Mœurs/Les Ivoiriens ne sauraient accepter la légalisation de l’homosexualité

Par Nazaire Kadia*

Le projet de loi déposé par le gouvernement sur la table des députés à l’effet de modifier plusieurs articles de la loi n° 2019-574 portant code pénal, continue de faire des vagues et suscite toujours des débats.

Le groupe parlementaire EDS, a animé une conférence de presse pour donner sa position, et éclairer l’opinion des ivoiriens quant aux retombées qui pourraient advenir, si l’article 226 de ce texte venait à être modifié. Cet article en effet, qui énumère toutes les formes de discriminations punies par la loi, mentionne « l’orientation sexuelle » comme l’une d’entre elles. Pour le groupe parlementaire EDS, cette expression malicieusement introduite dans le texte, pourrait à la longue conduire à la révision de la loi sur le mariage à l’effet d’harmoniser les deux textes.

Dès lors, rien ne s’opposerait désormais à la célébration du mariage homosexuel, et partant à la légalisation de l’homosexualité. Le groupe parlementaire s’y oppose et a demandé le retrait de l’expression qui fait polémique. Cette sortie du groupe parlementaire EDS, n’a pas laissé de marbre le gouvernement qui est sorti de ses gongs. Son porte-parole est entré en scène et a asséné ses vérités : « …En Côte d’Ivoire, la loi sur le mariage est claire. Il y a une loi qui a été prise sur le mariage, je vous invite à la lire, il n’y a aucune ambigüité possible. Maintenant, que des gens pour des raisons politiciennes, veulent créer un faux débat là où il n’y en a pas, je leur laisse la responsabilité de ce qu’ils disent…Après, on est en politique, EDS certainement a besoin de trouver un thème pour exister… ».

Doit-on se satisfaire de la réponse du porte-parole du gouvernement et clore le débat ? Peut-on se fier à sa bonne foi ? Doit-on se fier à sa bonne foi ? Sans douter de la bonne foi du gouvernement à travers son porte-parole, on ne peut s’empêcher d’être méfiant et de se souvenir que des précédents, il y en a eu, de pareilles assurances avaient été données aux ivoiriens et qu’au finish, ces assurances avaient été prises à contre-pied.

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En effet, quand il s’était agi en 2016, d’adopter une nouvelle constitution pour remplacer l’ancienne, jugée obsolète et « confligène », les ivoiriens s’interrogeaient au sujet de la limitation des mandats et précisément sur la situation du chef de l’Etat qui avait entamé son deuxième mandat. Une campagne de sensibilisation tous azimuts avait eu lieu pour convaincre les ivoiriens d’aller aux urnes pour voter le « oui » au référendum.

On a ainsi vu le ministre Cissé Bacongo donner des interviews à tout va, affirmant que ni le projet de constitution, ni l’ancienne constitution ne donnaient la possibilité à un président qui a déjà deux mandats à son actif, d’en solliciter un troisième. Le professeur Ouraga Obou, président du comité d’experts qui a rédigé le projet de constitution, ne dit pas autre chose.

Qui ne se souvient pas du fameux « vous subodorez » du ministre Sansan Kambilé devant les députés lorsqu’il était allé présenter le projet de constitution aux parlementaires ? Celui-ci a même affirmé aux députés, qu’il était prêt à leur démontrer comment techniquement il était impossible à M. Ouattara d’être candidat en 2020.

Que penser du ministre-gouverneur Pascal Abinan Kouakou, qui était prêt à mettre sa main au feu, sûr qu’il était que M. Ouattara ne serait pas candidat, au regard de sa parole donnée et au regard des textes ? Malgré toutes ces assurances et toutes ces professions de foi, M. Ouattara n’a pas hésité à se présenter à l’élection présidentielle de 2020, quand il eut l’occasion.

Aucun de ceux qui étaient chargés de rassurer le peuple, n’est revenu expliquer une décision qui prenait le contre-pied de toutes leurs affirmations, certitudes et professions de foi. Fort de cette expérience vécue, et dont le souvenir est encore vivace dans son esprit, le peuple ivoirien ne peut se satisfaire des explications et des assurances du porte-parole du gouvernement relativement au projet de loi qui est sur la table des députés.

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La pratique homosexuelle est une réalité tolérée par de nombreux ivoiriens. Mais essayer malicieusement et à pas feutrés de mettre en route la procédure devant à la longue conduire à sa légalisation, est une chose que les ivoiriens ne sauraient accepter et un pas que ils ne franchiront pas. Mais s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.

* Analyste politique