Prix Félix Houphouët-Boigny-UNESCO pour la recherche de la Paix/ Le discours du président Bédié

Henri Konan Bédié, Protecteur du Prix Félix Houphouët-Boigny-UNESCO pour la recherche de la Paix, a tenu un discours mémorable, ce mercredi 8 février 2023 à Yamoussoukro, lors de la remise du prix à l’ex Chancelière allemande, Angela Merkel.

Ci-dessus le discours du président du Pdci-Rda.

Messieurs les Présidents,

Madame la Directrice générale de l’UNESCO,

Madame la Lauréate,

Monsieur le Président du Jury,

Madame la Première Dame, Dominique OUATTARA,

Madame Thérèse Houphouët-Boigny,

Madame Henriette Konan BEDIE,

Monsieur le Ministre, Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro,

Monsieur le Maire de la Commune de Yamoussoukro,

Professeur Jean-Noël LOUCOU, Secrétaire Général de la Fondation Félix HOUPHOUET-BOIGNY pour la recherche de la paix,

Distingués membres de la famille Houphouët-Boigny,

Excellences,

Mesdames, Messieurs, Honorables invités

C’est pour moi, un immense privilège de prendre la parole, à l’occasion de la remise du Prix FÉLIX HOUPHOUËT – BOIGNY POUR LA RECHERCHE DE LA PAIX.

L’émotion qui m’étreint est d’autant plus intense que notre rendez-vous, cette année, se déroule pour la seconde fois, ici à Yamoussoukro, cette belle et magnifique cité au cœur de la savane ivoirienne, ville du Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, le Président Félix Houphouët-Boigny.

Je voudrais, Monsieur le Président de la République, Alassane Ouattara, vous exprimer toute ma reconnaissance pour votre présence effective à ce moment historique où le PRIX FÉLIX HOUPHOUËT BOIGNY-UNESCO POUR LA RECHERCHE DE LA PAIX va être décerné à une Grande Dame qui a marqué l’histoire récente du monde.

Je salue chaleureusement le Président Macky SALL, Président de la République du Sénégal, qui représente le Parrain du Prix, le Président Abdou Diouf qui nous a aidés à assurer la pérennité du Prix.

Je salue la présence de mon jeune frère, le Président Laurent Gbagbo et son épouse.

J’ai l’honneur de saluer et remercier de façon particulière la présence de Madame Thérèse HOUPHOUET-BOIGNY ainsi que les membres de la famille HOUPHOUET-BOIGNY, car leur présence parmi nous ce matin nous réconforte à plus d’un titre.

J’associe à ces remerciements Madame Audrey AZOULAY, Directrice Générale de l’UNESCO, les membres du Jury du prix avec à leur tête le Docteur Denis MUKWENGE et Monsieur Firmin MATOKO, Sous-directeur Général pour la priorité Afrique et les Relations extérieures.

Messieurs les Présidents,

Honorables invités

Notre rencontre de ce jour nous permet d’évoquer l’histoire et la mémoire de celle-ci.

LIRE AUSSI :   France/Les « foulards rouges » pour défendre la république

Ainsi, j’affirme avec certitude et avec foi que nous sommes rassemblés ici, ce jour, pour célébrer la mémoire des grands hommes en signe de reconnaissance des actes exemplaires qu’ils ont posés, les chemins de paix qu’ils ont tracés, en vue, d’un avenir heureux pour nos peuples.

La cérémonie de ce jour est, également, une occasion de célébrer la mémoire de Félix Houphouët – Boigny, bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne et il a fait de la recherche de la paix par le dialogue un sacerdoce politique.

La Côte d’Ivoire, l’Afrique, le monde doivent, à cet homme providentiel, d’avoir œuvré au rassemblement de peuples divers, venus de tous les horizons, en vue d’inventer une terre d’hospitalité, une nation fraternelle dont le taux d’immigration est sans pareil.

Nous lui devons d’avoir mobilisé les Ivoiriens et les Ivoiriennes pendant plusieurs décennies pour accueillir dans les familles, dans les nos villes et villages des réfugiés de pays africains en crise ou en Guerre (Libéria, Sierra Léone, Angola, Nigéria).

Avec le Président Félix Houphouët BOIGNY, on ne parlait pas de réfugiés, mais de frères humains en détresse que Dieu nous envoyait et qu’il fallait accueillir comme tels. Le Président Houphouët BOIGNY ne fit jamais bâtir des camps de réfugiés, mais demanda de les accueillir dans nos villes, villages et de les intégrer.

Messieurs les Présidents

Honorables invités

Vous comprenez donc pourquoi, avec vous, je veux féliciter le jury du prix Félix Houphouët- Boigny, pour le choix judicieux porté sur la personne de Madame la Chancelière, Angela Merkel.

Aussi, voudrais-je vous prier d’adresser publiquement, en hommage à Madame Angela Merkel et en signe de reconnaissance de son mérite, « un standing ovation » pour saluer ses combats et ses victoires.

Madame la Chancelière, en vous accueillant ici à Yamoussoukro, nous accueillons, une personnalité d’un courage et d’un moral politique exceptionnels. Sous votre autorité, l’Allemagne a accueilli, entre 2015 et 2016, plus d’un million deux cent mille (1.200.000) réfugiés et demandeurs d’asile, au plus fort du conflit syrien et dans des contextes de violences meurtrières dans d’autres endroits du monde.

