Débat politique en Côte d’Ivoire / Le FNDR pour une immigration contrôlée :  «La politique ivoirienne d’immigration est caduque et dangereuse »

 

« Il faudrait établir une gestion migratoire explicite, tenant compte d’une immigration contrôlée et restrictive »

Face aux défis de l’émergence à l’horizon 2020, et ceux relatifs à l’amélioration de la qualité de vie des Ivoiriens ainsi que  la réduction du chômage des jeunes, le Front National Démocratique et Réformiste (FNDR), parti politique d’obédience nationaliste, issu de l’opposition ivoirienne, propose ses recettes dans cette contribution signée de son secrétaire général, Beda Roger. Pour le FNDR, la Côte d’Ivoire doit revoir sa politique d’immigration qui est en totale déphasage avec les réalités économiques et sociales de ce millénaire.

« Depuis l’époque coloniale, la Côte d’Ivoire continue d’être le principal pays d’immigration en raison de ses perspectives économiques dans la sous région. A ce jour, la population d’origine étrangère représente 24% de la population totale. Cette forte présence étrangère et une forte croissance démographique de plus de 3 %, réduisent les possibilités d’avoir un emploi, d’acquérir des terres cultivables et exercent des pressions considérables sur les principaux secteurs d’activité de l’ensemble du territoire, et des conflits entre nationaux et étrangers.

Selon un rapport de l’INS en 2002, le taux brut d’activité chez les immigrants est de 60%, cela  indique que l’immigration en Côte d’Ivoire est une immigration de travail. Les immigrés se déplacent prioritairement pour des raisons de travail, pour la recherche de meilleure condition de vie. La majorité des immigrants dans notre pays, travaille dans le secteur informel pour lequel très souvent aucune déclaration fiscale n’est effectuée.

Cette politique d’immigration massive aujourd’hui révolue, visait à promouvoir le développement économique basée sur l’agriculture. La politique d’ouverture, libérale, hospitalière et pacifique prônée et pratiquée par la Côte d’Ivoire à l’aube de l’indépendance, a énormément contribué à favoriser cette immigration à grande échelle.

Bien que les motivations de 1960 qui ont favorisé cette politique d’immigration massive, à savoir ; le déficit de main d’œuvre et la disponibilité de terres cultivables sont inexistantes de nos jours,  il est triste de constater que cette politique caduque reste encore en vigueur.

C’est l’exemple d’un produit dont la date de péremption est largement dépassée, l’individu qui continu de consommer un tel produit, verra sa santé se détériorer et pourrait même en mourir.

Alors à l’instar des pays soucieux du développement humain harmonieux et durable, la Côte d’Ivoire ne doit pas assister à la décomposition totale d’un système politique avant d’en envisager un autre.

Aujourd’hui les conséquences dues à la poursuite de cette politique migratoire sont douloureuses pour les ivoiriens :

Le taux de chômage élevé et récurrent des jeunes, les obligent à créer des Activités Génératrices de Revenus  en milieu urbain. Or ce secteur informel, en particulier, est occupé par les étrangers. Du fait  d’absence de politique de contrôle migratoire, ces communautés allogènes ont développé de solides réseaux de relations sociales et économiques, à telle enseigne qu’il n’est point aisé pour les jeunes Ivoiriens de s’y insérer. Dans le même contexte, en milieu rural, les forêts sont exploitées par les étrangers. Dès lors, les conséquences directes sont, le manque d’épanouissement économique et social de la jeunesse ivoirienne d’une part, et d’autre part les conflits fonciers et halieutiques entre étrangers et nationaux. La crise identitaire soldée par la rébellion armée de 2002 faisant des milliers de morts et des destructions massives, est l’une des conséquences de l’immigration massive et incontrôlée.

L’augmentation de la population favorisée par l’immigration massive incontrôlée, entraine un problème démographique (accroissement rapide). Il faut préciser que les problèmes sanitaires, alimentaires, éducatifs, de logements et de transports sont interdépendants. La croissance démographique rapide due à l’immigration de masse, impose son inertie sur la politique d’auto suffisance alimentaire, la politique de santé, la gratuité de l’école et la sécurité. Par conséquent, de gros efforts supplémentaires sont à faire pour satisfaire les besoins primaires des populations.

Il est évident aujourd’hui de noter que l’ambition de tous les pays, est le bien-être de leur population. La Côte d’Ivoire pour atteindre cette vision, doit neutraliser l’effet de la croissance démographique rapide qui semble compliquer sa situation. Car l’immigration massive et incontrôlée rendent plus difficiles les efforts pour freiner la rapidité de la croissance démographique. Pour éviter un déséquilibre entre la population et le développement économique, et prévenir les troubles sociaux (conflits fonciers, microbes etc.…), il est impératif que le gouvernement lève les réserves sur la gestion migratoire ivoirienne. Il faudrait établir une gestion migratoire explicite, tenant compte d’une immigration contrôlée et restrictive.

Compte tenu du nombre important d’étrangers déjà présents en Côte d’Ivoire, l’exigence d’un visa d’entrée pour tous les pays hors CEDEAO, et la carte de séjour pour les pays de la CEDEAO) est le plus efficace pour maitriser le flux migratoire dans notre pays. Pour les  étrangers déjà présents en Côte d’Ivoire, la carte de séjour permettra de les mettre en contribution au développement économique à un plus raisonnable niveau, vu que les activités économiques de la plupart d’entre eux  échappent à la fiscalité ivoirienne, et ils demeurent une charge importante pour l’assistance sociale ivoirienne.

Que les ivoiriens ne se cachent pas derrière ce passé idéalisé de « pays hospitalier » pour assister impuissamment au remplacement de population qui s’opère sous nos yeux.

Le désordre social et économique en Côte d’Ivoire s’est développé dans l’esprit de « l’immigration massive et incontrôlée » pratiquée depuis les années 60 jusqu’aujourd’hui,

L’ordre social et économique doit être rétabli par un État fort, celui qui a la volonté politique d’anticiper les troubles sociaux, par un système efficace de restructuration de la communauté nationale. »

Beda Roger 

Secrétaire général du FNDR

(Front national démocratique et réformiste)