Liberia : le secteur hospitalier en grève, protestations de femmes enceintes
Plus de 10.000 professionnels de la santé au Liberia ont entamé lundi une grève pour réclamer le paiement des salaires et l’approvisionnement en médicaments des hôpitaux, provoquant l’inquiétude en particulier des femmes enceintes et des jeunes mères, dont plusieurs dizaines ont manifesté à Monrovia.
“Nous sommes en grève à travers le pays. Tous les membres sont concernés”, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’Association des travailleurs de la Santé du Liberia (HWA), George Williams, selon qui le secteur hospitalier compte environ 11.000 travailleurs.
Sollicité par l’AFP, le ministère de la Santé n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat.
On a bloqué la rue parce qu’on est venues à 04H00 du matin à la clinique et que les gens nous ont dit qu’ils ne nous soigneraient pas parce que le gouvernement ne les a pas payés depuis quatre mois
“Nous sommes en grève parce que nous n’avons pas de médicaments dans les hôpitaux, pas de matériel de protection comme des gants, ce qui est dangereux pour nous. Les labos ne sont pas équipés et la plupart des travailleurs n’ont pas encore reçu leur salaire de juillet, alors qu’il faut payer les frais de rentrée scolaire”, a détaillé George Williams.
Le Liberia, l’un des pays les moins développés au monde, a été durement éprouvé dans son histoire récente par les guerres civiles (1989-2003). L’inflation galopante, que ne parvient pas à endiguer le gouvernement du président George Weah, au pouvoir depuis début 2018, n‘épargne pas le secteur de la Santé, déjà sinistré par l‘épidémie d’Ebola de 2014-2016.
“Nous voulons des traitements, nous devons avoir nos traitements”, ont scandé lundi une quarantaine de femmes enceintes et de jeunes mères de famille au cours d’une manifestation près d’un centre de santé de Duport Road, dans le quartier de Paynesville (nord de Monrovia), devant lequel elles ont dressé un barrage routier, selon un correspondant de l’AFP.
“On a bloqué la rue parce qu’on est venues à 04H00 du matin à la clinique et que les gens nous ont dit qu’ils ne nous soigneraient pas parce que le gouvernement ne les a pas payés depuis quatre mois”, a expliqué Theresa Johnson, qui attend un enfant.
“Je suis enceinte de huit mois. Je n’ai pas d’argent, je ne suis pas comme les gens riches qui peuvent se permettre d’aller dans une clinique privée”, a déclaré une autre manifestante, Annie Sieh, 35 ans, suivie jusqu’ici dans cet établissement public.
AFP