Politique/ Cragbé Gnagbé, 49 ans déjà: les Guébiés s’en souviennent.
Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net
« L’Affaire Cragbé Gnagbé » dit Opadjèlê a eu lieu en 1970 dans la région de Gagnoa. Des évènements qui ont fait selon les chiffres officiels, trois mille morts. Et depuis, l’homme est porté disparu. A Gaba, les enfants des victimes se souviendront.
Le 5 novembre 1970, l’armée ivoirienne, sous le commandement du Colonel Ouassena Koné Gaston a exterminé les populations de Gaba et tous ont été ensevelis dans des fosses communes. L’histoire retient que Jean Christophe Cragbé Gnagbé, originaire de Gaba, village de la sous-préfecture de Gagnoa aujourd’hui un quartier de Gnagbodougnoa, avait bravé feu Félix Houphouët Boigny. Il créa son parti politique, le Parti Nationaliste (PANA), conformément à l’article 7 de la constitution ivoirienne de l’époque. Une décision à laquelle va s’opposer, le Président Houphouët Boigny. Et le sang coula. Mais qui était Christophe Cragbé Gnagbé ?
Petit fils de Zogouo Kragba Opadjele, fils de Gnagbé Francois et Wiho Christine, c’est le 5 juillet 1935 qu’est né à Sassandra ville du sud ouest de la Côte d’Ivoire, Jean Christophe Cragbé Gnagbé. Il est inscrit à l’école catholique. Après son Certificat d’Étude Primaire Élémentaire (CEPE), il part à Dakar au Collège Technique. En 1959, Jean Christophe Cragbé Gnagbé atterri en France pour ses études universitaires. Il s’inscrit au Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes de Paris (CHEAM). Une université créée en 1936 d’abord connue sous la dénomination de Centre des hautes études d’administration musulmane. Comme son nom initial l’indique, il s’agissait au départ d’un service de renseignements, de ressources et de formation pour les cadres coloniaux français (militaires compris).
Ouvert dès sa fondation à des auditeurs libres provenant du secteur des activités privées, le CHEAM a pu recevoir a partir de 1953, des étudiants originaires des pays d’Afrique et d’Asie ainsi appelés à un travail en commun sur un pied d’égalité avec les spécialistes occidentaux. Ce qui va permettre les contacts réciproques les plus enrichissants.
Quand Jean Christophe Cragbé s’inscrit dans cette institution, elle est dirigée par le Général Pierre Rondot (1954-1967). Le directeur des études, M Jean Claude Froliech. Pendant cette formation, Cragbé Gnagbé effectue comme l’exige le programme, des stages dits d’initiation dans les zones géographiques limitées ; Maghreb, Proche Orient, Afrique du Sud et du Sahara Asie du Sud ouest. Ces stages visent à donner aux étudiants, une connaissance rapide des pays du tiers monde.
Le CHEAM dispense et assure aux étudiants des travaux pédagogiques. Ces travaux sont inscrits dans l’objectivité, la sérénité et la rigueur particulièrement souhaitables dans les études et la recherche portant sur le développement social ; politique économique des pays d’Afrique et d’Asie et sur les problèmes que posent ce développement dans l’élaboration et l’application de la politique française de coopération.
C’est dans cette prestigieuse université que Cragbé Gnagbé soutiendra le 7 mai 1963, sa thèse de doctorat de 3 eme cycle en Sciences Politiques, sur le thème : « Tableau économique et social de la Côte d’Ivoire ». Une thèse que l’on peut consulter à la bibliothèque Sainte Géneviève de Paris.
Vu que le CHEAM avait également pour but au moyen des stages annuels, de permettre aux étudiants de se procurer de compléments de formation pour l’attribution de brevets d’Études Supérieures, Cragbé va décrocher le brevet d’Études Supérieures en Histoire, en journalisme, et en Économie. Toujours à la recherche d’une plus-value en connaissance et acquis intellectuels, il dépose un autre mémoire. Un mémoire jamais soutenu que l’on peut retrouver au Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau en France sous le numéro microfilm 4110 avec la mention « Brevet 1967 Temporaire ». Le thème de ce mémoire : « Réflexion sur la colonisation française en Côte d’Ivoire ». C’est à cette période que va démarrer son action politique.
A suivre…
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