Pr Dédi Séry « Nous devons nous débarrasser de l’appellation ’’Côte d’Ivoire’’»

Par Vouzo Zaba, Afriquematin.net

« L’émergence, concept ou réalité au confluent de l’histoire et de la sociologie ? » est la piste de réflexion que le professeur Dédi Séry, Professeur titulaire de sociologie et sous directeur  du laboratoire d’études et de recherches interdixiplinaires  en sciences sociales (LERISS), a soumit à l’attention des séminaristes conviés par ledit laboratoire pour plancher sur le thème de l’Emergence ce mercredi 12 décembre 2018.

Sans détours, l’homme de lettres et de culture s’est voulu explicite en vue d’emmener Les enseignants, les étudiants et les nombreux invités présents à l’amphithéâtre A de l’Université Félix Houphouët Boigny  à comprendre les véritables enjeux de la réflexion initiée sur cette notion fondamentale  qu’est l’Emergence. Pour le Pr Dédi Séry «  L’émergence est une image exhibée dans les mêmes contextes historiques que celui du développement ».  Selon le sociologue, cette notion n’a de sens que si celui qui l’initie en tient les leviers or cela n’est pas le cas pour la Côte d’Ivoire. « Aucune société ne peut se développer avec la langue des autres » a-t-il renchérit pour démontrer son pessimisme face aux réalités culturelles et sociohistoriques en Côte d’Ivoire. Il est revenu sur la loi votée au parlement ivoirien depuis 1972, laquelle loi instituait l’enseignement des langues locales  dans  les différents programmes académiques. Et depuis lors, la promulgation de celle-ci est toujours renvoyée aux calendes grecques.

Le professeur a, à l’attention des invités, fait un voyage dans le temps, depuis Athènes jusqu’à Rome, pour retrouver la genèse de la notion d’Emergence : «  Les sociétés occidentales ont hérité de leurs ancêtres l’impérialisme qui est  un fait essentiel au maintien de leur puissance et de leur prestige ».  Mais ce pessimisme, pour le sociologue, ne doit en aucun cas se muer en une fatalité même s’il y a de quoi désespérer devant les maux actuels de la société Ivoirienne. « L’Afrique  peut compter sur ses chercheurs », et poursuivant,  il a cité le Pr Joseph Ki Zerbo : « Le sous développement est d’abord mental avant d’être Physique ».

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Répondant à une question essentielle posée dans l’assistance et qui a trait aux capacités réelles de la Côte d’Ivoire d’accéder à l’émergence, il n’est pas allé du dos de la cuillère et a asséner tout de go : « Celui qui nomme, c’est celui qui domine. Nous devons nous débarrasser d’abord de l’appellation Côte d’Ivoire pour nous émerger », c’est-à-dire, nous émanciper.