Par Christ Zorro Afriquematin.net et le média.tv
L’eurodéputé belge, Phillips Lamberts, a, au cours de la dernière session du parlement de Bruxelles, ‘’tiré’’ les oreilles du président français en pointant du doigt ses manquements à l’endroit de ses concitoyens. Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de l’intervention du parlementaire sur Média.tv.
« Je vous dirais ceci : Chaque fois que vous ferez avancer la cause de la liberté, de l’égalité et de la fraternité en Europe, Chaque fois que vous agirez pour une Europe plus juste, plus durable et plus démocratique, nous serons à vos côtés. A défaut, vous nous trouverez sur votre route. Monsieur le président, ce que vous souhaitez pour l’Europe, vous affirmez que la France doit commencer elle-même à le faire dès aujourd’hui. Votre action en France raconte une toute autre histoire, une histoire qui met à mal la devise de votre pays : liberté, égalité, fraternité. Où est la liberté lorsque vos citoyens peuvent être surveillés, assignés à résidence et perquisitionnés sous de simples soupçons de police ? Où est la liberté lorsque des policiers armés arrivent au petit matin pour arrêter un groupe de jeunes dont le seul tort aurait été d’avoir occupé pacifiquement un chantier ? Ma fille en était. Elle fut emmenée devant son fils de 2 ans, loin de chez elle pour subir, pendant toute une journée, un interrogatoire. Dans votre France, l’Etat de droit, garant de vos libertés, s’éloigne jour après jour. Liberté, Egalité. Ou est-elle l’égalité quand vous imposez de plus en plus de précarités aux travailleurs alors qu’en même temps vous faites des cadeaux fiscaux aux plus riches que vous aimez appeler les premiers de cordée ? Votre foi en eux est inébranlable mais, voyez-vous, ce qui définit la cordée , Monsieur Macron, c’est la corde, c’est elle qui permet d’adapter la vitesse du premier de cordée aux besoins du groupe. C’est elle aussi qui empêche les derniers de cordée de tomber au ravin. Mais dans nos sociétés, Monsieur le président, cette corde n’existe plus. Les riches s’enrichissent, les classes moyennes stagnent, se précarisent et les plus faibles sont abandonnés à leur sort. Liberté, Egalité, Fraternité. Est au nom de la fraternité que vous vendez des armes à des régimes qui les retournent contre leurs propres populations ou contre leurs voisins? Ou est-elle cette fraternité lorsque votre police lacère tentes et sacs de couchage de migrants ? Procédures expéditives, recours non suspensifs, détentions administrative : voila les ingrédients de votre projet de lois sur l’asile et l’immigration : contenir et refouler plutôt qu’accueillir des êtres humains en exile forcé. Liberté, Egalité, Fraternité. Au pays de l’accord sur le climat, je rajouterai un quatrième thème : durabilité. Vous dites vouloir la taxe carbone, la fin du glyphosate, la fin des voitures Diesel, bravo ! Vous restez en même temps un ardent promoteur des traités de libre échange, pire encore, du nucléaire. Vous avez permis, contrairement à votre prédécesseur, l’adoption par l’union européenne d’une définition totalement laxiste des perturbateurs endocriniens. Vous avez eu le courage de mettre un terme à ce projet insensé d’aéroport à Notre- Dames- Des-Landes., mais c’est écraser dans la violence les projets de ceux qui inventent depuis des années une manière différente de vivre. Monsieur le Président, un livre vous dit philosophe, il affirme qu’aucun de vos mots n’est le fruit du hasard. Voici quelques mois, vous avez parlé des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. Vous n’avez pas dit des gens qui ne font rien ou des gens qui n’ont rien. Vous avez parlez des gens qui ne sont rien. Voyez-vous, pour nous le projet européen consiste à faire en sorte que plus jamais, en aucun endroit de ce continent, aucun homme, aucune femme ne puisse être considéré comme rien ou se penser comme rien. Car considérer des êtres humains comme rien, c’est permettre de leur faire subir n’importe quoi. Et cela, nous ne l’accepteront jamais. Monsieur le Président, vous avez pris coutume d’offrir à vos hôtes de marque un cadeau. Permettez-moi de faire de même : Je vous offre cette corde d’escalade, symbole de la cordée à laquelle vous semblez tenir. Je vous dirai ceci : Chaque fois que vous ferez avancer la cause de la liberté, de l’égalité et de la fraternité en Europe, chaque fois que vous agirez pour une Europe plus juste, plus durable et plus démocratique, nous serons à vos côtés. A défaut, vous nous trouverez sur votre route. Je vous remercie ».
