Incarcérée à Paris, la chanteuse malienne Rokia Traoré a entamé une grève de la faim

Accusée d’avoir enlevé sa fille à son ex-compagnon, la musicienne a été conduite mardi à la prison de Fleury-Mérogis, à la suite d’un mandat émis par la Belgique.

Le mandat d’arrêt découle du non-respect d’un jugement exigeant de Rokia Traoré la remise de sa fille de cinq ans à son père. La chanteuse soupçonne celui-ci d’attouchements sexuels sur l’enfant.

Enlèvement, séquestration et prise d’otage. L’arrestation, mardi, de la chanteuse malienne Rokia Traoré est liée à un mandat d’arrêt européen émis à Bruxelles. La jeune femme descendait d’un avion en provenance de Bamako, à l’aéroport de Roissy, a précisé son avocat Kenneth Feliho. Elle s’est mise le même jour en grève de la faim dans sa cellule de Fleury-Mérogis pour «demander un procès équitable en Belgique», peut-on lire sur sa page Facebook.

Ce mandat d’arrêt découle du non-respect par Rokia Traoré d’un jugement rendu fin 2019 exigeant d’elle la remise de sa fille de cinq ans à son père belge, le dramaturge Jan Goossens, dont Rokia Traoré est séparée. Une audience est prévue à Paris le 18 mars pour examiner la demande de remise de la chanteuse à la Belgique.

Selon Radio France internationale, le tribunal de première instance de Bruxelles avait décidé de confier «la garde exclusive» de l’enfant à son père. Une décision que Rokia Traoré conteste depuis. La musicienne s’est fait arrêter alors qu’elle se rendait à un procès en appel contre le jugement de première instance. «Je n’ai pas accepté la décision de la justice belge, qui ignore complètement mes droits et ceux de mes enfants», répète l’intéressée sur Facebook.

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Selon Kenneth Feliho, l’avocat de la chanteuse, le père de l’enfant est toujours visé par une plainte pour attouchements sexuels en France et au Mali.Il ajoute: «C’est incroyable que le juge belge ait décidé que le lien de rattachement de l’enfant soit la Belgique, alors que son père vit à Marseille». La fillette vit au Mali depuis plus de quatre ans, assure Kenneth Feliho. «Elle n’a passé que quatre mois en Belgique», affirme-t-il.

Une pétition en ligne à l’initiative du Collectif des Mères veilleuses (Mères monoparentales de Belgique) pour exiger la libération de Rokia Traoré comptait près de 15.000 signatures samedi. Le texte dénonce «les dysfonctionnements de la justice belge à l’égard des mères monoparentales». Parmi les exigences du collectif, se trouve celle que «le témoignage de la jeune fille puisse être appuyé par le diagnostic d’un expert pédopsychiatre spécialisé dans les cas d’inceste» et que «si les faits d’attouchements ont été prouvés, le père se voi[e] refuser toute autorité parentale».

En 2015, Rokia Traoré faisait partie du jury du festival de Cannes. Deux ans plus tard, elle a chanté pour la clôture de la Coupe d’Afrique des nationales de football. La musicienne est aussi connue pour son engagement en faveur des réfugiés et pour avoir été nommée ambassadrice de bonne volonté par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

source: le Figaro