Referendum constitutionnelle : Charles Blé Goudé appelle au boycott du referendum constitutionnel
Par Christ Zorro Afriquematin.net
L’ex-leader de la galaxie patriotique et ancien ministre de la jeunesse du dernier gouvernement du président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, S’est prononcé sur l’événement politique actuelle qui canalise l’attention des Ivoiriens : Le référendum constitutionnel. Ci-dessous, L’intégralité de son intervention depuis sa détention à la célèbre prison de Scheveningen, à la Haye.
Avec une précipitation aussi douteuse que suspecte, le président ivoirien a fait adopter aux forceps, par l’Assemblée nationale, son projet de nouvelle constitution. Sous le fallacieux prétexte de vouloir tourner la page de l’ivoirité dont le concepteur et le promoteur est pourtant, le président Henri Konan Bédié, son actuel allié, le président Alassane Ouattara appelle les ivoiriens à une élection référendaire le 30 octobre prochain. Au-delà de tous les débats constitutionnalistes, quelques interrogations méritent d’être posées :
- En quoi la nomination inopportune et aux pas de course, d’un vice-président constitue-t-elle une urgence pour la Côte d’Ivoire, si ce n’est d’imposer au peuple un prince héritier, déjà dans l’antichambre de la présidence, pardon du royaume ?
- En quoi la nomination d’un vice-président participe-t-elle à tourner la page de l’ivoirité ?
- En quoi la création d’un sénat budgétivore, au moment où les Ivoiriens croupissent toujours sous le poids de la pauvreté, est-elle une urgence et participe-t-elle à tourner la page de l’ivoirité ?
- En quoi la nomination d’un tiers des membres du sénat participe-t-elle à tourner la page de l’ivoirité, si ce n’est de distribuer des postes à des amis pour service rendu ou de récompenser des allégeances ?
- En quoi la suppression de la limite d’âge pour faire acte de candidature à la présidence de la République participe-t-elle à tourner la page de l’ivoirité ?
- En quoi l’utilisation de deux bulletins de vote en lieu et place du bulletin unique participe-t-elle à tourner la page de l’ivoirité, si ce n’est un deuil de la transparence du scrutin à venir et un déni de démocratie ?
- En quoi l’embouteillage inutile créé au sein de l’exécutif avec un Président, un Premier ministre et un vice-président-prince encombrant, participe-t-il à tourner la page de l’ivoirité ?
À moins d’être frappé d’une cécité politique, il apparait clairement que c’est une monarchie naissante que s’apprête à nous imposer le régime, par la constitutionnalisation des arrangements au sein d’un groupement politique privé. En clair, le Président Ouattara veut se servir de notre loi fondamentale pour régler son problème testamentaire entre ses héritiers et ses alliés politiques. Pire, la suppression de la limite d’âge est une remise en cause du processus de rajeunissement de la classe politique et de l’alternance entamée par le Président Laurent Gbagbo qui, du reste, n’a jamais été tenté de toucher à cette clause de notre loi fondamentale, tant elle traduisait sa vision du pouvoir. Si cette Constitution n’est pas une stratégie particulièrement concoctée contre Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale, devenu gênant et de qui le régime tente de se débarrasser comme un mégot de cigarette, elle l’est singulièrement pour nombre de jeunes leaders politiques de notre génération et des générations futures, qui nourrissent des ambitions somme toute légitimes, et qui ont une vision pour un jour servir leur pays par l’exercice du pouvoir d’État.
C’est peu dire d’affirmer que ce projet controversé veut nous obliger à entrer en compétition, en concurrence, voire en conflit avec des personnalités âgées de plus de 75 ans, en déphasage total avec les réalités de notre époque, et aux affaires depuis nos années collège, pour ne pas dire nos années d’école primaire. Alors, à quel âge allons- nous, nous aussi, servir notre pays un jour ? Quand même.
- Pour donc faire l’économie de ce conflit et de cette concurrence contre nos grands-parents (pour qui nous avons beaucoup de respect),
- Pour dire ‘’NON’’ au maintien d’une oligarchie en déphasage totale avec les réalités et les exigences de notre époque,
- Pour aider notre pays à s’inscrire en lettre d’or sur la liste des pays qui pratiquent l’alternance démocratique,
- Pour faire obstacle à cette monarchie naissante
- Pour répondre à l’appel de l’histoire, et ne pas nous faire complices de la privatisation de notre loi fondamentale par le clan au pouvoir
J’appelle, en soutien au combat de l’opposition dans son ensemble, le peuple de Côte d’Ivoire et toute notre génération en particulier, dans toute sa diversité ethnique, politique et religieuse, à un DÉSERT ÉLECTORAL au score sans appel et à UNE ABSTENTION RETENTISSANTE le 30 octobre prochain pour dire ‘’NON’’ à cette imposture de trop.
Par abus d’autorité et de pouvoir, le régime peut certes nous empêcher de nous rassembler, de marcher, de faire des meetings, il peut même nous réprimer et nous emprisonner comme il le fait depuis 2011. Mais, il ne peut nous contraindre à quitter notre domicile le 30 octobre prochain, pour aller voter. L’artificialité et la répression érigées en mode de gouvernance, les manœuvres en cours ne peuvent que retarder notre volonté irréversible d’étancher notre soif de démocratie, elles ne peuvent jamais l’arrêter!
C’est le lieu d’adresser mes encouragements et mes félicitations à toute l’opposition ivoirienne dans son ensemble, pour toutes les actions déjà engagées pour faire entendre la voix et la douleur du peuple. Vive la Côte D’Ivoire démocratique, unie, une et indivisible !
Fait à La Haye le 25 octobre 2016
Charles Blé Goudé Homme politique en détention à La Haye