Côte d’Ivoire-Bilan de l’élection /Alassane Dramane Ouattara découvre la trahison des cadres de son parti, le RHDP
Le Président du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) Alassane Dramane Ouattara ne décolère pas contre les cadres de son parti. Avec l’échec du processus électoral de la présidentielle du 31 octobre 2020, le chef de l’État ivoirien sortant a compris que, depuis toujours, il a été trompé par plusieurs cadres de son parti qui le faisaient croire que les réalités du terrain étaient en leur faveur.
Avec 8% de taux de participation de l’électorat à la présidentielle 2020, Alassane Ouattara a fini par se convaincre que le boycott actif lancé par l’opposition ivoirienne a connu un réel succès et que lui et son pouvoir n’ont plus meilleure presse auprès des populations ivoiriennes.
Alassane Ouattara a réussi son « un coup KO » suite à sa simulacre d’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Mais à quel prix ? Du reniement de sa parole le 6 août 2020, symbole de la violation de la constitution ivoirienne, à la confirmation de son élection par le conseil constitutionnel le 9 novembre 2020, la Côte d’Ivoire vit dans une spirale de violences avec son corollaire de morts, de mutilés, de blessés et de dégâts matériels.
Le tout puissant Alassane Ouattara, l’homme de la communauté internationale pour qui le président Laurent Gbagbo et tout son entourage ont été bombardés par la France, est désormais réduit à sa simple personne. Alassane, c’est ce monsieur qui ne respecte pas sa parole, c’est celui qui viole la constitution de son pays, c’est celui qui massacre son peuple pour se maintenir au pouvoir. En si peu de temps, il est devenu le symbole de la dictature des temps modernes en Afrique de l’ouest.
L’image, la notoriété et la crédibilité d’Alassane Ouattara sont tombées au plus bas, à telle enseigne que celui qui s’en approche devient la risée du tout le monde. Emmanuel Macron et son ministre des affaires étrangères en savent quelque chose. En voulant crédibiliser la réélection ( ?) de son mentor, le camp Ouattara s’est senti obligé de trahir un secret de l’Elysée avec la fuite d’un courrier de félicitations du Président français. Emmanuel Macron et son gouvernement sont sous les feux de tirs groupés des Français et des Ivoiriens.
Mais, que s’est-il passé pour que l’ancien fonctionnaire du Fond Monétaire International (FMI) ait chuté de sa belle apogée à une si triste décadence ?
Le 5 mars 2020, du haut de la tribune du congrès ivoirien, devant députés et sénateurs, Alassane Ouattara annonce qu’il ne sera pas candidat pour l’élection présidentielle d’octobre 2020. Il s’en est suivi des réactions de félicitations de par le monde pour saluer cette décision d’un grand démocrate.
Mais Alassane Ouattara est-il vraiment ce démocrate qu’il prétend être ? Les religieux nous enseignent que « quand Dieu veut exposer aux yeux de tous ta vraie personnalité, il te soumet à la tentation ». C’est ce qui est arrivé au président Alassane Ouattara qui avait misé sur son compagnon de lutte Amadou Gon Coulibaly pour défendre les couleurs de son parti le RHDP à la présidentielle d’octobre 2020.
Malheureusement, le 8 juillet 2020, la grande faucheuse a emporté le premier ministre. Du coup Alassane Ouattara s’est vu soumis à la tentation de briguer un 3ème mandat. Chose qui serait synonyme de violation de la constitution ivoirienne en son article 55 qui limite le mandat présidentiel à deux. Allait-il succomber à cette tentation. C’est la question que tout le monde se posait jusqu’au 6 octobre 2020. Date à laquelle, au cours de son message à la nation à l’occasion de la fête de l’indépendance, Alassane Ouattara a décidé de toucher au fruit défendu.
« Les défis auxquels nous sommes confrontés pour le maintien de la paix, la sécurité nationale et sous régionale ainsi que la nécessité de juguler la crise sanitaire ; le risque que tous les acquis, après tant d’efforts et de sacrifices consentis par toute la population, soient compromis ; le risque que notre pays recule dans bien des domaines ; tout cela m’amène à reconsidérer ma position. Face à ce cas de force majeure et par devoir citoyen, j’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 ». Est-ce la bonne décision ? Quoiqu’il en soit, les évènements à travers le pays répondent à cette question.
