Développement/La Chine peut-elle utiliser l’Afrique comme marché de remplacement ?
La générosité soudaine de la Chine envers les pays africains est une mesure de précaution au cas où elle perdrait une partie du marché américain dans la guerre commerciale. L’efficacité réelle de cette stratégie peut être décevante, car ces pays pourraient ne pas rendre les faveurs de la Chine. Ainsi, lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu à Pékin au début du mois, Xi Jinping a annoncé que la Chine fournira plus d’une soixantaine de milliards $ US d’aide financière aux pays africains au cours des trois prochaines années. Au mois de juillet, le New York Times a rapporté que, même si l’armée américaine aidait à la formation antiterroriste dans un certain nombre de pays africains, elle prévoyait de réduire ses effectifs militaires de moitié au cours des prochaines années. Cela implique que les États-Unis ont l’intention de se retirer progressivement de l’Afrique.
Les relations entre les États-Unis et l’Afrique
Les États-Unis ont fait beaucoup pour promouvoir le développement économique en Afrique. L’ancien président américain Barack Obama a adopté la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique. Auparavant, la structure industrielle des pays africains se limitait à l’exportation de minéraux et de produits agricoles. Les pays en développement partagent trois caractéristiques communes. D’abord, ils exportent principalement des minéraux et des produits agricoles. Deuxièmement, ils exportent les produits vers les pays développés en échange d’importations de biens de consommation et d’équipements industriels. Troisièmement, il n’y a pas beaucoup d’échanges commerciaux entre les pays de la région. La plupart des pays africains sont des pays en développement. Sous le gouvernement Obama, les États-Unis ont fourni 6 milliards € (7 milliards $ US) en technologie, en finances et en investissements aux pays africains et ont supprimé les droits de douane sur les exportations de certains pays africains.
En dépit de ces conditions préférentielles, les exportations africaines vers les États-Unis ne se sont pas sensiblement améliorées. Quatre-vingts pour cent de leurs exportations vers les États-Unis étaient du pétrole et le commerce avec les pays africains représentait moins de 2 % du commerce extérieur total des États-Unis. Les États-Unis ont également offert aux pays africains de nombreuses possibilités d’immigration. En 2000, il n’y avait que 690 000 immigrants africains aux États-Unis. En 2015, ce nombre était passé à 1,3 millions € (1,72 millions US), soit environ une fois et demie de plus. Dans le même temps, les envois de fonds reçus par les pays subsahariens par les voies appropriées en provenance des États-Unis sont passés de 4,2 milliards € (5 milliards $ US) par an avant 2004 à 30 milliards € (35 milliards $ US) en 2015, selon un rapport du Migration Policy Institute. L’augmentation des envois de fonds des immigrants africains montre également qu’ils peuvent travailler dur pour améliorer la vie de leur famille dans leur pays d’origine. Mais dans ces pays, l’autocratie politique, la corruption, les troubles internes et le retard limitent les progrès. L’environnement social favorable des États-Unis leur a donné l’occasion de réussir. Mais les problèmes des pays africains ne peuvent être complètement résolus par la mise en place de systèmes démocratiques. L’aide économique étrangère peut aider pendant un certain temps, mais il est difficile de changer la culture politique et les traditions sociales locales. Quand la Chine parle aujourd’hui de développer le marché africain et de mettre en place la « Nouvelle route de la soie » en Afrique, il semble que la situation soit des plus gagnants entre la Chine et l’Afrique en amenant les pays africains dans la mondialisation économique. Mais cela ne prend pas en considération le faible niveau de développement de l’Afrique, ce qui rend le commerce avec les pays africains tout à fait différent du commerce avec les pays développés auquel la Chine est habituée.
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine indique que la Chine pourrait graduellement perdre le marché américain, un vaste marché qui soutient la croissance économique de la Chine depuis de nombreuses années. La Chine doit de toute urgence trouver de nouveaux marchés pour ses capacités excédentaires. Bien que le commerce extérieur des pays d’Afrique subsaharienne représente plus de la moitié de leur PIB, leur commerce extérieur représente moins de 2 % du commerce extérieur mondial, dont la part des exportations de minéraux et de produits agricoles n’a pas diminué mais a augmenté de 12 % entre 1995 et 2014. La dépendance à l’égard de l’exportation de produits minéraux pour ces pays s’est accrue. Il indique les trois points suivants. D’abord, la croissance économique de ces pays a beaucoup à voir avec l’exportation de produits minéraux. Deuxièmement, les variations des prix du pétrole sur le marché international ont un impact important sur la hausse et la baisse économiques de ces pays. Pour la Chine, il n’est pas difficile d’élargir un peu le marché africain, ce qui peut être réalisé en prêtant de l’argent aux pays africains. Mais il est impossible de développer le marché africain plusieurs fois en quelques années. Ce qui est encore plus difficile, c’est que les pays pourraient ne pas être en mesure de rembourser leurs dettes. Ce type de modèle d’entreprise peut-il être le pilier du développement économique de la Chine ?
Source : epochtimes.fr