Covid-19/Une spécialiste de l’OMS prévient que le virus est avec nous pour toujours

La responsable des situations d’urgence à l’OMS-Europe, Catherine Smallwood s’est  expliquée et fait le point sur le mode de contamination qui est en hausse, le vaccin… et sur l’évolution du Covid-19, «un ennemi redoutable». Elle qualifie cette pandémie de «du  jamais vu depuis la grippe de 1918 ».  

Comment expliquer l’accélération soudaine de l’épidémie en Europe ?

Pendant l’été, la situation sanitaire étant relativement calme, les pays ont autorisé à nouveau les voyages, l’économie a repris, les cinémas, restaurants ont rouvert. Les gestes barrière se sont relâchés. Les plus jeunes ont recommencé à faire circuler le virus. A la rentrée, il y a eu une accélération des contaminations et on a eu de plus en plus de mal à tracer les nouveaux cas. Le retour du froid n’a pas aidé, les populations ont passé plus de temps à l’intérieur où le virus se transmet plus facilement.

Au niveau individuel, il y a eu un ras-le-bol qui se poursuit. On veut retrouver notre vie d’avant. Malheureusement, ce n’est pas notre lassitude qui fera partir l’épidémie. Il va falloir du temps pour cela. En attendant, il faut s’inventer un « nouveau normal », qui nous permet à la fois de vivre et de garder la main sur le virus. Il est un ennemi redoutable.

L’Europe est-elle redevenue l’épicentre de l’épidémie ?

Oui ! Même s’il est difficile de trancher entre elle et les Amériques, son accélération très rapide fait que tous les yeux sont tournés vers l’Europe, et particulièrement vers l’Ouest. Le contexte y est particulier : la population est concentrée, les mouvements de population assez importants à l’intérieur et à l’extérieur des pays, et le vieillissement démographique fait qu’il y a plus d’habitants à risque.

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Quels sont les pays qui sont les plus exposés  et ceux qui vous inquiètent au niveau du continent ?

Il n’y a pas de bons ou de mauvais élèves pour l’instant. Une fois la pandémie terminée, on pourra dire quels sont les Etats qui ont mené les bonnes actions, au bon moment. Ce qui se passe aujourd’hui dans un pays ne prédit pas ce qui s’y produira demain. La Chine ou la Thaïlande, qui ont eu des pics très hauts, contrôlent désormais le virus. Les Balkans, eux, ont connu des pics pendant l’été. Nous, à l’OMS-Europe, on était très focalisé sur ces pays-là pendant qu’en Europe de l’Ouest, personne ne les regardait. En France, le pic est maintenant. Il faut donc des mesures immédiates pour limiter son impact.

Au niveau du continent, c’est tous les pays! Partout ou presque, le nombre de cas et de décès augmente, y compris en Asie centrale ou dans les Balkans. Cela ne dépend en rien de la richesse du pays : tous les systèmes sont vulnérables face au virus. De l’Italie à l’Espagne, déjà très touchés en février-mars, à la Belgique ou la République tchèque, on voit une résurgence des passages aux urgences et des hospitalisations. Ces chiffres augmentent très, très, rapidement. Résultat, on arrête des soins non-Covid. On va demander à des gens qui ont des cancers d’attendre.

Quelles stratégies pourraient-elles  nous inspirer ?

Dès le début, la Finlande a mis en place des mesures décisives et rapides concernant le contact-tracing. La population a été très coopérative et l’impact sur l’épidémie, immédiat. Ça, c’est vraiment la leçon à tirer ! On doit être en avance sur le virus et ne pas se laisser dépasser.

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Que pensez-vous de la Slovaquie qui dépiste toute sa population ?

C’est une approche… La Slovaquie est un pays assez petit, elle a donc la capacité de le faire massivement. Mais ce n’est pas la stratégie globale retenue par l’OMS. On recommande aux pays de tester chaque cas suspect pour identifier les patients infectés.

Combien de temps va-t-on vivre avec cette pandémie?

Cela ne se compte pas en semaines ni en mois mais plutôt en années! Là encore, ça dépendra du vaccin, s’il est efficace et pour combien de temps. Jusqu’à son arrivée, les vagues continueront de se succéder. Il faut réussir à les rendre plates afin de garder le contrôle de la situation, et ne plus subir les hauts et les bas que l’on connaît. Le seul moyen d’y parvenir, c’est de trouver tous les cas de Covid. Une chose est sûre, le virus est avec nous pour toujours. Ce qu’il reste à savoir est quel sera son impact sur notre santé et notre société à long terme.

 Source : leparisien.fr