briguer les suffrages des électeurs. Le chef du parti des transformateurs, Succès Masra clarifie sa position.

 Le dialogue national, inclusif et souverain a décidé que Mahamat Idriss Déby pourrait se présenter aux élections qui auront lieu à la fin de la transition. Comment réagissez-vous à cette décision ?

 Le droit d’être candidat n’est pas le devoir d’être candidat. Je crois que le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Déby, s’était engagé et il ne s’est pas encore prononcé à la suite de ce qui sort des discussions du palais du 15-Janvier où les participants jugent bon de lui laisser l’option d’être candidat. Il y a des choses auxquelles on peut avoir droit, mais qui politiquement peuvent apparaître inopportunes. Ce sera à lui, soit de s’en tenir à l’engagement initial, soit alors d’expliquer aux Tchadiens, et aux uns et aux autres, pourquoi peut-être, il renoncera à ce choix initial.

« Si Mahamat Idriss Déby est candidat, alors il va falloir à un moment donné que les équilibres en amont soient faits de manière à créer la confiance »

Donc, dans un premier temps, il va diriger cette transition qui pourrait durer deux ans. À quelles conditions cette transition peut-elle fonctionner ? Le fait qu’elle soit dirigée par Mahamat Idris Déby est-il un problème ?

Cela dépend de la manière dont on va organiser les organes de la gestion de la transition. Ce n’est pas une question personnelle. Ce n’est pas une question nominative. C’est une question sur la manière de cogérer cette transition de façon à ce que, à la fin, la confiance soit restaurée pour permettre que les élections qui vont en sortir soient de vraies élections. Pour l’instant, il n’a pas encore dit ses intentions. Peut-être que, j’imagine, à la fin de la transition, il décidera de ne pas être candidat.

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Et s’il se présentait comme candidat ?

S’il est candidat, alors il va falloir à un moment donné que les équilibres en amont soient faits de manière à créer la confiance, parce que s’il a tous les pouvoirs entre les mains. Vous savez que tout pouvoir tend à corrompre. Et le pouvoir absolu corrompt absolument. Et donc, on ne peut pas se permettre de faire cela. C’est pour cela que la question de la manière de gérer la suite de la transition va dépendre aussi de sa clarification.

Aujourd’hui, les discussions du palais disent qu’il peut être candidat, ce qui n’est pas ce sur quoi il s’est engagé. S’il a changé, il doit pouvoir le dire. Et la manière d’organiser la gestion de la suite doit intégrer ces éléments-là pour nous permettre d’aboutir à quelque chose de crédible pour tout le monde. Parce que finalement, personne n’a peur d’affronter Mahamat [Idriss Déby] à une élection. Nous l’avons dit, en tout cas pour nous, dès le début : si les conditions d’une élection de manière équilibrée sont au rendez-vous, les résultats vont s’imposer à tout le monde. Et c’est pour cela que les Tchadiens sont prêts, d’une certaine manière, à s’engager.

Comment peut-on faire pour organiser cette cogestion à laquelle vous appelez ?

Concrètement, ce sont les équilibres du pouvoir. Aujourd’hui, telles que les résolutions sont en train d’être prises, tous les pouvoirs seront entre les mains d’une seule personne. Ceci n’est pas défendable. La question, par exemple, de l’inamovibilité des dirigeants des organes de la transition et des membres des différents organes de transition, y compris l’organe qui sera chargé des élections, on n’en parle pas. Tout cela doit être discuté.

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Un autre dialogue qui prolonge celui-là est-il possible?

D’une manière ou d’une autre. Sous un deuxième format ou un autre. Mais ce qui est indispensable, c’est qu’il va falloir avoir des discussions qui vont permettre de cocréer les conditions de quelque chose qui va prendre en compte quelques bonnes idées qui sont sorties de ce palais du 15-Janvier. Mais auquel il faut ajouter des choses majeures qui ne sont pas dans ce palais-là…

Comme quoi par exemple ?

Par exemple, la libération des prisonniers de guerre. Les conditions que nous, nous exigeons pour être sûrs que les organes de transition ne soient pas entre les mains d’une personne, ne soient pas dominés en représentativité par des gens qui en réalité viennent peut-être d’une partie du pays. Tout cela, c’est des équilibres que nous devons mettre pour nous permettre d’y arriver.

Qu’attendez-vous aujourd’hui de la communauté internationale ?

De tenir ses engagements, puisque la communauté internationale a pris aussi des engagements, que ce soit la France, que ce soit les États-Unis, que ce soit l’Union africaine, que ce soit les Nations unies, que ce soit l’Union européenne. Cette communauté internationale qui a dit qu’elle sera à côté du peuple tchadien pour que la vraie démocratie soit au rendez-vous et qu’il n’y ait pas de plan de succession dynastique ou de transmission dynastique du pouvoir, etc. C’est à l’aune de cela que tout le monde est attendu aujourd’hui.

Les Tchadiens ne veulent pas de communiqués pour exprimer les inquiétudes. Les Tchadiens veulent une communauté internationale qui pourra agir à côté du peuple tchadien sur la base de la justice et de l’égalité.

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Source : rfi.fr