Côte d’Ivoire/ Revendication des mutins: La marche du RDR de Bouaké réprimée par les mutins.
Ami Kéïta agent à la mairie, Baro Vazoumana, enseignant et militant du Rdr et le 1er adjoint au Maire, Ouattara Vazoumana sont les premières victimes, blessées lors de la marche de protestation des militants du Rdr, qui ont protesté ce dimanche matin contre les mutins.
Le message du Secrétaire Général du Rassemblement des Républicains Amadou Soumahoro pour contrer les mutins par une gigantesque marche a-t-il porté les fruits escomptés ce dimanche matin 14 mai ? En tout cas, Les militants ne sont pas certainement convaincus de la démarche du SG. Dans cet imbroglio que l’on pourrait appeler « Le duel au bord du gouffre » entre d’un côté, les mutins adulés hier par les populations pour avoir hissé Alassane Ouattara le « Brave Tchè » au pouvoir et de l’autre, le Chef de l’Etat Alassane Ouattara et son gouvernement, les populations de Bouaké n’arrivent pas à faire un choix décisif. La voix de l’animateur officiel du Rdr, Diomandé alias Tassouman, est restée inaudible.
Annoncée comme rumeur et sans aucune stratégie de mobilisation, la marche des militants du Rdr de Bouaké, ( parti au pouvoir) à environ 400 Km d’Abidjan, Centre-Nord, de la Côte d’Ivoire, a été un véritable fiasco. C’est plusieurs groupuscules de jeunes que nous avons rencontrés çà et là dans la ville sans aucune visibilité et un circuit bien défini pour cette marche. Une situation qui va entrainer la riposte des mutins. Bilan provisoire, Ami Kéïta, Baro Vazoumana et Ouattara Vazoumana sont les premières victimes.
La désillusion, c’est que cette ville de Bouaké, hier bastion du Rdr avec à sa tête Fanny Ibrahima, Capitaine Touré et tous les anonymes qui ont fait de cette ville, une ville acquise à la cause du Président Alassane Ouattara a boudé la marche pour rappeler les mutins à l’ordre.
La population de Bouaké retient son souffle
Comme on le constate, les militants du Rdr sont tiraillés entre les revendications des mutins, leurs enfants qui réclament leur « prime de guerre » au Président Alassane Ouattara. Et après cette marche avortée, le constat est fait. Pour Touré Mori, les populations ne sont plus prêtes à mourir pour une cause politique : « Ce sont nos enfants qui revendiquent. Nous pensons que le Président devrait les écouter. En engageant la fermeté on ne sait ce que nous réserve demain. Il y a déjà des blessés parce que on ne sait plus qui tire sur qui » se demande-t-il. Karamoko Syla, lui indique que les tirs à l’arme légère ont crépité toute la nuit : « On a appris que Le Président a demandé aux gendarmes et policiers de désarmer les mutins. C’est donc des affrontements et ce ne sera pas facile », nous révèle-t-il. Une information que va confirmer Adjudant K. S. Rencontré dans un café au quartier Koko : « Oui le Chef suprême des armées a lancé la fermeté. Mais avec quoi les gendarmes et policiers vont-ils désarmer les mutins » ? se demande-t-il avant d’affirmer qu’ils n’ont ni armes, ni munitions depuis l’arrivée au pouvoir de Alassane Ouattara. Quand C. Seydou, Sergent-Chef de police ironise : « On n’envoie pas une chèvre en guerre contre un tigre. Si non, c’est un suicide ». Mais pour la population, la rumeur que les forces spéciales sont stationnées dans les environs de Djébonoua, une localité située à une dizaine de kilomètres à l’entrée Sud de Bouaké et la stratégie d’infiltration des mutins par des gendarmes et policiers, fait grand bruit et est prise au sérieux. Et c’est dans cette atmosphère que la population retient son souffle.
Fatime Souamée