Edito / le phénomène chinois, cette menace qui guette la Côte d’Ivoire.

Par Léon SAKI

Ils sont nombreux sur la toile, les personnes qui laissent entendre qu’en Afrique, la Tombe est sacrée. Profaner une tombe, c’est s’attirer toute la colère des mânes. Une colère qui se manifeste plus souvent par une calamité sur ses auteurs. Elle peut se solder par la mort ou par toutes sortes de malheurs.

Et oui, je me rends à l’évidence que c’est toujours à la faveur d’une crise sociale que l’on réalise de la déchéance morale de la nouvelle génération, qui tout de suite est indexée, vilipendée et reniée. Mais que sait-elle (la nouvelle génération) de vos valeurs morales ? A-t-elle été éduquée sur ces mœurs?

Depuis bien longtemps, le développement humain basé sur l’enseignement des valeurs cardinales et suprêmes est rangé au second rang devant le développement infrastructurel, technique et scientifique; l’on préférant répandre l’éloge d’une Côte d’Ivoire économiquement croissante et émergente. Les progrès du pays sont évalués en termes d’infrastructures, pendant ce temps, on ne sait absolument rien sur le niveau moral, psychologique et psychique des populations, et surtout de la jeunesse, supposée être l’avenir du pays.

La valeur morale n’est pas une chose innée mais plutôt culturelle. Elle s’enseigne depuis la cellule familiale jusqu’au plus haut niveau à travers l’éducation nationale et la sensibilisation. Quand elle est ratée au palier familial, elle est rattrapée au niveau de l’enseignement. Si l’éducation nationale n’a pu rien faire parce que l’enfant est très vite déscolarisé, alors, la valeur morale est rattrapée au palier de la sensibilisation et de la répression.

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Le respect des valeurs morales dépend, dès lors, de l’autorité parentale, politique et administrative. La profanation de la tombe du Daïshikan fait surgir le niveau de responsabilité des trois entités, sur qui doivent être pointés, en vérité et en vérité, les doigts accusateurs. Plus en arrière, nous apprenions les contes et légendes africains et parfois Gaulois qui se terminaient par des leçons de moralité. Mais le souci de tout moderniser par un mimétisme culturel exécrable nous a menés droit vers une « Aventure Ambiguë » telle que décrite par Cheick Anta Diop. Le penseur sénégalais interpellait très tôt les politiques et la conscience collective sur les choix à opérer dans la gestion de nos Etats nouvellement indépendants, de nos sociétés face à l’occidentalisme, pour éviter que l’Afrique ne plonge dans une Aventure Ambiguë à travers une société sans repère, sans boussole et mal-éduquée.

Aujourd’hui, plus de 50 années après que la responsabilité de nous gérer nous-mêmes nous est restituée, l’ambiance qui prévaut en Afrique, est une ambiance générale de pessimisme, d’échec et d’impasse.

Le modèle européen, hérité de la colonisation, basé sur le bouleversement radical de nos valeurs n’a pas apporté toute l’espérance attendue. Résultat : le pays est à la croisée des chemins au plan culturel et moral.

La chinoiserie constatée et qui risque de se répandre au sein de nos écoles et de toute la jeunesse dans les mois à venir est sortie des entrailles de l’échec des politiques sociales et culturelles de notre pays ; cette Côte d’Ivoire, en bute à toutes les contradictions qui l’ont déchirée et n’a pas été capable de les surmonter pour intégrer à la fois les valeurs modernes et traditionnelles.

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La Chine, au-delà de la passion musicale partagée, est l’état d’une jeunesse abusée et désabusée qui force un destin incertain. C’est l’état d’esprit de jeunes gens dont la jeunesse a été entièrement consumée dans le feu des crises politico-militaires persistantes; qui se sont construits leur propre boussole et ruminent une forte révolte intérieure contre l’autorité.

C’est une jeunesse prête à l’extrême contre n’importe quel pouvoir pour se faire respecter et entendre. La chine, c’est l’état d’âme d’un jeune homme incompris appelé Arafat qui s’est battu seul contre tous et contre un système corrompu et dégoûté par l’anticonformisme.

Cette jeunesse-là, loin de toutes les apparences qui laissent entendre qu’elle est manipulable, est en réalité loin de l’être. C’est pourquoi toute l’orchestration autour de son MENTOR (médaille, honneurs, disque de platine…), n’a pu impacter ses pulsions, et elle a cassé. Elle est allée jusqu’à s’attaquer à la dépouille de son MENTOR. C’est une jeunesse sans limite qui vit ses propres rêves, ses propres passions. Voilà l’héritage laissé par le Yôrôbô National !!!