Les violences électorales survenues dans plusieurs localités ivoiriennes depuis le 10 août dernier ont fait 85 morts, 484 blessés, 225 personnes interpellées, 176 inculpées et 45 placées sous mandat de dépôt, selon le bilan dressé hier mercredi à Abidjan par Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement ivoirien.
Du côté de l’opposition, le bilan est encore plus lourd. On parle de près de 200 morts. Dans un réveil de derrières minutes, Alassane Ouattara semble s’interroger sur les raisons de cette barbarie. L’homme se rend compte qu’il a été trahi par ses proches. En effet, en lui demandant de braver le peuple ivoirien en violant la constitution pour briguer un 3ème mandat, les lieutenants de l’ex-chef de l’Etat l’ont rassuré qu’ils maîtrisaient le terrain et que le peuple lui était favorable.
D’où le slogan du « un coup KO ». La suffisance avec laquelle les Adama Bictogo, Amédée Kouakou, Kandia Camara, Touré Mamadou et autres Sidi Touré ont minimisé l’opposition ivoirienne, a fini par convaincre le président Ouattara qu’il n’y avait rien en face et que le terrain était tout acquis au RHDP. Alassane Ouattara n’a donc pas hésité à casser sa tirelire pour donner les moyens ses cadres.
Combien de milliards de francs CFA ont-ils été décaissés pour permettre à ces ministres et cadres du parti au pouvoir de réussir la campagne. Surtout que devant Ouattara se présentaient des cadors de la politique ivoirienne comme Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Affi N’Guessan et autres Guillaume Soro. Mais à quoi ont servi tous ces moyens financiers, matériels, humains et logistiques dégagés par Alassane Ouattara. A rien ! Car, depuis la base, les voix se lèvent pour fustiger les cadres « coupeurs de route » pour qui la moisson a été fructueuse et qui ont profité de cette campagne pour renflouer encore leurs comptes bancaires.
Avec la réussite du boycott actif qui a abouti à un taux de participation de 8%, Ouattara a compris que ses lieutenants ne maîtrisaient rien sur le terrain et que son parti le RHDP ne représentait rien au sein de l’électorat. Aussi ces cadres lui garantissaient que l’élection allait se dérouler dans la paix et sans aucune violence. Malheureusement ce fut le contraire.
Les violences et les massacres ont fait perdre à la Côte d’Ivoire et à Alassane Ouattara leurs amis et le régime RHDP a été dénudé aux yeux du monde. Pire, Alassane Ouattara a découvert que tous les efforts consentis pour la formation de la jeunesse ont été détournés pour entretenir les microbes et les miliciens qui sèment la terreur à travers le pays.
Le jeudi 12 novembre 2020, s’est tenue une réunion de haut niveau du RHDP, présidée par Alassane Ouattara. Cette rencontre devait permettre d’analyser la situation sociopolitique et dégager une stratégie d’action pour améliorer l’image de sa formation politique, tant au plan national qu’international et contribuer à crédibiliser le processus électoral. Une autre réunion élargie aux militants de base s’est tenue le mardi 17 octobre 2020.
Au cours de ces deux rencontres, et selon des témoins, Alassane Ouattara s’est montré « très meurtri et affecté » par ces violences. Il a donc recadré les ministres et cadres de son parti devant leurs responsabilités et a évoqué des ratés dans la formation de la jeunesse, malgré tous les efforts entrepris depuis plusieurs années.
Les jours à venir s’annoncent très chauds au sein du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Trahi par ses ministres et cadres, Alassane Ouattara veut sévir. Pour le remaniement programmé dans les prochains jours, c’est à n’en point douter que des têtes de plusieurs ministres vont tomber.
Source : Agence de presse panafricaine du 19 novembre 2020 avec E.Y (Côte d’Ivoire)