LITTÉRATURE/ Lutte contre l’immigration clandestine: ‘’Aventure suicidaire’’ s’invite dans la sensibilisation et interpelle les Etats
Par Aka Jean Mari- Afriquematin.net
7 ans après l’obtention de son BTS, Justin Yeboua, un jeune ivoirien décroche un emploi d’instituteur adjoint à la fonction publique. Sous-estimant cet emploi Justin Yeboua veut abandonner ce travail pour s’immigrer en France où il est promu à un avenir meilleur, selon une prophétie de son pasteur Judas Kodjougou.
Pour atteindre ce but, après avoir rempli les conditions administratives du voyage auprès de ‘’Merveilles d’Outre-Mer’’ une agence d’immigration, Justin Yeboua contacte son cousin Koffi Ban qui est en France pour solliciter de lui un toit.
Opposé à ce que son cousin se rende en France par la méditerranée, Koffi Ban utilise tous les moyens en vue de dissuader son cousin à réaliser à son projet. Constatant son échec face à son cousin resté inflexible sur sa position, Koffi Ban décide de saisir les parents de celui-ci pour les informer de la situation.
Une fois saisie, ceux-ci dans un courrier à leur fils, le réprimandent et menacent de couper les liens avec lui au cas où il ne renoncerait pas à ce voyage suicidaire.
Après avoir résisté à ses parents, le jeune instituteur adjoint finit par abdiquer. Mais ce ne sont pas les conseils et les menaces de ses parents qui l’ont fait reculer. C’est plutôt l’information donnée le 18 février 2018 par la presse qui l’a fait changer de posture. En effet ce jour-là, la presse a fait écho d’un naufrage au large des côtes de l’Italie ayant causé la mort de 400 migrants parmi lesquels figuraient 48 personnes parties de Daloa (côte d’ivoire) en janvier 2018. C’est justement ce convoi que Justin Yeboua devait emprunter pour se rendre en France si son cousin Koffi Ban avait accepté de l’héberger. Face à ce drame, réalisant qu’il venait d’échapper à la mort, Justin Yeboua renonce définitivement à son projet. Aussi quelle ne fut pas sa plus grande déception lorsqu’il a appris que le propriétaire de ‘’Merveilles d’Outre-Mer’’ l’agence d’immigration qui a organisée ce voyage est le pasteur Judas Kodjougou. Lui qui vouait un culte aveugle à cet homme de Dieu et traitait ses parents de satanisme a dû réviser sa position.
Les Etats et les populations, tous interpellés
‘’Aventure suicidaire’’, ce récit épistolaire de 194 pages dénonce l’immigration clandestine et se veut un creuset de sensibilisation contre ce fléau. L’œuvre met l’accent sur les dangers encourus par les candidats à l’immigration notamment la maltraitance dans le désert, les naufrages, les enlèvements et la vente de certains bras valides sur les marchés aux esclaves en Libye.
Dans un style simple et facile à lire, l’auteur de cet ouvrage FodjoKadjo Abo dénonce le mutisme de la communauté internationale, de l’Europe et surtout des Etats africains face à ce fléau qui dépeuple pourtant ce continent. Ces cerveaux, ces bras valides fuient leurs pays en raison des conflits armés, de l’instabilité politique, souligne l’auteur. Avant de conseiller aux Etats africains de créer les conditions d’épanouissement économiques en vue de retenir leurs ressortissants au pays et leur éviter de vivre un véritable calvaire sur les chemins de l’aventure.
Aussi, ce récit épistolaire condamne-t-il l’attitude des familles qui encouragent leurs enfants à aller en aventure même par la voie de la méditerranée. Généralement, ces personnes considèrent l’Europe comme un eldorado, un paradis sur terre. Pour elles, il suffit d’y mettre pied et la réussite vous sourit. En somme, ‘’Aventure suicidaire’’ présente deux classes : une classe qui croit qu’il faut nécessairement se rendre en Europe pour réussir et une autre qui croit que l’on peut rester en Afrique pour réussir quelle que soit la situation.