Mali/ La préfiguration d’une Afrique libérée

Par Dr Farmo Moumouni*

Plus de dix mois après le coup d’Etat, le pays est touché par une crise multi-dimensionnelle, à la fois sécuritaire, politique, climatique et sanitaire.  Le Mali, héritier et synthèse du Ghana, du Manding, du Songhay, du Sosso, du Kénédougou et du Wassoulou, répond à l’appel de l’Histoire, auréolé de la gloire multiséculaire. L’analyse du Dr Farmo Moumouni sur la création de cet empire.

« Pendant que je devisais avec les temps troubles, un moment me fut accordé pour parler du Mali. Si le Mali n’avait pas existé, n’aurait-il pas fallu le créer ? demandais-je. Mes interlocuteurs, en chœur, répliquèrent alors : « Fort heureusement il existe, pour l’heur de l’Afrique, et à l’heure propice ». A mon oreille inquiète, ils soufflèrent encore : « Quand l’Histoire amorce ses tournants, il convoque ceux qui savent les négocier »

Le Mali est né dans la cour des Tounka, ce pays a été élevé dans celle des Mansa, formé aux armes dans les armées victorieuses de Dali, il a fréquenté l’école du courage de Sikasso et la faculté de stratégie de Bissandougou. Les premiers mots de ce pays, lorsqu’il s’extirpa des griffes acérées du colonialisme furent : « Pour toi l’Afrique et pour toi, Mali »

Sur quel autre pays pensez-vous que le choix de la Providence s’arrêterait pour mener la lutte inachevée, mais irrépressible de la libération du continent ?

« Le plus grand péril vient de l’intérieur, de ces Africains contempteurs du Mali, et colporteurs du continent »

Mais je vois dans sa proximité, des pays-hères poussés par leurs chasseurs, des pays-boucs poussés par leurs bouchers, placés comme des écueils sur le chemin du Mali. Je vois dans le voisinage des moutons de Panurge, cornes baissées, suivant leurs bergers contre le Mali.

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Pauvres hères, Boucs émissaires et Moutons de Panurge, si seulement vous saviez que le fusil pointé vers le Mali vous abattra, que le couteau brandi contre lui vous tranchera, et que l’enclos qui lui est destiné vous enfermera ! Ici on souhaite l’échec du Mali, on appelle sur lui tous les malheurs, feignant d’ignorer que l’échec du Mali est le nôtre, que ses malheurs sont les nôtres, c’est du masochisme.

Là, on mande que le Mali reprenne ses réfugiés, sans songer qu’on peut être réfugié au Mali, c’est du sadisme. Là-bas, on se réjouit qu’une large portion du territoire malien soit occupée par des forces qui projettent de conquérir nos terres du Lac Tchad à l’océan Atlantique, c’est de l’inconséquence.

Mais, du Mali-Koura, préfiguration de l’Afrique libérée, les pourfendeurs du Mali n’en ont cure. Ces ennemis de la liberté se gaussent des souffrances de l’esclavage et des blessures du colonialisme. Ils vivent dans le déni, et vivent grassement des rentes de la cession du continent aux intérêts étrangers. Il ne se soucient ni du sort des générations à venir, ni de la destinée de leurs pays, ni du devenir de leur continent. Ils aiment porter le joug de la servilité dans l’opulence.

Le plus grand péril vient de l’intérieur, de ces Africains contempteurs du Mali, et colporteurs du continent.Du Mali qui les irrite et de l’Afrique qui les porte, qui ne sait qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ?

*Phylosophe, Sociologue en Administration publique et internationale