Côte d’Ivoire/Le paysage politique ivoirien entre dans une nouvelle ère.
Par Alia Koffi Rodrigue*
Le rapprochement inédit entre la Coalition CAP Côte d’Ivoire conduite par le Pdci-Rda- et le PPA-CI du président Laurent Gbagbo marque un tournant majeur depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011.
Longtemps considéré comme improbable, ce Front Commun révèle une profonde recomposition des logiques de pouvoir et signe la naissance d’une opposition rassemblée, stratégique et résolue à reprendre en main l’avenir du pays par des voies républicaines.
Le Pdci-Rda, héritier du père fondateur, assume aujourd’hui la fonction historique de pivot de la reconstruction démocratique, en tendant la main à toutes les forces d’opposition : Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, Éric Kahé, Danielle Boni Claverie, Gervais Boga Sakho, et bien d’autres. Cette démarche n’est pas un simple calcul électoral ; elle procède d’une vision stratégique mûrie par l’exclusion, la répression et la soif de justice partagée par les Ivoiriens.
Ce n’est pas une addition de partis, mais plutôt une addition de blessures, de résilience et de patriotisme, une volonté de sauver la Côte d’Ivoire. Une logique de convergence est en marche : celle qui place la restauration de l’État de droit, la transparence électorale et l’alternance démocratique comme priorités nationales.
Dans ce nouveau cadre, le président Tidjane Thiam incarne un changement de paradigme : autorité morale, stature internationale, maitrise des enjeux globaux et enracinement ivoirien, il devient le visage d’une opposition crédible, pacifique et tournée vers l’avenir, capable de parler au peuple comme aux institutions internationales.
Cette nouvelle configuration bouleverse les calculs du régime en place et désoriente les puissances extérieures, notamment la France. Car le dilemme n’est plus ivoirien, il est géostratégique et partant, deux options se dessinent pour les partenaires internationaux :
- Soutenir le statu quo, c’est-à-dire un régime fondé sur un 4ᵉ mandat illégal, une exclusion politique flagrante et un verrouillage institutionnel. Ce serait faire le choix cynique de la realpolitik au risque d’un rejet durable des opinions africaines et d’un isolement de plus en plus prononcé de la France en Afrique francophone.
- Ou alors, accompagner l’ouverture démocratique, favoriser l’émergence d’une alternance transparente, inclusive et crédible, en s’inscrivant dans le nouveau monde multipolaire où la légitimité ne se décrète plus : elle se mérite.
Le PPA-CI, avec son ancrage populaire et son discours souverainiste, représente une force capable d’accélérer un basculement stratégique vers d’autres partenariats : Russie, Chine, Turquie… Ce que l’on croyait impossible devient plausible si les signaux restent ambigus.
La Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins.
Et cette fois, la communauté internationale est placée devant ses responsabilités, car soutenir l’exclusion le président du Pdci-Rda, Tidjane Thiam et candidat légitime, de l’ancien Président de la République Laurent Gbagbo, le Premier Ministre Soro Guillaume et le Ministre Charles Blé Goudé, c’est prendre le risque de fragiliser durablement la paix sous-régionale, de voir la Côte d’Ivoire glisser vers une rupture géopolitique aux conséquences incalculables. Dans cette perspective, le silence devient une faute, la neutralité, une complicité passive, les demi-mesures, un aveu d’impuissance.
Le Président Tidjane Thiam l’a bien compris. Par son calme, son recul et sa stratégie du long terme, il ne subit pas le jeu politique, il le redéfinit. Il en recompose les règles, donne à la société civile une espérance, aux partis une cause commune, et à la communauté internationale une responsabilité claire : légitimité ou chaos, démocratie ou verrouillage, inclusion ou disqualification historique.
Ce jeudi 19 juin 2025, dans le silence apparent, un nouveau chapitre a été ouvert. L’histoire est en train de s’écrire. À ceux qui savent lire entre les lignes, le message est limpide : le président du PDCI-RDA a activé le pion 14, cette manœuvre d’échecs que seuls les plus grands stratèges savent initier à temps. Et ce coup d’éclat n’est pas que politique : il est civilisationnel. La CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations Unies : chacun est convoqué à l’Histoire. Et comme le disait le sage : « les mêmes causes produisent les mêmes effets ».
Si l’on sacrifie à nouveau la démocratie ivoirienne sur l’autel d’intérêts à court terme, si l’on valide par inertie un quatrième mandat rejeté par le droit et par le peuple, alors il ne faudra pas s’étonner des secousses à venir et des conséquences dans la sous- région ouest africaine. Car une exclusion aussi brutale n’éteint pas une volonté populaire. Elle la décuple. Le président Thiam a ouvert le jeu, mais surtout, il a réveillé un peuple. Et ce peuple, à 80 %, a placé sa foi en DIEU, en ce 19 juin 2025 et il sait que le destin d’une nation ne se vole pas impunément.
Cadre militant du PDCI-RDA
Membre du Grand Conseil Régional
Secrétaire général de section