France/Bernard Tapie est décédé
Bernard Tapie est décédé des suites d’un cancer, et c’est toute une époque qui vous frappe pleine face, d’un coup, un « monde d’avant » qui s’écroule. Il y eut, dans ce destin si singulier, au moins cent vies, comme autant de rôles interprétés par ce bonimenteur-né avec une maestria que même ses détracteurs les plus virulents lui ont reconnue.
Ces dernières années, il restait autant que possible dans son hôtel particulier de la rue des Saint-Pères, dans le très chic VIIe arrondissement de Paris. Il suffisait qu’il mette le nez dehors pour être assailli de demandes de selfies et d’autographes. Les seuls moments de tranquillité, il se les offrait le vendredi après-midi, en se rendant à vélo à 50 km de là, dans sa résidence secondaire, en Seine-et-Marne. A fond, sans se retourner.
En fin de parcours, amis et adversaires finissaient dans son esprit par se confondre, dans un drôle de capharnaüm affectif. De fait, comment démêler le vrai du faux, le réel de l’enjolivé, quand tout et son contraire ont été dits, écrits, à son sujet ?
Plus de vingt livres ont relaté cette saga sans équivalent, du conseil des ministres aux geôles de la prison marseillaise des Baumettes, de la présidence de l’OM à la conquête d’Adidas ou du Tour de France, de la ruine personnelle au rachat du quotidien La Provence.
Tapie était multiple, capable de vous insulter d’un sonore « enc… ! », comme de prendre de vos nouvelles lors des périodes moins fastes. Il a existé tant de visages de lui, tant de zones d’ombres aussi, que résumer le tout, relève de la gageure.
Chef d’entreprises, député, ministre, président de club de football, détenu chanteur, acteur… En plus de 50 ans de vie publique, Bernard Tapie a multiplié les expériences heureuses et malheureuses.
Source : lemonde.fr