Outre l’accueil et la protection des personnes contraintes à fuir la Guerre, les persécutions et les violations des droits humains, vous avez, Madame, été la force motrice de la grande mobilisation et des efforts déployés par les allemands dans toutes leurs diversités. L’Allemagne rassemblée pour une cause a pu ainsi aider ces hommes en détresse à s’intégrer dans la société de votre pays en rejetant tout nationalisme étriqué.

LIRE AUSSI :   Côte d'Ivoire-Présidentielle 2020/Alassane Ouattara risque gros

A cette époque, vous aviez déclaré, et je vous cite : « c’est une situation qui met à l’épreuve nos valeurs européennes comme rarement auparavant. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un impératif humanitaire. » (Fin de citation)

Vous avez posé, comme l’a indiqué, récemment, Monsieur Filippo Grandi du HCR, un acte fort qui faisait appel à notre humanité commune et s’opposait à ceux qui répandaient la peur et prônaient la discrimination.

L’histoire se répète toujours ; les grands changements s’effectuent toujours dans la douleur ; nos sociétés ne saisissent toujours pas de manière palpable les points de basculement de notre Histoire. Nous sommes obnubilés par les privilèges du moment qui oblitèrent souvent notre capacité à relever les défis urgents.

C’est à ce moment-là que les qualités des grands dirigeants s’activent comme un facteur, comme une enzyme déterminante, de changement qui fait passer notre monde à un nouveau stade de progrès vers l’épanouissement de nos peuples.

Comme les héros d’hier, vous avez pris sur vous de prendre une urgente et importante décision, celle de venir en soutien à des hommes et à des femmes en détresse.

En définitive, Madame la chancelière, pour paraphraser la Secrétaire d’État des USA, Madame Madeleine Albright, une autre Grande Dame de notre histoire récente, vous n’êtes pas spectatrice de l’histoire de l’humanité ; vous êtes une actrice majeure dans la transformation de notre monde en crise de ses valeurs d’humanisme, de solidarité et de partage.

Dans ce sens, vous êtes une digne héritière de Félix Houphouët- Boigny dans les grandes dimensions de votre action pour construire la paix au profit de ceux et celles qui souffrent.

Vous êtes une héritière remarquable des grands hommes et des grandes femmes d’action, qui dans le monde entier, ont été sensibles à la peine de l’autre, au respect de sa liberté, de son intégrité et de sa dignité.

Vous avez changé le désespoir de millions d’hommes, de femmes et d’enfants en un nouvel espoir pour eux-mêmes et leurs descendants.

Vous êtes la digne héritière de votre famille qui vous a enseignée les valeurs de l’amour, un amour attentif à la souffrance des hommes.

LIRE AUSSI :   Souveraineté d'Israël sur le Golan/L'Iran accuse Trump de « colonialisme »

Avec vous, nous aussi, nous nous réclamons de l’héritage de Félix Houphouët – Boigny, ainsi que de toutes les grandes personnalités qui ont marqué de leurs empreintes, l’Afrique et le monde au service du bonheur des populations et de la paix.

Nous avons le devoir de nous approprier les réalités d’aujourd’hui pour trouver des solutions durables au service de la paix dans le monde.

Je pense à toutes les parties du monde où persistent encore des conflits. Je pense à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest, aux crises en Centrafrique et en République Démocratique du Congo.

Il me plaît, s’agissant de la République Démocratique du Congo, de saluer le combat de Madame Julienne Lussenge, contre des violences faites aux femmes. Je remercie le jury d’encourager son action en lui décernant une mention spéciale.

Je pense à l’Europe, avec le conflit russo-ukrainien dont le bilan humain et matériel devient de plus en plus lourd avec des milliers de morts, de blessés et de déplacés en Europe.

Je pense à l’Afghanistan ;

Au total, ce sont aujourd’hui selon les chiffres du HCR plus 100 millions de personnes en déplacement forcé dans le monde.

A cet effet, je me réjouis de toutes les initiatives qui sont prises pour assister les pays d’accueil ainsi que les victimes de la guerre.

Il est temps d’agir ensemble pour engager de manière concertée des solutions qui garantissent la paix afin d’éviter un nouveau drame à notre monde.

J’ai aussi une pensée pour mon pays la Côte d’Ivoire qui peine encore à engager un dialogue franc et sincère entre tous ses fils et filles, pour construire une paix durable au service du bonheur de ses populations et de celles de l’Afrique de l’Ouest.

Héritiers de Félix Houphouët Boigny, je crois qu’en mobilisant toutes nos énergies, à nouveau, nous pouvons préparer un héritage de paix pour les générations de demain ici même en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde.

Comme la Chancelière Angela Merkel, j’affirme avec vous : « Nous pouvons le réaliser ! »

Je vous remercie de votre aimable attention.

​​​Fait à Yamoussoukro, le 08 février 2023

​​​Henri Konan BEDIE

Protecteur du Prix Félix Houphouët-Boigny-UNESCO pour la recherche de la Paix

Ancien Président de la République de Côte d’Ivoire