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Coopération/Pourquoi la France en veut-elle au Burkina Faso, au Mali et au Niger ?

Par Kédjébo Kpandji*

Les relations entre la France et les pays du Sahel, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont évolué ces dernières années vers une dynamique conflictuelle. Plusieurs facteurs historiques, politiques, économiques et sécuritaires expliquent cette tension croissante. Voici les principales raisons de cette animosité apparente.

 La France a une longue histoire coloniale en Afrique de l’Ouest, ayant colonisé le Mali, le Burkina Faso et le Niger au 19ème siècle. Bien que ces pays aient obtenu leur indépendance dans les années 1960, les relations post-coloniales continuent d’influencer leurs interactions. De nombreux citoyens de ces pays ressentent un héritage colonial qui se manifeste par une présence française perçue comme intrusive, alimentant des sentiments anti-français.

Depuis 2013, la France a intensifié son engagement militaire dans le Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane, visant à lutter contre le terrorisme et les groupes djihadistes. Bien que cette opération ait été initialement bien accueillie, elle a progressivement été contestée par les populations locales, qui reprochent à l’armée française de ne pas avoir réussi à rétablir la sécurité. Les attaques continuent de croître, et la frustration a conduit à une remise en question de l’efficacité de l’intervention française.

Les gouvernements de ces trois pays sont souvent confrontés à des critiques internes concernant les relations avec l’ex puissance coloniale. Le sentiment nationaliste se renforce, et de nombreux leaders politiques exploitent les frustrations populaires contre la présence militaire française pour consolider leur pouvoir. Des manifestations anti-françaises ont éclaté, signalant un souhait croissant de souveraineté et de rejet des influences extérieures.

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Traditionnellement, la France a été un partenaire important pour ces pays en matière d’économie et de sécurité. Cependant, la montée en puissance de nouvelles alliances, a changé la donne. Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont cherché des alternatives à la présence française, se tournant vers des pays comme la Russie pour plusieurs accords, ce qui est perçu par Paris comme une remise en question de son influence dans la région.

La crise sécuritaire au Sahel a fini par engendrer des déplacements massifs de populations. Les gouvernements de ces pays eux-mêmes ont parfois imputé à la France une part de responsabilité face aux défis humanitaires et sécuritaires, renforçant les discours anti-français.

Un autre sujet de discorde réside dans la question des ressources naturelles, car la France est accusée d’exploiter les richesses minérales de ces pays sans bénéficier à la population locale. Les mouvements anti-français soulignent la nécessité d’une meilleure répartition des ressources, et certains dirigeants utilisent ce sujet pour galvaniser le soutien populaire contre une présence française jugée néocoloniale.

En un comme en mille les relations entre la France et le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont complexes et marquées par des sentiments historiques, des défis contemporains et des aspirations souveraines. Tout en cherchant à maintenir son influence dans la région, elle doit faire face à une dynamique qui remet en question ses approches traditionnelles. Le dialogue et une redéfinition des relations basés sur le respect mutuel et la coopération doivent être envisagés pour apaiser les tensions et construire un avenir plus stable.

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*Membre de la société civile