La Chronique du VP du PDCI-RDA Kobenan Tah Thomas/ Le sacrifice des acquis électoraux sur l’autel du perfectionnement de la démocratie interne ; un dilemme pour le Pdci-Rda.
La Chronique ‘’Les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 43 du mercredi 07 Septembre 2022 du vice-président du PDCI-RDA Kobenan Tah Thomas.
Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.
« Seuls les imbéciles ne changent pas » ; voilà la phrase fétiche par laquelle Félix Houphouët Boigny, notre emblématique président du Pdci-Rda, qualifiait les individus qui se condamnent à répéter mécaniquement les mêmes erreurs sur les mêmes sujets à des occasions diverses. En politique, être un nain dans la vision (faire la différence avec les nains hypophysaires du président Bédié), consiste à garder les mêmes modes de désignation des responsables de l’animation du Parti, et surtout, les candidats aux différentes joutes électorales, tant au niveau local que pour les mandats de représentations nationales.
L’idée et la nécessité de modernité dans la gouvernance du Pdci-Rda ont été traduites dans une multitude d’actions et d’actes concrets dans la restructuration du Parti entamée depuis plus d’un an. D’entre ces actes, la décision de recueillir les manifestations d’intention de candidature des cadres militantes et militants du Parti a été prise par le président Henri Konan Bédié.
La manœuvre vise à démocratiser davantage les débats, les concessions, les joutes primaires avant de valider le commando qui va servir de figure de proue dans la bataille d’octobre 2023 avant l’épopée de notre retour aux affaires en octobre 2025. Elle a consisté pour chaque potentiel candidat à soumettre au Comité de gestion des élections un dossier qui fait la preuve de sa postulation dans la circonscription électorale visée. Et par la suite, les Commissions de sélection chargées ont été installées en vue de l’analyse des candidatures, des sessions de conciliation et à défaut, de l’organisation des primaires.
C’est une démarche de perfectionnement de notre démocratie interne. Elle marque une rupture avec les habitudes antérieures où les candidats étaient désignés sur une courte période, presqu’au pas de course à la dernière minute avec le risque pour le Parti de n’avoir pas pu engager un processus de conciliation entre les cadres qui visaient l’investiture du Parti. Cela a occasionné des pertes dans nos rangs dans nos régions et localités.
En revanche, la pratique actuelle consiste à ouvrir certes le débat, en cherchant à conserver les forces du Parti et en favorisant la consolidation des acquis du parti dans les circonscriptions où le Parti détient une avance sur les adversaires politiques.
Si la pratique donne l’avantage de mieux préparer nos combattants et permet aux candidats d’assurer une bonne occupation politique du terrain sur une période de plus de 12 mois, elle n’est pas en revanche sans risques. Douze bons mois d’adversité pratique et frontale avec les pontes du régime, ce n’est pas un cadeau ! Mais il faudra tenir et résister aux chants de sirènes de tous ordres qui viendront perturber la lucidité militante des personnes qui auront bénéficié de l’investiture du Pdci-Rda. Ce sont-là quelques-uns des risques externes.
Par ailleurs, au-delà de ces risques et menaces externes, la gestion des adversités entre les élus sortants et les ambitions nouvelles constitue une équation complexe. De nombreuses circonscriptions qui sont acquises enregistrent des adversités internes telles qu’elles pourraient occasionner la perte du siège. Non pas du fait de la faiblesse des élus sortants mais du fait du fameux « émiettement des voix » de nos militants qui fait toujours et toujours le lit de la victoire d’un tocard. Le temps est plus à la conquête de nouveaux espaces stratégiques et non au remplacement coûte que coûte des élus sortants. L’argument massue que développent certains cadres est l’impopularité de certains élus sortants ; ce qui supposerait d’emblée la popularité et la maîtrise du terrain de ceux qui contestent. Paradoxalement, ils ne se sont jamais décidés à mettre leurs atouts au service de la victoire du Parti. Il faut travailler à la victoire du Parti au-delà de celle des individus.
Démocratie interne, restructuration, changement de paradigmes, rajeunissement (d’aucuns ajouteront générationnel), d’accord ! Mais faut-il sacrifier les acquis électoraux du Parti sur l’autel du perfectionnement de notre démocratie interne ? Telle est la question centrale dont devront tenir compte tous les responsables qui seront appelés à travailler aux sessions d’analyse et de choix des candidats.
Merci et à la semaine prochaine.