Affaire condamnation de certains cadres du PPA-CI : Le procureur de la République met en garde contre toute tentative de déstabilisation
Après le verdict du tribunal de première instance d’Abidjan condamnant les cadres du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), notamment Damana Adia Pikass et Koua Justin, à 10 ans de prison, le procureur de la République, Koné Braman, a animé une conférence de presse. Il a tenu à éclairer l’opinion nationale sur les faits reprochés aux inculpés et a appelé les acteurs politiques à préserver un climat de paix.
Au cours de cette conférence, le procureur a rappelé les faits ayant conduit à cette condamnation. Selon lui, dans la nuit du 20 au 21 avril 2021, le 2ᵉ Bataillon de projectiles d’Abobo a été attaqué par plusieurs assaillants armés de fusils de type Kalachnikov. Les sentinelles, aidées par des renforts, ont riposté et réussi à mettre les assaillants en déroute. Trois d’entre eux, de nationalité libérienne, ont été blessés, tandis qu’un autre, Nyepa Mari Valentin, un Ivoirien, a succombé à ses blessures à l’hôpital militaire d’Abidjan.
Sur les lieux du crime, plusieurs armes et objets ont été découverts, notamment un fusil de type Kalachnikov, deux chargeurs contenant 28 munitions, un passeport libérien, des documents d’identité libériens, un permis de conduire libérien, la somme de 106 000 F CFA, ainsi qu’un contrat de combat de trois ans en Côte d’Ivoire d’un montant de 500 000 dollars (US). Trois machettes neuves ont également été retrouvées.
L’enquête menée à la suite de cette attaque a abouti à l’interpellation de 33 personnes. À l’issue des investigations et des procédures judiciaires, Egny Jean Claude, Madou Zadi Guillaume, Tahi Tapé Carlos, Lagui Ikpo et Damana Adia Pikass ont été déférés devant le tribunal criminel pour atteinte à la défense nationale, complot contre l’autorité de l’État, participation à une activité mercenaire, association de malfaiteurs et détention d’armes et de munitions de guerre de première catégorie.
Le procureur a souligné que l’enquête a mis en lumière un projet de déstabilisation impliquant la complicité de certains hommes politiques, civils et militaires répartis sur l’ensemble du territoire national. Après l’échec de la désobéissance civile, ces individus auraient recruté des mercenaires libériens pour attaquer simultanément plusieurs camps militaires à Abidjan et dans les villes de Gagnoa, Daloa, San-Pédro, Abengourou, Yamoussoukro et Dabou.
Toutefois, le PPA-CI estime qu’il s’agit d’un procès politique visant à écarter des proches de l’ex-président Laurent Gbagbo, candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain.
En réponse, le procureur a affirmé que Damana Adia Pikass n’a pas été poursuivi en sa qualité d’homme politique, mais en raison de faits graves et d’éléments de preuve accablants. « Nous n’avons pas poursuivi Damana Adia Pikass en tant qu’homme politique », a-t-il déclaré.
Il a également précisé que cette condamnation vise à mettre en garde les acteurs politiques contre tout acte susceptible de troubler l’ordre public en cette période électorale. « Il s’agit d’envoyer un signal fort à ceux qui envisagent de mener des actions subversives. Les appels à la violence de certains acteurs politiques sont suivis de près. Le parquet est prêt à apporter une riposte judiciaire appropriée contre toute tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, quel que soit le statut des auteurs », a-t-il averti.