Geoffroy-Julien Kouao : « Pourquoi je vote Non ».
A l’observation, le 30 octobre prochain, le corps électoral est invité à se prononcer sur la loi constitutionnelle proposée par le chef de l’exécutif avec la bénédiction de l’Assemblée nationale.
Nous étions dans le cadre d’une révision constitutionnelle que la procédure serait constitutionnelle et démocratique. Le hic, c’est qu’il s’agit d’un référendum visant à doter notre pays d’une nouvelle constitution. Dans l’espèce, seul le propriétaire de la constitution (le Peuple) est compétent, exclusion faite de l’exécutif et du parlement, pour écrire et adopter le projet de constitution. J’ai, à cet effet, produit plusieurs tribunes, accordé une kyrielle d’interviews à la presse nationale et internationale, animé de nombreuses conférences publiques à travers le pays, écrit un livre intitulé « côte d’ivoire : La troisième république est mal partie ».
A la lecture des 184 articles de la loi constitutionnelle, ses auteurs ont fait le choix du recul démocratique, de la mise en parenthèse du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs et de la dévalorisation des valeurs républicaines au profit d’une seule institution : le Président de la République. L’exaltation du régime présidentialiste est caractérisée, dans cette loi constitutionnelle, par la primauté et le dirigisme présidentiel.
De ce qui précède, parce que l’intellectuel meurt en tous ceux qui se taisent devant les postures antidémocratiques, j’ai décidé, le 30 octobre 2016 de me rendre à mon bureau de vote afin d’exprimer mon désaccord total, en introduisant dans l’urne, le bulletin rouge, celui du NON. L’échec du meeting des partisans du oui au stade Houphouët-Boigny, le samedi 22 octobre 2016 d’une part, l’indifférence générale des populations d’autre part, sont symptomatiques de la victoire du NON. Car, un homme propose, le Peuple dispose.
Geoffroy-Julien Kouao
Juriste-constitutionnaliste, Ecrivain et Analyste politique.