NIMBAYA, les Maîtres-Tambour au Feminin.

«Guerriers de circonstance»
« Comment sauver les rythmes africains traditionnels de l’oubli? Comment expliquer la signification de ces rythmes, l’histoire des célèbres joueurs guinéens de « Djembé » et leur expérience de maître batteur? Comment transmettre la signification des rituels des masques, de l’initiation des femmes sans instruction et analphabètes vivant dans des conditions difficiles dans un environnement où de telles traditions ne se transmettent que de bouche à oreille? Comment briser les barrières qui remontent à des milliers d’années où les femmes n’ont jamais joué du « Djembé » en Guinée?
Comment assurer le revenu indépendant des jeunes femmes, mères et femmes au foyer, frôlant la vie dans la pauvreté ou exposées à la prostitution? Comment est-il possible de permettre aux femmes de s’exprimer elles-mêmes dans un environnement où «les femmes et les enfants ne doivent jamais être entendus… ils doivent plutôt écouter et obéir…?»

 Vous aurez des réponses à toutes ces préoccupations en lisant attentivement ce qui suit :

En effet, pour la plupart, les personnes qui découvrent le « Djembé » et ses rythmes ont, peu ou pas de compréhension de la richesse culturelle ou de la complexité sociale et politique qui marque l’histoire de l’Afrique subsaharienne. Peu savent que les rythmes africains ne sont pas seulement la preuve d’un art musical riche, mais ils racontent également des histoires et racontent l’histoire de cet art particulier. Ceux qui ne ressentent les rythmes qu’au niveau physique et sensoriel ne peuvent apprécier les extraordinaires talents artistiques des musiciens africains ou le raffinement de la structure musicale de leurs compositions. Il est donc extrêmement important de commencer à enseigner ces rythmes aux femmes. Au lieu de les leur cacher ou d’en faire un mythe. Car la femme, en tant que mère et gardienne principale, a la responsabilité ultime d’éduquer ses enfants et de partager ses connaissances et son expertise avec eux.

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La création et la réalisation de «NIMBAYA!» vise à atteindre trois objectifs, tous diachroniques et synchroniques.
Du point de vue de la réhabilitation de la culture musicale à travers le « Djembé », le groupe constitue une sorte de réponse aux traditions séculaires, qui ont rabaissé le « Djembé » vis-à-vis d’autres instruments comme la princière Kora ou le mythique ancien Balafon du Roi de Soso.
« NIMBAYA! » est également audacieux, compte tenu du «tabou» imposé aux femmes concernant la pratique du « Djembé ». Jamais auparavant, une femme n’a joué de cet instrument en Guinée. Du point de vue de la libération économique qui a eu lieu en Guinée, suite au changement de régime politique en 1984, les femmes sont engagées dans une lutte pour la survie à travers le développement d’une forme d’art lucrative, capable de soutenir ses membres. Chaque membre de «NIMBAYA!»  a choisi de rompre avec l’incertitude et le mode de vie précaire que lui impose sa situation sociale individuelle – femme sans éducation; femme avec une «grossesse non désirée», renvoyée du domicile familial; femme victime de la duplicité d’un «méchant»; jeune femme issue d’une famille frappée par la pauvreté… En choisissant de devenir joueuse de « Djembé », chacune de ces catégories de femmes montre son désir de se donner de la dignité en rendant digne son instrument.
Mais c’est aussi avec « NIMBAYA! » qu’une nouvelle aventure courageuse commence : un départ socio-culturel et économique de la tradition, qui est enflammé par une détermination fervente d’atteindre le niveau du grand « Djembefola » et de vivre de la sueur de ses propres sourcils. Tout aussi audacieux est que leur objectif est de «démystifier» le « Djembé », un instrument historiquement réservé aux joueurs masculins. Avec ‘NIMBAYA!’, Toutes ces idées préconçues s’évanouissent et il ne reste qu’un spectacle puissant, énergique et grandiose, qui envoie au monde son message de paix, d’optimisme et de sérénité ».

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« NIMBAYA » : Un Groupe de femmes virtuoses du »Djembé »

Créé en 1998 par Mamoudou CONDE, « NIMBAYA! », précédemment « Amazones Women Master Drummers », accueille dans une nouvelle ère, présentant les arts musicaux traditionnels de l’Afrique de l’Ouest avec une compétence gracieuse qui diffère clairement du style masculin. Les femmes de « NIMBAYA »! mettent leur âme dans chaque représentation.
Le nom « NIMBAYA »! provient du masque « Nimba » qui revêt une grande importance dans la culture ouest-africaine. Représentant une femme à son apogée de puissance et de beauté, le masque incarne la mère de la fertilité, la joie de vivre et la promesse d’une récolte abondante. « NIMBAYA »! rend hommage aux femmes en choisissant « Nimba » comme homonyme et symbole de beauté, de force, d’abondance fertile et d’intégrité.
La musique et la danse de « NIMBAYA » représentent les quatre régions culturelles de la Guinée et présentent un large éventail d’instruments de musique, rendant la culture africaine plus accessible à un public plus large. Avec une superbe démonstration de spectacle, leur répertoire présente un mélange de danse traditionnelle et contemporaine, de musique et de contes. Les femmes de « NIMBAYA » possèdent un sens du rythme qui s’exprime avec une grande authenticité, et un goût féminin incomparable.
Le tambour et la danse traditionnels en Afrique se produisent collectivement, exprimant la vie de la communauté, avec des spectateurs faisant partie de la performance. Il n’y a traditionnellement pas de barrières entre musiciens, danseurs et spectateurs; même les danses rituelles ont souvent un temps où les spectateurs participent.
« NIMBAYA » est une célébration joyeuse qui transcende les barrières culturelles et engloutit tout le monde dans un tourbillon de couleurs et de mouvement… tout le monde dans le public est une star avec « NIMBAYA ».

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Texte rédigé par Dr Saïdou  Dioubaté, ex-Directeur national de la Culture de la République de Guinée, sous la Direction de : Mamoudou  Condé, de Nathalie  Roy et Laura  Rich