Presse /Journalisme : entre militantisme et professionnalisme, l’ANP Academy, tire la sonnette d’Alarme

Sérikpa Djeckou De Sylva / afriquematin.net

La presse d’informations générales et plus précisément, la presse politique en Côte d’Ivoire est réputée être une presse fortement politisée qui publie des articles partisans. Pour mettre fin à cette situation, une table ronde a réuni le vendredi 21 janvier à la salle Cgrae-Umoa, à Abidjan, deux directeurs de publication des journaux politiques. César Etou, de « la voie originale » et Charles Sanga de « le Patriote ».

L’Autorité Nationale de la Presse (ANP), veut certainement mettre fin à cet état de fait. A l’épreuve du monotoring quotidien des contenus des articles de presse, elle observe, la violation de l’équilibre de l’information. Loin d’être commise par ignorance, elle l’est de façon délibérée, en raison du privilège accordé à la mission politique que se donnent certains journalistes de la presse ivoirienne.

Faut-il alors se convaincre qu’il est possible d’être un militant politique et demeurer un journaliste professionnel ? Telle est la préoccupation de l’ANP, d’où, le thème : Journalisme : entre militantisme et professionnalisme, qui a réuni vendredi 21 juin, journalistes, hommes politiques, étudiants, organisations de la société civile et communicateurs.

Comme à la barre, « deux accusés ». César Etou de La Voie originale et Charles Sanga de « le Patriote » deux journaux, l’un proche du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (Ppa-Ci), dévoilé le lundi 22 novembre 2021 et l’autre du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix. Un panel dont le médiateur de circonstance était Dr Sidiki Bamba, enseignant-chercheur et la modératrice, Agnès Kraidy.

Lors des échanges, l’on a pu constater au travers des propos des deux directeurs de publication, l’aveu de taille qui fait d’eux, plus d’hommes politiques, donc militants que journalistes, même s’ils affirment être honnêtes dans leurs écrits et rapports qu’ils ont avec les hommes politiques. « Je suis militant du Rhdp, et je l’assume. Si je vais au congrès du PPA-CI et que je constate que Mme Gbagbo, alors qu’elle a été invitée n’est pas présente, cela constitue un fait pour moi et pour mes lecteurs. C’est un choix que j’opère mais que j’assume », a affirmé, Charles Sanga, Maire Rhdp de la commune de Tafiré, directeur de publication de Le Patriote.

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 César Etou, lui, affirme que Laurent Dona Fologo, Ali Coulibaly, Ouattara Gnonzié ont été des hommes politiques et des journalistes.  Pour lui, l’on peut être journaliste professionnel et être homme politique pourvu que l’on soit honnête.

A cette affirmation de César Etou, la question que bon nombres d’observateurs se posent, ces personnes citées étaient-elles professionnelles comme l’exige la déontologie et l’éthique de la presse ?  Pas si sûr. L’on avait reproché à Laurent Dona Fologo de sécher son linge, là ou brille le soleil. Là où le Directeur de publication de la voie originale a confondu vitesse et précipitation, ces anciens de la presse, au moment où ils exerçaient leur fonction politique avaient laissé leurs micros et stylos dans les placards, pour embrasser des carrières politiques affirme Sahi Toudé, étudiant.

Dr Sidiki Bamba a selon l’auditoire ramené, les deux directeurs de publication à leur cours. « Quand on titre Bédié était là, le malheur aussi ou qu’on scinde la carte de la Côte d’Ivoire en deux et qu’à la suite d’une rébellion, la Côte d’Ivoire est réellement divisée en deux blocs, c’est faire de la politique et non du journalisme », a commenté l’enseignant chercheur. Si en guise de conclusion, Agnès Kraidy affirme : « Je suis une militante du journalisme professionnel, un journalisme qui respecte le code de la déontologie, en un mot une presse, crédible », c’est que le ver est dans le fruit.

Notons que ces échanges ont été une occasion pour les anciens notamment, Degny Mexant, Denis Kah Zihon, Raphael Lakpé, Souleymane Bamba Alex, de faire un véritable diagnostique de la presse ivoirienne afin qu’elle soit une presse responsable.