RDC : vers un énième conflit communautaire ?
Les populations de la province du Haut-Uele à l’extrême nord-est de la RDC disent craindre la présence d‘éleveurs nomades peuls venus de pays voisins. Quitte à rendre la cohabitation difficile avec les autochtones.
De la menace dans l’air et de la peur dans le ventre dans des localités du Haut-Uele à l’extrême nord-est de la RDC. Ici, l‘épouvantail, c’est bien la présence des Mbororos, des éleveurs venus de la Centrafrique, du Cameroun et du Tchad.
Et ces derniers temps, les médias aussi bien locaux qu’internationaux s’emploient à sonner le tocsin en rapportant les cris d’alarme des populations. « Ils sont arrivés chez nous. Ça déstabilise toute la population là-bas. Leurs vaches sont en train de dévaster les champs des paysans », a expliqué à l’AFP, le gouverneur par intérim de l’Ituri, Pacifique Keta, qui évoque la présence de 3.000 hommes et « 15.000 à 20.000 vaches ».
Un cri de détresse pris au sérieux par la société civile qui a observé mardi une journée ville morte pour dénoncer « un projet en gestation appelant les populations du territoire de Dungu à une cohabitation pacifique avec les éleveurs étrangers, les Mbororos », rapporte Radio Okapi.
Et d’après Dieudonné Ngagupay, président de la société civile de Dungu cité par la radio onusienne, « une délégation des pays concernés séjourne depuis lundi 25 mars à Dungu pour sa concrétisation. Il cite notamment les délégations de Tchad, Cameroun, République Centrafricaine, Guinée-Équatoriale et Angola ».
Les évêques aussi inquiets
L’initiative est également mal perçue du côté du clergé congolais. « Les éleveurs Mbororo s’installent de plus en plus sur le territoire congolais, et la présence d’autres éleveurs locaux devient une source d’insécurité pour la population dans les territoires de Watsa et de Rungu. De tels mouvements migratoires désordonnés font du nord-est du pays, où le pouvoir de l’Etat est quasiment imperceptible à certains endroits, le ventre mou du territoire national qui peut se prêter facilement au risque de la balkanisation du pays », écrivaient la semaine dernière les évêques des provinces de provinces de Tshopo, Ituri, Haut et Bas-Uele.
Des craintes qui rappellent de nombreux conflits communautaires. Le cas de l‘éternel conflit conflits fonciers intercommunautaires entre les ethnies Hema et Lendu dans la province de l’Ituri. Et il n’y a pas que l’est ! En décembre dernier, des violences ont fait des centaines de morts dans un différend entre les ethnies Banunu et Batendé dans le territoire de Yumbi au bord du fleuve Congo, à l’ouest du pays.
La présence des Mbororos constitue donc la menace d’un énième conflit communautaire à l’est de la RDC. Quitte à fragiliser davantage une paix mise à mal par des milices dont les ADF venus de l’Ouganda qui, depuis des lustres, tuent, pillent, violent…. Allègrement et cyniquement, sans foi ni loi.