« Kotobi Festival »/ L’identité culturelle du Moronou à l’honneur
Entretien réalisé par Brou François/afriquematin.net
Prévu pour se tenir chaque année au mois d’Août dans le Moronou, précisément dans la localité du même nom, « Kotobi Festival » sera à sa première édition du mardi 13 au samedi 17 Août 2019 prochain. Pour en savoir davantage sur cet important rendez-vous culturel, le directeur de ce concept, Victorien Angoa nous envoie dans l’univers de cette fête.
Pourquoi, « Kotobi Festival » et quel objectif visez-vous en organisant un tel évènement qui est une première dans la région ?
« Kotobi Festival » est en sorte une fête populaire à vocation charitable et laïque. Encore dénommée K.Fé ou Café, cette fête participe de la nouvelle ère culturelle ouverte en Côte d’Ivoire après la crise. La recette du lieu à dimension touristique devient la valeur ajoutée.
Ce festival représente un phénomène social et culturel du Moronou, de par le public ciblé et le contenu de sa programmation. En perspective, Kotobi Festival est appelé à être d’abord régionale, ensuite nationale et comme l’appétit venant en mangeant, il n’est pas étonnant que ce rendez-vous annuel devienne internationale. D’ailleurs nous œuvrons dans ce sens.
Et pourquoi Kotobi ?
Kotobi a été l’une des régions productrices du binôme café-cacao, donc elle fait partie de l’ex-Boucle du cacao. Il faut rappeler que la région du Moronou a traversé une crise économique sans précédent avec le déplacement de la Boucle du cacao vers l’ouest de la Côte d’Ivoire. Néanmoins, elle demeure, par la force des choses, une zone de production de vivriers.
Malheureusement cette spéculation n’a pu valablement se substituer au café et au cacao, cultures de rente ayant fait la richesse des populations. La pauvreté sévissant, la région autrefois animée, ne vit presque plus. Et l’oisiveté aidant, sa jeunesse s’est tournée malheureusement vers des fléaux comme la drogue et le chômage.
L’histoire du peuple morofouê est moins connue que celle des Agni Indénié, Djuablin, Sanwi et N’Zima. Pourtant les Agni morofouê ont en partage, plusieurs valeurs avec les peuples pré-cités notamment, mais aussi avec les Baoulé, les Attié, les Abidji et les Abbey, qui sont du grand groupe Akan. Le brassage né du voisinage mais aussi de l’immigration pour des raisons socioéconomiques avec ces peuples est devenu une richesse à connaître et à exploiter.
Comment comptez-vous quantifier ce grand rendez-vous ?
« Kotobi Festival » pourrait être un moyen de lutte contre la pauvreté grandissante dans la région mais surtout, former et informer les générations actuelles à renouer avec leur culture, sans oublier les professionnels de l’art et de la culture ainsi que les touristes toujours à la recherche de nouveaux produits. L’organisation d’une telle activité socioculturelle d’envergure a plusieurs paramètres. D’abord les enjeux politiques : Kotobi Festival va associer les échanges artistiques à la promotion de l’idéal de paix et de cohésion sociale. Ce sera aussi l’occasion de récompenser des sommités dans le monde artistique, des arts, de la gastronomie. Il y aura aussi une remise de trophées divers prix seront décernés à l’avenir.
« Kotobi Festival » sera aussi un enjeu territorial, car il sera l’un des meilleurs outils de promotion et de valorisation de la Région du Moronou. Il pourrait se positionner, dans une optique commerciale et va placer la région sous les projecteurs.
Cet rendez-vous sera une émulation, voire un levier au sein des politiques publiques dont la culture. La création artistique et la volonté de rendre accessible la culture à un plus grand nombre seront mis en avant dès cette première édition.
Il y a aussi les enjeux culturels et artistiques. « Kotobi Festival » est une manifestation culturelle inscrite dans un calendrier annuel. Il va s’imposer progressivement comme un dispositif essentiel de médiation culturelle.
Quels sont les thèmes qui seront abordés pour cette première édition ?
Plusieurs thématiques sont au programme. Et la première édition de K’FE bien que, axée sur l’Ahossi, parlera de cohésion sociale, d’agriculture, de lutte contre la déforestation, de retraite et de tourisme avec des partenaires comme l’Anader, l’OiprI, la Cgrae. Il convient de faire de l’Ahossi, symbole du pays Agni, l’élément central, sur et autour duquel toutes les activités du festival se dérouleront.
En outre, l’unité dont il s’agit ici ne concerne pas seulement les fils et filles de la région, mais également tous les peuples de Côte d’Ivoire seront conviés à cette célébration. La tradition sera l’élément fédérateur pour cette première édition, car quand on parle des traditions d’un peuple, on fait également référence à la terre, à l’environnement géographique qui a forgé ce peuple. Ici, il s’agit de la région du Moronou, ancienne boucle du cacao, où le café occupait une place de choix. Le Moronou a besoin de redorer son blason et redevenir une figure, « emblématique » au plan de l’agriculture.
Sous quel signe placez-vous cette organisation?
Je l’ai souligné dès le départ que « Kotobi Festival » est un levier artistique, socioéconomique. Il va jouer également un rôle moteur dans le processus de création. Les artistes et, plus largement les professionnels de la culture, devront s’en approprier.
Ce sera le lieu et le moment de productions de nouvelles créations, la découverte de nouveaux talents dans l’Ahossi, le moment de la reconnaissance. Ce sera l’occasion pour les festivaliers de retrouver des temps de convivialité dont ils sont privés le reste de l’année. « Kotobi Festival », c’est le retour de la fête au village, des veillées modernes avec à la clef, le théâtre de conférences.
Et le tourisme !
Effectivement nous osons croire que la défense d’une identité culturelle, l’attraction touristique, les ressources de l’économie créative. Sans toute fois omettre la participation au rayonnement culturel et le souhait de renforcer l’attraction culturelle de la Région du Moronou en général et de la Sous-Préfecture de Kotobi en particulier, constituent d’autres motivations. L’enjeu financier pour la filière et les retombées économiques pour les territoires ne sont pas minces.
L’on est en droit de savoir, quelle est la périodicité du Festival ?
Un festival a lieu dans une localité précise. « Kotobi Festival » se tiendra chaque année au mois d’Août dans la ville de Kotobi en raison de sa situation géographique enviable. Carrefour et ex-comptoir colonial, Kotobi a toujours été la plaque tournante de toutes les rencontres du Moronou. A deux heures de route d’Abidjan et distante de seulement de 187,4 km du plus important pôle économique du pays, Kotobi est une destination historique qui souffre d’une promotion véritable. Le tronçon etant reconstruit, quoi de plus normal que ce festival vous redorer le blazon de cette ville. Vous pouvez venir à Kotobi, suivre le festival et retourner à Abidjan le même jour sans risques. Sinon vous pouvez dormir hors de Kotobi, dans des localités proches :
Kotobi, c’est à 11,3 Km de Bongouanou, à 18,6 km d’Arrah, 36,8 km de M’Batto, 47,5 km d’Akoupé, 48,6 km de Daoukro, la capitale de la région de l’Iffou et 89,1 km d’Abengourou la capitale de la région de l’Indénié-Djuablin. Kotobi demeure une destination historique et prisée.